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Chroniques
La « racaille » de l'opposition
29/08/2016 | 15:59
7 min

 

A l’actualité cette semaine, le discours tant attendu de Youssef Chahed pour présenter son nouveau gouvernement et son plan d’action.

Un des plus jeunes chefs de l’exécutif de l’Histoire de la Tunisie, Youssef Chahed est ce que l’on peut appeler une pure émanation de la révolution. Dans sa chronique hebdomadaire, Sofiene Ben Hamida a utilisé le mot pour désigner la pire émanation politique de cette révolution, Slim Riahi en l’occurrence, Youssef Chahed pourrait en être la meilleure, si son discours est suivi de concrétisation sur le terrain.

 

Le discours du vendredi 26 août 2016 du chef du gouvernement est à la fois rassurant et inquiétant.

Sur la forme d’abord, M. Chahed interpelle son auditeur en évitant l’arabe littéraire hypocrite et inaccessible, lui préférant le dialecte tunisien accrocheur. Un gouvernant se doit de parler à son peuple avec son langage naturel et natal et non avec une langue enseignée à l’école, soit-elle officielle. M. Chahed a surtout évité de lire un discours tout prêt, se suffisant de pense-bêtes, ce qui donne une intonation sincère au contenu et reflète l’image d’une personne maitrisant totalement son sujet. Sur le strict plan de la com, Youssef Chahed s’en tire très bien, dans la lignée même de son prédécesseur Mehdi Jomâa, et ce n’est nullement un hasard, puisqu’ils ont le même dircom.

 

Sur le fond, Youssef Chahed rassure puisqu’il a su donner un juste diagnostic de l’état des lieux. La situation est « merdique » (excusez le mot, mais il est le meilleur pour refléter l’état dans lequel est le pays) et il faut bien que le chef du gouvernement le dise franchement, sans langue de bois. Le peuple saura ensuite à quoi s’en tenir, il ne pourra pas dire « je ne savais pas, on nous a menti !». Paradoxalement, oxymore, l’inquiétant est dans cette clarté qui rassure. Le véritable diagnostic établi vendredi par Youssef Chahed exige des efforts titanesques de tous.

Les priorités sont le terrorisme, la lutte contre la corruption, la justice, le développement et la croissance, le développement régional, la réforme fiscale, la propreté, les médias. En bref, une nouvelle charte avec les gouvernés, sans lesquels rien ne peut se faire. « Notre capital, c’est notre peuple, notre jeunesse, nos ressources humaines, j’ai confiance totale en ce que tous les Tunisiens se sacrifient, la Tunisie a besoin de ses enfants, nous devons tous mettre la main dans la main et nous lever pour la Tunisie !», a clôturé le chef du gouvernement, sous les applaudissements des députés et de ses ministres.

 

Théoriquement, le contenu du discours devrait interpeller et sensibiliser tout observateur politique mature, sensé et sérieux. Il n’est pas demandé à ce que l’on adhère ou que l’on adopte ce discours, mais que l’on soit au moins attentif au factuel de ce que dit le chef du gouvernement. On en est loin.

Sur les réseaux sociaux, les cigales ont tourné en dérision le « il faut qu’on se lève pour la Tunisie ». La Tunisie est le pays où il y a la plus forte densité d’analystes politiques sous les parasols ou sur les gradins.

A l’assemblée, où l’on devrait vraiment trouver des politiques sensés, au moins raisonnables, on en est loin également.

Du côté de la coalition au pouvoir, ce sont des applaudissements nourris pour le discours, mais point de propositions concrètes pour passer à l’action. On est plutôt préoccupés par les postes à pourvoir et les lobbys à satisfaire…   

 

Du côté de l’opposition, c’est la désolation. On en est encore dans le populisme primaire et dans le spectaculaire. Deux partis symbolisent ladite opposition, Irada et Attayar, dérivés tous les deux du CPR de Moncef Marzouki.

Le chef d’Irada, Imed Daïmi, est en villégiature au Canada. Le député du peuple n’a pas cru bon devoir assister au principal événement politique de l’été, voire de l’année. Il a été remplacé par Mabrouk Hrizi qui n’a pas raté, encore une fois, l’occasion de faire le clown en déchirant le document de l’Accord de Carthage.

L’autre figure symbolisant l’opposition est Samia Abbou qui s’est distinguée, comme d’habitude aussi, par son populisme, son impolitesse et l’arrogance de son propos.

Dans son quotidien pourtant, loin des caméras, Mme Abbou est réputée être une femme cordiale, de bonne compagnie, respectueuse et bien polie.

 

Prenant la parole, vendredi, Samia Abbou a qualifié une partie des nouveaux ministres du gouvernement d’union nationale de « racaille et saleté du RCD». C’est ce que cette dame a trouvé à redire en commentant le discours alarmiste de Youssef Chahed.  Le monsieur appelle à l’unification pour affronter les montagnes de difficultés, la dame lui répond par le discours maladif de division. Cinq ans qu’elle sert, avec les siens, ce discours revanchard, et elle ne se rend toujours pas compte que ce n’est pas ainsi que le pays pourrait évoluer.

Le peuple a bien fait part de son choix lors des élections de 2014, mais elle le taxe de bêtise et le qualifié de  « pauvre manipulé ». On lui dit que Nidaa et BCE ont gagné, elle répond, avec les siens, que les élections ont été traficotées, alors que le candidat qu’elle soutenait et un des partis de son camp ont figuré à la tête des fraudeurs, lors de ces élections. Les médias qui les épinglent sont systématiquement taxés de corrompus, de serviteurs de l’ancien régime ou de lobbys bien déterminés. Un de ses valets s’est même spécialisé dans l’insulte régulière des médias et des journalistes dont les opinions sont contraires à la sienne. On ne touche plus les journalistes et hommes politiques, au pouvoir ou qualifiés de proches du pouvoir, on atteint carrément leurs familles, leur réputation et leur honneur. On se rappelle encore comment ce valet a accusé la vice-présidente de l’ARP d’avoir placé son fils à la BCT et d’avoir enjoint son accusation par un recours officiel auprès de l’instance de lutte contre la corruption. L’affaire était une invention et, en dépit des démentis officiels, le monsieur n’a jamais fait de désaveu et encore moins d’excuses.

On se rappelle aussi la campagne, sur commande, faite autour de Tunisie Telecom et son PDG lors de l’achat de Go Malta ou encore la campagne de « winou el pétrole », alors qu’on sait pertinemment quelles sont nos réserves et nos capacités et quelles sont les conditions de l’exploration et d’exploitation pétrolières.  

 

En bref, pour cette opposition, l’intelligence de tout le peuple est remise en question à l’exception de la sienne, bien entendu. La probité de tous les partis et de tous les médias est remise en question, à l’exception de la sienne, bien entendu.

 Dans toute vie démocratique, pour un pays qui se respecte, l’opposition devrait être suffisamment imposante pour contrebalancer toute tentative hégémonique du pouvoir en place. Quelle que soit sa couleur, elle se doit d’être proche, en termes de poids électoral, du parti vainqueur. Cette opposition devrait être relayée par les médias de telle sorte que ses opinions soient audibles et convaincantes pour un large pan du peuple. Par large pan, j’entends un pan proche de 50%, de quoi garantir des élections à suspense où le vainqueur ne peut pas être deviné à l’avance.

Or, quand on voit le comportement de M. Hrizi ou de Mme Abbou ce vendredi, il y a de quoi s’inquiéter pour l’opposition d’abord et pour la démocratie ensuite. On ne saurait faire de la politique en usant de l’insulte, du mensonge, de la grossièreté et de l’impolitesse. En usant de ces méthodes populistes grossières, on peut plaire à certains, mais jamais au peuple. Quand bien même on plairait à un pan du peuple, cela ne saurait jamais s’inscrire dans la durée. Les propositions de loi superficielles et légères, que cette opposition présente comme constructives, peuvent convaincre les crédules et les candides, mais jamais la masse et encore moins la majorité des députés.

 

Si l’opposition s’oppose pour s’opposer, comme sous Ben Ali, c’est la porte ouverte au retour de la pensée unique et du parti unique. Pour le moment, il n’y a que le Front populaire qui tente, tant bien que mal, d’opérer une mue.

Cantonnée dans ses idées fixes, satisfaite par son statut autoproclamé de victime des lobbys et réconfortée par ses quelques centaines de fans et adhérents (qui lui font plus de like sur Facebook que de véritables relais sur le terrain), ce qui reste de l’opposition refuse de se remettre en question et de retenir la leçon de sa débâcle électorale. Elle refuse de comprendre la véritable raison du boycott des médias où elle n’est citée que pour être moquée.

Pourtant, pourtant et pourtant, cette opposition est nécessaire et indispensable à notre vie démocratique. D’elle et à l’exception du FP, on ne voit que de la… racaille. Dixit Mme Abbou !

 

29/08/2016 | 15:59
7 min
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Commentaires (55)

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Mohamed Obey
| 31-08-2016 13:26
Mais vraiment, je n'ai cherché à dialoguer avec des bêtes comme vous qui sentez la misère de l'esprit humain. Il paraît que face à mon mon argument devant lequel votre conscience ne se sent pas tranquille_ car elle n'y aucun prétexte à l'insulte_ vous vous déconcertez et perdez contrôle et commencez à insulter. Votre genre d'énergumène ne m'étonne pas. Au diable, je n'ai aucun temps à perdre avec des malades mentaux. Vous fourrez les gens de Kasseine dans une interaction virtuelle n'est que l'illustration de la bêtise vraie cette fois-ci. Allez vous faire diagnostiquer, ce sera mieux pour introduire des corrections dans vos neurones. Vous entendrez mieux si vous osez revenir espèce d'inculte ! Je vois maintenant la source de votre souffrance: la pensée libre menace la fausse quiétude dans laquelle votre masse cérébrale se détend et rêve de l'éternité. Vous êtes une des raisons qui font que je m'attache aux idées libérales qui feront de vos clones des caricatures à amuser la galerie. Bye

nazou
| 31-08-2016 12:26
Ce sera ma dernière réponse à votre grande bêtise !!! Oui pardon mais vous me faites bondir !!!!

Allez dire aux gens de gasserrine, qu'ils ont juste le même droit de vie qu'un chien qu'un lapin ou qu'un âne !!!!
Juste Parce-qu'ils ne remettent pas la parole divine en doutes !!!!
Faudra les excuser de ne pas avoir le temps de philosopher !!!
Probablement qu'ils sont trop occupé à SURVIVRE !!!

Relisez vous bordel !!!
Vous n'êtes que mépris pour ceux qui ne partagent pas votre conception du monde !!!

Mansour Lahyani
| 31-08-2016 11:42
Vérifiez vous-même !!! Vous avez pris l'initiative d'ajouter à mon post Mansour Lahyani| 30-08-2016 12:46 un « merci » qui n'avait rien à y faire, et dont j'étais déjà certain de l'abusive importunité !!! Bornez-vous désormais à censurer si ça vous chante, svp, sans prendre d'initiative intempestive ! Merci.

Mohamed Obey
| 31-08-2016 11:37
Oui j'ai toujours besoin d'être dans l'école. Je le reconnais. rien ne m'amuse plus! Je ne perds point mes nerfs. Il n'est pas de mon habitude d'insulter les autres. je en sais pas sur quelle base vous établissez cette certitude que j'éprouve du mépris envers les autres. Seulement, quand des insultes injustifiées me sont adressées, je rétorque bien qu'à contre-c'ur! Mon habitude est plutôt de nourrir l'amitié et la convivialité. LA gauche, en quoi vous embête-t-elle? Je suis, j'avoue pour l'esprit critique et l'utilisation à bon escient de la boîte qui se trouve bien au centre à égales distances des deux épaules. Oui, je penche à gauche mais pas aveuglément comme vous avez l'habitude de voir. Je ne suis l'esclave d'aucune doctrine. Donc, sans rancune!Car personne ne peut prétendre posséder la vérité absolue! La Police que vous désignez par la désobligeante appellation 'flicaille' contient beaucoup d'injustice (je ne suis pas policier, pourtant). Salut!

nazou
| 31-08-2016 09:52
Apparemment nous sommes deux à avoir besoin de retourner à l'école !

Allez monsieur mohamed obey, je vous laisse, vous perdez vos nerfs !
Malheureusement vous ne perdrez jamais votre mépris envers les autres !!
C'est d'ailleurs a ça que l'on reconnaît les gauchistes !!!

Mohamed Obey
| 30-08-2016 23:43
Je comprends beaucoup plus que vous ne puissiez comprendre que, philosophiquement parlant, le vide ne voit que le vide et ne se nourrit que de la philosophie du Néant. je ne peux qu'être sûre et d'une seule chose: c'est que je n'ai pas besoin qu'une 'flicaille' qui m'offre un soutien et ne crains point que des nazou ne me le soustraient. je ne savais pas que des ignares puissent aussi philosopher. Retournez à l'école et relirez vos bouquins philosophiques; ainsi seulement vous agagnerez en raffinement!

Mohamed Obey
| 30-08-2016 21:36
Je sais, non par mon sixième sens, mais par observation des faits depuis la diffusion par les dieux d'un mythe selon lequel il y a eu un certain 'Printemps arabe', que rien de bon ne pourrait être auguré! La bête agonisante et les vautours tournoyant au dessus est un script très approprié. C'est comme quelqu'un qui, un jour, décida de mettre fin à sa vie en se jetant entre les bras du vide à partir du 30è étage d'un gratte-ciel New-Yorkais. Le long de sa vol vers le bas, il répétait 'jusqu'ici ça va, jusqu'ici ça va...' et puis rien ne se fit entendre. Dans notre cas, jusqu'ici ça ne va pas, ça ne va pas du tout, et ça ne va plus. LA question classique est 'Que faire maintenant que nous sommes dans le bourbier culturel ou les 'héros' du verbe sont des troupes d'histrions confortablement assis dans l'inébranlable certitude que rien ne changera que si Dieu le voudra...Amicalement.

nazou
| 30-08-2016 21:04
Vous n'avez pas compris, que le courant d'air, philosophiquement parlant,
Signifie LE VIDE !!!

Mais monsieur, rassurez vous, la flicaille nationaliste tunisienne vous apporte tout son soutien !!!
Vous le valez bien !!!

Mohamed Obey
| 30-08-2016 20:40
Si ma tête ne rapporterait rien lors d'une possible mise en vente, la vôtre dans une situation pareille, ferait que vous seriez l'objet d'une poursuite pour 'Pollution de l'existence'. La tête qui est la mienne et que je possède et assume est traversée par des courants d'air_donc aérée_, la vôtre sens le renfermé. Attendez une minute, laissez-moi boucher mes narines!

Citoyen_H
| 30-08-2016 19:55

Sans aucun doute.
Hormis la roublardise, la mauvaise foi, la fainéantise chronique, l'arnaque, les "après moi, le déluge", l'amour infini du tout cuit & etc..., le nuage neuro-toxique qui a enveloppé le pays avec l'avènement de la dream team des affamés traitres de la trika, a totalement inhibé le bon sens et le patriotisme dans tous les sens du terme.

Une catastrophe sans précédent plane sur la nation, tels un vautour faisant des ronds dans le ciel au dessus d'une bête agonisante.
Les dés sont jetés.
Salutations.