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Tribunes
Jeunes électeurs et candidats grands-parents
28/11/2014 | 10:26
4 min
Jeunes électeurs et candidats grands-parents
Par Hatem Boulabiar*

Nous sommes le 28 novembre. Dans un mois jour pour jour, les Tunisiens se déplaceront aux urnes pour la 4ème fois de leur histoire pour élire. Une première fois pour choisir nos constituants en 2011. Puis les législatives d'octobre dernier. Enfin lors du premier tour de la présidentielle. On a l'impression que l'histoire s'accélère dans nos contrées. Et tant mieux ainsi. Car on a du retard à rattraper dans note façon de gouverner, de produire, de s'instruire, d'innover et de renaître peut être.

Le premier enseignement dans une élection et de loin le plus important est le taux de participation. Cet indicateur est capital dans la vie d'une démocratie. Et nous y sommes. N'écoutons pas les pseudo-analystes qui distillent beaucoup plus de conneries que d'analyses pertinentes. Ces derniers nous affirment avec arrogance que nous ne sommes pas encore en démocratie sans aucun fondement théorique.
En effet selon Samuel Huntington, professeur américain de Sciences Po de l'université de Harvard où il a enseigné 58 ans (un peu d'humilité mes chers professeurs des brillantissimes universités tunisiennes au classement Googlien), une démocratie est dite établie si on y a organisé au moins deux scrutins libres avec passation de pouvoir entre 2 régimes différents.
Cette règle s'appelle " two turnovers".
Le 23 octobre, quand le gouvernement Jebali a "repris" le pouvoir légué de l'ancien système, on a vécu notre premier turnover. (On y a même été invité grâce à un micro "oublié" et glissé par Nessma dans la veste du chef de gouvernement sortant, Béji Caïd Essebsi).
Le second aurait été la passation de pouvoir entre le gouvernement Mehdi Jomâa et celui de Nidaa Tounes.
Or, cette passation n'a pas encore eu lieu. Par ailleurs, M.Ghannouchi a acté cette passation virtuellement lorsqu'il a appelé le leader de Nidaa en le félicitant de sa victoire.

Selon la règle de Huntington, nous sommes bien en démocratie établie. Je tiens à féliciter le peuple de Tunisie pour cette exception culturelle.
Tout le peuple arabe devrait être fier de nous. Et nous ne cachons pas notre fierté.

Revenons à ce premier scrutin en démocratie établie qu'est ce deuxième tour de présidentielle et la problématique du taux de participation.
Qu'en sera-t-il le 28 décembre ?
D'abord on doit s'accorder sur la définition retenue du dit taux.
On appelle taux de participation brut, le nombre de personnes qui se sont déplacées aux urnes par rapport au nombre potentiel de citoyens en âge de voter.
Le taux de participation brut (TPB) nous permet de comparer l'engouement des Tunisiens à un scrutin quelle que soit la règle d'inscription. Rappelons-nous qu'en 2001, l'ISIE de Kamel Jendoubi a permis aux non inscrits de voter. Ce qui n'est pas le cas pour ces deux derniers scrutins (législatives et 1er tour de la présidentielle de 2014).

En 2011, le TPB était de 54%. (4,3 millions de votants sur un total de 8 millions de Tunisiens en âge de voter, selon recensement INS).
Ce taux a fortement baissé de 10 points le 26 octobre 2014. Soit 44%. (3,6 millions).
Lors du premier tour de la présidentielle de dimanche dernier, le taux de participation a encore chuté de 3 points en s'établissant à 41%.
Les enseignements qu'il faut tirer de cette baisse est que notre jeune démocratie a déjà vieilli et se comporte comme les démocraties essoufflées avec des taux de participation comparables.
Ceci confirme également l'accélération de l'histoire pour nous autres Tunisiens. Mais cela démontre aussi une certaine lassitude de cette messe populaire représentée par les élections.

Le 28 décembre, cette tendance baissière sera-t-elle confirmée? Pour que l'engouement à ces élections draine les foules, il faut une certaine rénovation dans les méthodes et les têtes d'affiches. Or, les deux prétendants sont connus du bataillon des électeurs et surtout des jeunes électeurs pour qui ces deux candidats souffrent d'un paradoxe de notoriété et de méconnaissance.
Je rappelle que la majorité des 2 millions (5,3 - 3,3) d'inscrits qui sont restés chez eux (ou partis profiter du temps ensoleillé du dimanche 23 novembre), est plutôt jeune.
Je m'explique. Pour attirer la foule des électeurs jeunes, il faut que le spectacle démocratique soit assez attractif et compréhensible par cette majorité silencieuse inscrite.

Or, ces deux candidats appartiennent à la génération des grands-parents (voire arrière grands-parents). D'où la rupture générationnelle.
J'estime qu'il va y voir près de 3 millions d'électeurs essentiellement adultes le 28 décembre. À moins que l'un des deux candidats ne puisse rajeunir son look, son attitude ainsi que son discours. Autre attrait possible serait l'organisation de deux ou trois débats comme dans toute démocratie établie. Aujourd'hui, les jeunes sont habitués à des duels sensationnels opposant le Real Madrid au FC Barcelone via leur dreambox en groupe ou dans les réseaux sociaux no 1 en Tunisie que sont les cafés.
À ce jour, on leur offre un huis clos entre Olympique El Kef et FC Tajerouine (j'ai prévu des critiques régionales donc j'ai pris ma région comme stratégie, auto-dérision remède à la bêtise humaine).

Je m'adresse enfin aux deux directeurs de campagne Adnène Mansar et Mohsen Marzouk, à défaut d'un Clasico Espagnol, offrez-nous un derby tunisien. Offrez nous un spectacle qui parle aux jeunes.
Sinon dans 1 ou 2 ans, quel que soit l'heureux élu, ne venez pas vous plaindre contre une probable révolte de la jeunesse issue d'un historique malentendu.

A bon entendeur.

* Hatem Boulabiar est un homme d'affaires et directeur de l'institut de sondages "Centre des études stratégiques" et président du conseil d'administration de la radio "Saraha FM".
28/11/2014 | 10:26
4 min
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Commentaires (16) Commenter
Les idées infantiles d'un jeune.
Béchir Toukabri
| 03-12-2014 14:56
1)Votre explication sur le taux élevé des abstentions qui repose sur le conflit des générations est obsolete. C'est un mythe.
2) Vos reference à cet Americain et à l'expériencedes pays occidentaux, relève du "Complèxe de l'étranger". Lesétrangers ne sont pas des prophètes et ne détiennent pas la vérité.
3)On n'est pas obligé de faire plaisir aux jeunes, surtout qu'on voit qu'ils s'en foutent detout et qu'ils n'ont rien dans le ventre.
@G&G
Kairouan
| 02-12-2014 07:58

Merci cher compatriote pour votre reponse et vos efforts malgre tout. Je comprend parfaitement votre position.
Bonne chance a vous et a notre pays; j'espere que la Tunisie pourra beneficier de toutes les bonnes idees et volontes des ses enfants.

Bonne continuation.

@Kairouan
G&G
| 30-11-2014 16:02
Bonjour l'ami
Désolé, je n'ai pas lu votre message du 25/11
Il m'est difficile de répondre à votre question sur ce forum concernant la stratégie à adopter pour le développement régional.
Mes trente cinq années d'expérience modeste m'avais permis d'arriver à une nouvelle formule tout à fait opposée à celle adoptée depuis des décennies
Ma méthone n'est aucunement de renforcer l'infrastructure ou de créer des pôles de développement autour de grands projet étatique plutôt que de créer une synergie autour d'un concept que je me permet de garder le secret qui pousse le secteur privé et tous les habitants à dynamiser la région sans qu'ils ne se rendent compte.
La plus grande faute c'est de continuer sur la statégie de ben ali de dilapider l'argent public par la construction d'aéroports et des établissements universitaires non exploités
La plus grande gaffe c'est de se plier à la demande des régions pour construire des CHU et des facultés de Médecine ou même de rétablir le chemin de fer car coûte que coûte, dans vingt ans, l'intérieur sera déserté au profit du littoral. Et rebelote.
Je m'excuse de ne pas pouvoir vous donner plus des détails sur mes propres études car elles risquent d'être adoptées et exploités par des bon à riens.
Cordialement.
@ Tounsi
Bob
| 29-11-2014 15:28
Merci pour ce passage de votre commentaire: "Il y a non une fracture générationnelle mais des genérations délaissée ;déliquescence de l 'enseignement, manque de bibliothèques ;de maisons de jeunes ; de maisons de culture; seules les mosquées ont été construites... La jeunesse n 'est pas une condition nécessaire et suffisante pour être intelligent ;il y a de jeunes et de vieux abrutis." Je rajouterais que ''les diplômes aussi ne sont pas forcément un signe d'intelligence, il y a des diplômés abrutis.''
@ Kais
maitredhaf
| 29-11-2014 13:37
aucun problème au fait d'être proche d'un partie politique ou adopter une idéologie ou une cause. mais le problème voir le comble c'est de de défendre une cause pour un intérêt financier et essayer de le réaliser par des méthodes hors normes, voir illégale ( voir le fameux art 96 du cp).
@G&G
Kairouan
| 29-11-2014 12:24

Bonjour,
Avez-vous vu le message ci-dessous, a vous de ma part:

[Debut du message]
@G&G
Kairouan |25-11-2014 07:35

Bonjour G&G, enfant de Jupiter ;-) ,

"Le développement régional n'est pas d'adopter des modèles importés plutôt d'être pragmatique et réaliste dans les décisions." (sic)

Pourriez-vous elaborer un peu plus sur ca? Notament, comment (par quelles methodes) traduire ce pragmatisme en projets -- et quels projets? Y a-t-il deja des rapports de developpment sur chaque region en Tunisie, ses problemes, ses synergies et ses atouts? Enfin, geographiquement et adimistrativement parlant, est-ce que les 'regions' sont des entites territoriales precises et bien delimitees en Tunisie?

Merci pour votre attention
[Fin de message]

Merci


democrates
Kais
| 29-11-2014 08:57
Je ne vais pas commenter l article et son contenu. Mais les commentaires indignes qui prouvent que certains qui se considerent democrates sont un danger public. Ils sont les plus extremistes et c est eux qui divisent le peuple parce qu ils refusent l autre camp. Quel est votre probleme si l auteur est proche de la Troika.?il est libre de se positionner ou il veut. Le debat doit etre un debay d idee dans le respect
le degré zero de la réflexion
Tounsi
| 29-11-2014 01:53
Monsieur Hun machin relisez le ou lisez le ;c 'est un néo conservateur qui prédisait comme madame Soleil le choc des civilisations
nous assistons à la destruction des pays arabes; de guerres fratricides;civiles dont le bras armé sont les islamistes wahabites et la tete dans les officines étrangeres dont les islamistes sont le fer de lance; l 'argent des dollaros monarchies ne sert pas au développement mais à enrichir les marchands et fabriquanst d 'armes
Il y a non une fracture génerationales mais des genérations délaissée ;déliquescence de l 'enseignement manque de bibliotheques ;de maisons de jeunes ;de maisons de cultures;seuls les mosquées ont été constuites
VOUS MEME COMBIEN DE LIVRES AVEZ VOUS LU TOUT LE LONG DE VOTE VIE?
la jeunesse n 'est pas une condition nécessaire et suffisante pour etre intelligent ;il y a de jeunes et de vieux abrutis
Les campagnes électorales sont devenues des shows politiqueS ;en revanche elles ont un contenu contrairement aux match de foot qui sont des jeux de cirque
Relisez HUNachin plus attentivement et posez vous la question d 'ou il parle?
le taux d 'abstention c est un degout de la politique èces trois années écoulées ou Tout s 'est dégradé et aucune lueur d 'espoir n 'est apparue
Monsieu Hatem Boulabiar, vous réinventez la roue
G&G
| 29-11-2014 01:39
Vous nous parlez comme s'il y a eu révolution en Tunisie.
Ce que vous dites, je l'avais prédit dans une dizaine de spots que j'avais postés sur ce forum il y a plus de deux ans.
Nos jeunes ne doivent pas espérer grand-chose ni des arrivistes de la dernière heure ni des Azlem parce que le système autour duquel gravitent nos politiciens est le même établi depuis plusieurs décennies.
La preuve, c'est qu'aucun des pseudo partis nés de la pseudo révolution ne dispose d'un programme ou d'une stratégie ou même d'un modèle de développement qui sort de l'ordinaire.
Tout est ancrée dans la mentalité inchangeable de l'administration publique.
Depuis un demi siècle, toutes les réformes sont proposées et exécutées par des décideurs de l'administrations qui, eux même, souffrent d'une déformation professionnelle.
Je suis un vieux qui a roulé sa bosse durant 35 ans dans l'administration centrale et dans les régions. Mon constat final n'est pas déduit de mes cours appris à l'académie de Harvard mais du terrain où j'avais découvert des trésors de connaissances.
En 2010 quand je lisais dans un quotidien de la place que 45% des jeunes âgés de plus de 35 ans sont célibataires, j'avais les larmes aux yeux.
Ce constat catastrophique m'a poussé à élaborer une proposition concrète, un projet révolutionnaire pour les jeunes qui permet d'embaucher 100 jeunes diplômés sans qu'il y ait une incidence sur le budget.
Malheureusement, aujourd'hui, je me trouve obligé de garder mon étude pour moi parce que les décideurs ne comprennent pas mon langage.
ETABLIE OU PAS
ODIN
| 28-11-2014 18:37
Je n'ose croire avoir inspiré le disciple de samuel hutington.
Hier,je commentais l'article de "Sarra Hlioui " en écrivant que nous sommes pas dans une démocratie établie et encore moins bien établie.
Encore plus important,ce crève-coeur en parlant des vieux qui votent et les jeunes qui boudent les urnes,il me fait penser aux signataires du " torchon de libé" l'autre jour.Pourquoi je dis ça ,car ils ont tenu le même discours sur un autre blog.
Je conclu en demandant au "crève-coeur auteur" de cet article ceci : fait-il partie des signataires du" torchon" paru dans libé? a-t-il participé au deuxième "torchon" dans lequel ils écrivent que seuls les vieux ont voté.
et le comble,dans une seule phrase ils écrivent trois "par contre".Par contre par...par contre...par contre dans une seule phrase.Les intellos ont osé.Dites-moi,vous écrivez presque le même discours,seraient-ils vos amis ?
Il ne faut pas me juger car je ne suis pas écrivain !!!!