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Chroniques
Jeunesse lève toi !
04/04/2018 | 15:59
3 min

Par Marouen Achouri

 

Ayant encore l’audace de me prétendre jeune, deux évènements ont particulièrement rythmé cette morose semaine. Le premier est la mort d’un supporter du Club Africain âgé de 19 ans, le deuxième est l’adoption par l’ARP du Startup Act.

 

En Tunisie, en 2018, un gamin de 19 ans sort de chez lui pour aller au stade et rentre dans un cercueil. Voilà le fait, froid et cru, et totalement inadmissible. On peut se perde en conjectures et se demander si la police a réellement poursuivi ce gamin, s’il a vraiment dit qu’il ne savait pas nager mais qu’il a quand même dû plonger dans cet oued pour échapper à la police, si c’était un délinquant à la base ou pas. De ces questions on peut se poser des milliers, et ce sera sans doute à la justice d’y répondre. Mais toutes ces réponses ne calmeront pas la douleur des parents de ce gamin. Toute la communauté sportive tunisienne, au sens large du terme, a été choquée par cette terrible nouvelle. Choquée malgré le fait qu’on s’y attendait.

Les travées du stade restent, qu’on le veuille ou pas, un des thermomètres les plus précis de la société en général, et ça faisait quelques mois déjà que ça chauffait. On s’attendait à ce qu’il y ait une catastrophe qui toucherait un supporter ou un policier. L’état de délitement total, l’irresponsabilité de plusieurs parties prenantes, le fait que l’Etat semble avoir d’autres chats à fouetter, le niveau de violence dans la société et d’autres facteurs encore ont conduit à la mort d’un jeune supporter de 19 ans. La justice a la charge essentielle de faire la lumière complète sur cette catastrophe et de mettre derrière les barreaux tous les responsables, mais l’Etat a la charge de ne pas détourner les yeux de ce qui se passe au stade et de veiller à ce que ça ne se reproduise plus. On ne peut plus tolérer que des enfants meurent au stade, ce n’est plus possible.

 

Mais tout n’est pas noir en Tunisie, heureusement. L’adoption du Startup Act est une lumière dans ce marasme, et on en avait besoin. Au-delà de la teneur de cette loi, son cheminement et sa conception montrent qu’il est possible en Tunisie d’écrire une loi en y associant les concernés dès le début. Cela a permis d’améliorer le projet de loi et de lui donner ce caractère révolutionnaire. Il est possible de pondre une loi sans forcément passer en force et provoquer des réactions que l’on a du mal à gérer plus tard. Et surtout, les startuppeurs, jeunes en majorité, ont montré un niveau d’implication, de compétence et d’assiduité qui force le respect.

C’est aussi un projet de loi qui a permis de révéler la « mentalité législative » de certains élus de la nation et même de certains politiciens. D’un côté, il y a ceux qui sont réellement convaincus de l’intérêt de cette loi, des élus qui bossent pour de vrai, en silence au sein d’une assemblée où le poids se mesure aux décibels crachés. Il y a aussi les petits calculateurs qui essayent de récupérer quelque crédit politique en marchandant leurs voix. Les minables qui sont là par accident et qui tentent de devenir quelque chose en un mandat. Et puis il y a les législateurs pétris de vieux réflexes, animés de vieilles habitudes, qui ne pensent qu’à interdire, à limiter, à punir, au lieu de penser à encadrer, à protéger et à réguler. Dans le Startup Act, certains voient une révolution, d’autres voient des niches fiscales. Certains voient des opportunités, d’autres voient une menace de blanchiment d’argent. C’est justement là que la mentalité intervient et crée la différence. C’est ici que le fossé entre la « génération Startup » et la « génération fax » saute aux yeux. C’est là qu’on comprend la distance qu’il nous reste à parcourir et l’ampleur du changement à apporter.

 

La nouvelle génération qui arrive en Tunisie porte en elle les germes d’un large espoir pour notre pays. Une génération volontaire, autonome et résolument tournée vers l’avenir et vers l’international. C’est une génération qui se trouvera forcément aux commandes et qui révolutionnera la Tunisie, malgré tout.

04/04/2018 | 15:59
3 min
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Commentaires (4)

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Xept
| 09-04-2018 08:02
Je ne suis pas d'accord! Il n'y a pas de conflit de générations! Les aînés aiment les plus jeunes qui ,en retour , éprouvent les mêmes sentiments pour ceux des générations précèdentes, il y a des transferts intergénérationnels , notammemt de savoirs et de connaissances dans les deux sens. Mon sentiment est que le problème central auquel est confronté notre pays est une crise , totale et collective ,toutes générations confondues, de l'intelligence . Nous sommes une société bloquée parce qu'elle n'arrive pas à penser l'avenir de son avenir. Ni vieux,ni jeunes n'arrivent à concevoir la modernité de leur nation en termes inédits . Parfois, pour ne pas dire souvent , les jeunes paraissent plus vieux que leurs parents. Ils sont incapables de se donner une référence de l'avenir! Mais où trouver cette référence de l' avenir? C' est un grand débat que nous n'allons pas ouvrir ici , la question étant d'une grande complexité. Mais on pourrait ouvrir quelques pistes, notamment celle de la signification vv la compétence. Compétence, de quoi ce mot est-il le nom?

Microbio.
| 07-04-2018 13:42
|Le conflit des générations est décidé !!

Après la révolution, l'ancienne génération a pris le pouvoir et la jeune génération s'est retirée, comme avant la révolution, pour jouer aux cartes jusqu'à la fin.
Ce ne sont presque que les générations de Bourguiba et Ben Ali qui sont maintenant au pouvoir! Ceci dit les anciens programmes et machinations des lanciens régimes sont encore en action.
l'espoir pour un véritable changement de société vers la transparence et la modernité nécessite un fort MOUVEMENT des jeunes générations à travers le pays.

Malheureusement on a demandé aux vieux crapauds de faire sécher / déshydrater les marécages!

Bonne jounée et très bon Weekend!

HAtemC
| 04-04-2018 19:17
Conflit de générations ... Le conflit de génération est donc une opposition entre les générations différentes ..
Il faut étudier la cellule familiale Tunisienne pour tirer des leçons ... et des conclusions ..

Le conflit de générations est moins perceptible dans les régions du Sud ... régions du centre ...que des villes côtières qui ont été en contact avec le monde extérieur ...

Pour les municipales, le Sud, le milieu rural, les villes conservatrices et les quartiers populaires iraient à Ennahdha'... ces régions acquises à Nahdha sont réfractaires au MODERNSIME .. la cellule familiale est souvent CONSANGUINE ... régions où l'analphabétisme et l'illettrisme font rage .. Kairouan pour exemple a une population analphabète à 80% ... donnée vérifiable ....

La massification scolaire, l'entrée massive des femmes sur le marché du travail, la baisse du taux de natalité, le recul de l'endogamie et de l'âge au mariage n'ont pas encore touché ces régions ...
On constate un abandon scolaire massif dans ces régions, la femme travaille dans le secteur primaire non qualifié ... l'endogamie ( mariage consanguin) est important avec souvent malformation et maladie mentale ..., mariage précoce avec nombre élevé d'enfants ...

C'est le Kottebe Vs Jardin d'enfants ...

2 modèles qui s'opposent et ces 2 modèles sont présent à l'ARP ...

L'autre modèle ...
Les côtes, la banlieue nord de Tunis et les centres urbains reviendraient à Nidaa Tounes .. région plus industrialisées ... plus MODERNISTES ... laïcisées

La massification scolaire, l'entrée massive des femmes sur le marché du travail dans le secondaire et le tertiaire, la baisse du taux de natalité, le recul de l'endogamie et de l'âge au mariage, sont autant d'indices en opposition à l'autre ...

Les 2 régions ne vivent pas le même conflit générationnel ... 2 modèles qui s'opposent ...

Prenons exemple sur l'héritage ... les régions côtières sont plus favorables que les régions conservatrices ...

L'ouverture vers l'autre est plus perceptible dans les régions côtières que les régions conservatrice etc ....

On constate que les régions acquises à l'islamisme sont des régions TRIBALES ... souvent dépourvus d'esprit critique ... ils reproduisent le même schéma de la cellule familiale des siècles durant et très réfractaires à l'évolution ... ils sont figés ... tout est figés dans le marbre ... ils sont fermés dans leur modèle tribal hérité des zarabes ....

Faut pas oublier l'influence Arabe ' tribalisme et régionalisme - '?' c'est la mentalité Arabe qui prédomine en Tunisie, alors que les descendants d'arabes sont minoritaires '?'Il y a un conflit entre l'Arabité et la Tunisianité '?' Citoyenneté contre Tribalisme / Régionalisme ...

Le Tribalisme en Tunisie a été et est encore de nos jours un frein au développement des régions dites reculés et délaissés ...

Il y a en Tunisie un conflit certes de générations mais aussi de mode de vie ...
Le tribalisme contre modernisme ....

D'ailleurs nous retrouvons ce modèle dans l'immigration, .... Les régions du sud, tribales conservatrices, endogames sont concentrés dans les citées en France par exemple et les plus radicaux sortent de ces citées, l'illettrisme frappe cette population, la délinquance aussi, et l'image du grand frère qui surveille sa s'?ur est connu, c'est dans ces citées que le voile est le plus répandu .... le conservatisme est fort dans cette population des citées avec énormément de mariage entre cousin germain, ils reproduisent le même modèle que leur parent ...

Alors que les régions dites modernistes envoient une population plus éduquée, qui fréquentent un autre milieu, évitent la ghettoïsation et s'intègrent plus facilement et occupe des postes à responsabilité ... HC

jilani
| 04-04-2018 16:35
C'est le vice président américain AL GORE qui est à l'origine du développement des sociétés GAFI Google Amarzon ... quand il a décidé de donner gratuitement au privé le réseau Internet qui s'appelait avant Arpanet et était la propriété du ministère de la défense américian. Avons nous en Tunisie un décideur qui peut faire pareil. Déjà on voit bien ce qui se passe avec la privatisation. Longtemps il a été demandé de donner aux jeunes les vastes terres domaniales publics utilisés par la mafia de benali pour faire des mechouis, afin qu'ils puissent les exploiter et s'enrichir, mais rien n'est fait. Les fournisseurs internent sont encore détenus par les proches de benali ... Créer des startup est toute une culture et un environnement de liberté et imagination. Steve jobs (Apple) a dit que pour créer il faut se libérer de tout dogme. Sommes nous dans un environnement de création et d'innovation avec des vieillards au pouvoir, des syndicalistes pourris et un retour accéléré aux dogmes religieux ...