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Chroniques
Kaïs Saïed ou le délabrement de la classe politique
Par Marouen Achouri
27/03/2019 | 15:59
3 min
Kaïs Saïed ou le délabrement de la classe politique

 

L’oracle a parlé, Kaïs Saïed se place deuxième dans une éventuelle course à la présidentielle derrière Youssef Chahed. Un résultat qui en a surpris plusieurs surtout que l’homme se fait rare dans les médias, n’est soutenu par aucun parti et n’a aucun passé politique.

D’après Hassen Zargouni, ce résultat s’explique par le fait que Kaïs Saïed a réussi à incarner une certaine droiture, une rigueur adossée à une apparente érudition juridique. En tant qu’expert en droit constitutionnel, il avait écumé les plateaux il y a des années donnant ses interprétations et ses analyses à propos du processus d’élaboration de la constitution. C’est comme ça qu’il est sorti de l’anonymat et s’est fait connaitre auprès de l’opinion publique.

 

Au-delà de tout projet politique sérieux, Kaïs Saïed profite d’un préjugé qui lui est favorable puisqu’il incarne, pour certains, toutes les qualités qu’ils ne trouvent pas dans l’offre politique actuelle. La rigueur, l’apparente maitrise des sujets, la « propreté », sont autant d’arguments à l’actif de Kaïs Saïed. Mais le fait que le professeur, largement moqué pour sa manière de s’exprimer, obtienne de telles intentions de vote est révélateur du délabrement de la classe politique actuelle plus que d’un phénomène politique appelé Kaïs Saïed. Les éventuels électeurs du professeur de droit expriment un ras-le-bol par rapport à ce qui leur est présenté politiquement et se « réfugient » auprès d’un candidat antisystème. Le vote pour cet illustre inconnu en politique est plutôt un vote contre les autres et non le signe d’une adhésion à un projet.

 

Comme l’a brillamment démontré Zyed Krichen sur les colonnes du « Maghreb » aujourd’hui, les Tunisiens sont beaucoup plus enclin à voter « contre » que « pour ». En 2011, une majorité a voté contre l’ancien régime en allant en faveur d’Ennahdha et du CPR. En 2014, une autre majorité a voté contre l’héritage de la troïka en favorisant Nidaa Tounes et son vote utile. Tous les indicateurs actuels montrent que l’on s’achemine vers un scénario basé sur les mêmes vecteurs. Hormis les petites communautés acquises d’électeurs, la majorité de ces derniers exprimera un refus de la situation et des solutions présentées par la classe politique actuelle, y compris en n’allant pas voter.

 

Par ailleurs, le choix du candidat pour lequel on voterait reste enfermé dans le cadre de l’impression et du ressenti. Cela fait longtemps que l’on ne réfléchit plus en Tunisie et le vainqueur de la prochaine présidentielle sera adoubé sur la base du pathos. Il est évident que cela n’est pas exclusif à la Tunisie, mais il y a de fortes chances que ce phénomène se trouve accru lors de l’échéance de 2019. C’est ce qui explique les tendances que l’on voit actuellement dans les sondages non seulement concernant Kaïs Saïed, mais également pour Abir Moussi ou Moncef Marzouki. La décision de vote sera rarement basée sur une réelle connaissance des programmes ou sur l’analyse d’un passé politique. Elle sera basée sur des moteurs comme la peur, la crainte, l’insécurité, l’instinct, la haine ou la rancœur. C’est sur ces mêmes « arguments » que Donald Trump est devenu président des Etats-Unis ou que les Britanniques ont voté le Brexit.

 

Du fait des chiffres qu’il a obtenu, Kaïs Saïed est catapulté au milieu de la scène médiatico-politique à une vitesse qui doit lui paraitre vertigineuse. Certains voient en lui la solution pour redresser le pays, tandis que d’autres l’insultent et raillent sa manière de s’exprimer ou la réalité de son niveau universitaire. Il va devoir se frotter à la critique, à l’insulte et aux procédés douteux pour le discréditer et éliminer la menace électorale qu’il pourrait représenter. Connaissant son état de santé, l’exercice d’une campagne électorale ne sera pas de tout repos.

Par Marouen Achouri
27/03/2019 | 15:59
3 min
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Commentaires (15)

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Maxula
| 28-03-2019 21:14
"notre tendance à porter des jugements avec précipitation."

Sauf que depuis que "herr professor und doktor", la voix caverneuse et la figure marmoréenne que rien ne déride, est apparu en place publique et sur les différents fenestrons, tel un spectre ectoplasmique venu de l'au-delà, nous avons eu moult occasions pour jauger le personnage et (pré)juger de son incompétence latente pour un job autrement plus coton que celui d'un simple ex-prof-assistant en droit , dont la responsabilité la plus "écrasante" fut de se cantonner à assurer son cours, n'ayant cure que les étudiants suivissent ou roupillassent, "circulez, allez, allez" !
Ne jamais confondre vitesse et précipitation, mon bon monsieur !
Maxula.

AH
| 28-03-2019 15:47
La réponse à la critique et à la plaisanterie concernant mon commentaire est inspirée de l'intervention d'un professeur universitaire lors d'une émission culturelle à la radio. Il disait quelque chose en ce sens: notre vraie bataille est avec nous même et notre tendance à porter des jugements avec précipitation.

A méditer.

Bab Ezzira
| 28-03-2019 09:27
M Saied n"a aucune compétence en matière de sécurité nationale ou relations internationales seules prérogatives du président selon la meilleure constitution écrite par le couple batard islamoanarchiste et révisée par le sioniste BHL
Nous n'avons pas besoin d'un autre 3M pour accentuer les désastres irréparables commis par ces +++++ autocensure
Les solutions ? Il en existent mais ils doivent maîtriser auparavant ces deux seules compétences
Arrêtons de manipuler les ânes parlants c'est ce que cherchent les sponsors de la révolution de la brouette

welles
| 28-03-2019 08:49
Il y a une tendance aujourd'hui en Tunisie et le chroniqueur la confirme à savoir que pour les journalistes les citoyens ne pensent plus. Ce sont des sous-êtres sous l'emprise d'un pathos qui les fait réagir non pas en être raisonnable et rationnel mais par instinct animal qui craint la peur,, l'insécurité et qui agissent par la haine de l'autre et selon des ressentiments mesquins et destructeurs.
En substance, ils crient plus fort que les autres parce qu'ils détiennent les moyens de la propagande qu'ils sont les élites éclairés et savantes et que tous les autres ne sont que des populistes ignares conduits par un instinct grégaire et dangereux.
M. Bahloul, comme M. Achouri dans cet article ci-dessus incarnent à merveille cette attitude condescendante vis à vis du peuple. Mais ce qu'ils oublient c'est que l'histoire ne pardonne pas à ces gens là et tôt ou tard ils rendront compte que par leur attitude ils risquent de participer à l'élection du pire comme cela s'est déjà produit en Europe et en Amérique du sud.
Nos journalistes se considèrent comme des êtres intelligents mais ils sont aveuglés par une attitude méprisante pour ceux qui ne pensent pas comme eux et donc ne voient même pas ce qui se passent sous leurs yeux.
L'histoire jugera.

Léon
| 28-03-2019 07:46
Certains imbéciles nous qualifiaient "d'orphelins de Ben Ali" et nous accréditaient d'un tel vocable. Bien que la référence à Ben Ali est un honneur pour nous, c'était vraiment sans nous connaitre. Ben Ali ne représente que la souveraineté attaquée et bafouée de notre pays. C'est ce symbole que nous défendons en lui. L'humain ne nous concerne qu'en second plan; nous les vrais Patriotes.
C'est de cette sorte que raisonnent le patriotes; les authentiques, les vrais; et non pas les imbéciles, les perroquets-à-hauts-diplômes, qui n'ont eu de cesse d'insulter le système éducatif qui les a propulsé si haut, aussi bien sur le plan national qu'international.
Je répondais jadis aux imbéciles que les orphelins, ce sont eux! Ce journal m'en est témoin, je les ai toujours qualifié "d'orphelins de la Tunisie".
Les visionnaires ont ceci de commun: L'incompréhension du public auxquels ils s'adressent. Lorsque dès le 14 maudit je parlais de velléités néo-colonialistes, je me confrontais à l'incompréhension de mes cons-patriotes qui, aujourd'hui, commencent à peine à s'en rendre compte. Le plus malheureux c'est que les gens dits "simples" le comprenaient bien plus vite que nos hauts diplômés aux décors et qualités inversement proportionnels à leur sens politique et géopolitique.
Aujourd'hui les imbéciles commencent peut-être à comprendre pourquoi je les qualifiais "d'orphelins de la Tunisie".
Qui sont les orphelins? Ceux qui avaient appelé à l'arrêt du massacre jasminologue et printologue, ou bien ceux qui aujourd'hui cherchent désespérément un père à ce qui reste de la nation Tunisienne. Nation dont les bases avaient été posées par Bourguiba et dont les piliers avaient été montés par Ben Ali.
Une recherche de Père si désespérée que l'on en est à choisir entre un magnétophone mis en marche (avec tout mon respect à monsieur Saïd) et un cas pathologique avéré (le droit-de-l'hommiste qui a fermé les yeux sur la remise de Baghdadi Mahmoudi à ses tortionnaires).
Pauvres orphelins! Mais quand on tue ses propres parents (sa mère Patrie et son protecteur), il ne faut pas s'étonner de se retrouver à la recherche d'un Père pour couvrir une Mère Patrie dont on a exposé la vertu à tous les violeurs de la terre.
Moudhaffar Ennawab disait, à juste titre, en parlant des arabes et de la Palestine:

wa waqaftom wara'al abwabi tastariqouna essam3a ila sourakhi bakaratihé
wa tanafakhtom charafé
Féma achrafakom awlada'L qa7bati, mé achrafakom.
Hal Taskoutou Moghtasabé?
Tata7arrakou dikkatou Ghasli'L mawta;
Amma Antom Félé tata7arrakou lakom qasabé.

Orphelins de la Tunisie, cessez d'écouter les pulsions sataniques qui vous ont mené à trahir votre pays en criant "dégage" et écoutez pour une fois Léon, la Mémoire et la Conscience de la Tunisie. Celui qui avait vu juste dès le départ; avec son compagnon en Résistance, le Regretté et héroïque John Wayne, mort en résistance, l'âme de Patriote meurtrie à la vue de son pays de nouveau occupé par la fautes de ses enfants ingrats.
Ce sont les semblables de Léon et de JW, ces rares personnes ayant une conscience d'état, que l'édifice si bien entamé par Bourguiba et Ben Ali pourrait être complété, et ce, malgré le sale héritage laissé par les post-merdolutionnaires, ces "meilleurs Gvnts au monde" successifs (sic!).

Léon, Min Joundi Tounis Al Awfiya;
Résistant.

VERSET 112 de la SOURATE des ABEILLES.

Maxula
| 27-03-2019 22:13
"Comme l'a brillamment démontré"

Je vois avec bonheur que "le censeur" a aussi le sens de l'humour !
Maxula.

Maxula
| 27-03-2019 22:10
"dénigrer et discréditer Kais Said"

La question est : peut-on vraiment faire autrement ?
Lisez bien l'édito de Marouen Achouri (manifestement vous ne l'avez pas encore lu), et vous comprendrez le pourquoi du comment.

Voilà un type qui n'a jamais rien dirigé (à part peut-être les "TD" en fac de droit ?); qui n'a jamais "fait de politique" (ou peut-être à la marge ?); qui n'a fait que cachetonner, à l'orée de la retraite, pour donner son avis (personnel donc discutable) sur les plateaux-télé; qui parle "trop bien" pour être honnête (c'est une expression); qui ne se met pas à la portée de ses (putatifs) électeurs mais donne l'impression de les prendre de haut et de ne s'adresser qu'à des étudiants dans un amphi clairsemé. Etc.
Maxula.

AH
| 27-03-2019 21:30
Pourquoi certains s'acharnent t-ils à dénigrer et discréditer Kais Said aussitôt qu'il a déclaré son intention de se présenter aux présidentielles.

Ces dénigreurs ferait mieux de proposer des solutions pour le pays au lieu de nous manipuler à travers des déductions tirées par les cheveux.

HatemC
| 27-03-2019 21:09
Il n'ira pas loin, la raison est simple:
Raisonnons par l'absurde '?' il gagne la présidentielle, comment va t-il constituer son GVT ? Il sera contraint de nommer des ministres issu de la majorité législative '?'
De plus arrêtons de tortiller du derrière, la présidentielle n'a aucun impact sur le pays '?'
Nous sommes en régime parlementaire '?' le président n'est qu'un décor '?'.
Qui connait le nom du président portugais, Italien '?'
C'est le premier ministre issu de la majorité parlementaire qui dirige le pays '?'
Pour le moment il se peut que YC tient la corde au niveau des sondages, suivi de Kaies puis le tartour mais ABIR MOUSSI est en embuscade '?' et sera surement au second tour contre YC '?'.

ET attendez vous à un chamboulement de fond en comble '?' AMENDEMENT de la CONSTITUTION pour un régime présidentiel fort '?' et au DIABLE le régime batard parlementaire et le con qu'on suce '?'

JE VOTERAI POUR ABIR pour le retour du PSD '?' ABIR fait peur, eh bien tant mieux '?' On commence à en avoir marre de cette pseudo-élite politique de merde qui n'a de cesse de spolier le pays ..
Oui il y a eu des dépassement avec le RCD mais la Tunisie était bien géré '?' certains ont profité du système mais beaucoup ont travaillé pour la Tunisie '?' il y a eu des points positifs, et même la Troika s'est basée sur ces bases '?'

On se rend vite compte qu'elle n'est pas aussi mal classée que le prétendent ces supposés sondage '?' FAITES UN MICRO TROTTOIR POUR VOUS EN APERCEVOIR ..

Ce bout de femme n'a JAMAIS dévié de ses convictions, ses principes, elle tient tête à toute la racaille qui ose la salir '?'

JE DIRAI A TOUS CEUX ET CELLES QUI N'IRONT PAS VOTER PAR DEPIT '?'?'?' VOTEZ POUR ABIR ET IGNOREZ LES CADORS DE LA POLITIQUES '?'.

VOTEZ POUR UN CHANGEMENT '?' DANS 5 ANS TU VOTERAS DIFFREMMENT SI ABIR NE FAIT L'AFFAIRE '?' C'EST UNE OPPORTUNITE POUR FOUTRE DEHORS TOUTE LA RACAILLE QUI A DEPOSE UN DOSSIER A L'IVD ...HC

Maxula
| 27-03-2019 21:08
"Comme l'a brillement démontré Zyed"

J'ai "brillamment" relevé la seule faute de français dans ce texte, qui "brille" par ailleurs par sa fine analyse !
Forzatollah n'y aurait vu que du feu !
Maxula.