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Chroniques
Je suis Al Qaïda
10/01/2015 | 16:00
4 min

Par Synda TAJINE

Le hashtag « Je suis Charlie », lancé en hommage aux victimes de la fusillade de Charlie Hebdo, a été utilisé par les internautes plus de 3,5 millions de fois depuis le 7 janvier 2015. Il s’agit de l’un des hashtag les plus populaires de toute l'histoire du réseau social Twitter ! Pourtant rares sont ceux qui ont vraiment été Charlie avant le drame. Rares sont ceux qui ont soutenu Charlie à chacune de ses Unes polémiques et controversées. Rares sont ceux qui se sont indignés lorsque les locaux de Charlie ont été incendiés en 2011. Rares sont ceux pour qui les noms de Charb, Cabu, Wolinski, Tignous et les autres veulent dire grand chose. Rares sont ceux qui lisent réellement l’hebdomadaire et qui s’extasient devant l’art de se moquer de tout, la liberté de tout tourner en dérision et la jouissance de l’irrévérence et de l’insoumission. En réalité rares sont ceux qui ont vraiment été Charlie.

 

Derrière cet élan de solidarité universelle - réellement beau – se cache un esprit bien charognard. Derrière les bougies allumées, les messages compatissants, la réalité est bien moins belle que ce qu’elle laisse paraître. En réalité, le drame n’a pas seulement réveillé, chez les citoyens du monde, l’amour de la liberté, l’engouement pour une presse libre et la compassion humaine, il a aussi déterré le côté fasciste, très peu enfoui chez certains autres. Depuis la fusillade, pour certains, arabes, musulmans, islamistes, intégristes et terroristes se sont confondus dans un joyeux bordel et sont devenus la cible à abattre. Pour d’autres, le massacre était « prévisible » et les dessinateurs ont tout fait pour s’attirer les foudres divines avec leurs dessins blasphématoires. Ne parlons même pas de ceux qui disent que c’est bien fait pour leurs gueules… Les appels à mettre les arabes, les musulmans et, plus généralement, les étrangers dehors, se sont mêlés aux chants de la Marseillaise. Les appels à flanquer les intégristes derrière les barreaux se sont fait entendre et le retour en force des appels à la restauration de la peine de mort ont été présents dans les manifestations et sur la toile.

 

Le massacre de Charlie Hebdo a divisé. Aujourd’hui, il y a, d’un côté, les démocrates attachés à la liberté d’expression, et les croyants allergiques à l’anarchie et à l’irrévérence. Lorsqu’un dessin choque plus qu’une tuerie, lorsque des paroles heurtent plus que les balles, à quoi bon se proclamer Charlie ?

Les dessins de Charlie Hebdo n’ont en réalité rien de blasphématoire ni de choquant en soi. Prendre la liberté de se moquer de tout, de la politique, des religions et même de Dieu, ce n’est pas leur porter atteinte. C’est plutôt se hisser vers eux pour faire passer son message, pour crier son coup de gueule, pour pointer une injustice. Caricaturer Dieu ne lui a jamais porté atteinte, mais le dessiner et lui donner une bulle pour s’exprimer fait ressortir l’incompréhension qui se cache dans l’esprit de chaque être humain, le paradoxe entre la beauté de la création et la fragilité de l’être, entre les principes divins et la crasse humaine. Charlie n’a pas été tué parce qu’il a blasphémé, Charlie a été tué parce que des hommes ont jugé que ses dessins méritaient la mort. Mais inutile de s’attarder sur des considérations religieuses. En réalité, la religion n’est pas la seule à blâmer.

Cette mort, on en est tous aussi responsables les uns que les autres. Ceux qui ont tiré les balles ne valent peut-être pas moins que ceux qui justifient l’injustifiable. Les terroristes ne sont pas toujours ceux qu’on croit. Pas uniquement du moins. Hormis ceux qui tuent, les terroristes sont aussi ceux qui récupèrent des drames  pour faire des concessions sur les libertés humaines, sur les droits des individus et sur les égalités. Ce sont ceux qui, comme notre ministère des Affaires religieuses, profitent du drame pour appeler les médias du monde à « respecter les éthiques de la profession journalistique et à éviter de porter atteinte aux religions et au sacré qui peut susciter des réactions inappropriées ». Ce sont ceux qui, comme notre ministère de l’Intérieur, publient la vidéo de l’interrogatoire de deux accusés, présumés coupables de crimes terroristes, sans qu’aucun procès n’ait eu lieu encore. Ce sont ceux qui, comme Marine Le Pen, cette politique de l’extrême-droite française, appellent à faire revivre la peine de mort. Ce sont aussi ceux, qui comme certains de nos leaders d’opinion, font l’amalgame entre islamistes et intégristes et appellent à les foutre dehors des « pays de la liberté ». En Tunisie, le terrorisme est devenu ce nouveau colocataire qu’on déteste mais avec lequel on vit depuis des mois. Cet enfant de la haine, de l’incompréhension, de l’aveuglement et de la peur humaine. Ce sont ces sentiments qui enfantent des monstres, qui créent des organisations terroristes et leur mettent des armes entre les mains.

Charlie ne se cache pas forcément là où on le cherche. Nous ne sommes peut-être pas tous Charlie, mais nombreux d’entre nous sont la haine, la peur et le terrorisme. Certains d’entre nous sont Al Qaïda. Certains d’entre nous sont Daech…

10/01/2015 | 16:00
4 min
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Commentaires (51) Commenter
Ah CHERE KAIROUAN
DHEJ
| 11-01-2015 17:59
La raison c'est un mot clé!


Mais hélas MA RAISON n'est pas TA RAISON... non plus celle des frères KAOUACHIS et qu'elle était la raison de CHARLIE HEBDO?

Pour la KADIRISME c'est l'ultime du positivisme car explique-t-il la RAISON DE LA NO-RAISON!

Raison ou LOGIQUE et je me demande si c'est bien moi qui a évoqué la notion de LEGIDYNAMISME?


Pour l'attaque contre les locaux de CHARLIE HEBDO, c'est une explosion de trois personnes d'un public contre leur ministère (public) qui a laissé le champ libre à des politiciens pour utiliser la religion à des fins destructives...

Je suis bien sur pour la maîtrise de la connaissance comme dit au coran

DHARNI WA MAN KHALAQTO WAHIDA...

Je suis contre l'attaque que je dénonce fermement!

Voici venu le temps des sardines !
Abdelkader
| 11-01-2015 17:35
aucune tête ne doit dépasser, en rangs serrés dans leur boîte elles reprennent en ch'ur " je suis Charlie "
Rien ne m'est plus insupportable que ces islamistes obscurantistes , mais il ne me viendrait pas à l'idée de les offenser au nom de ma liberté d'expression .
Opposer le rationnel à la foi relève de l'ignorance de la nature humaine , s'y risquer peut être lourd de conséquence , car nul ne peut décréter qu'Autrui est apte à concevoir la liberté comme étant supérieur au sacré , cette hiérarchisation imposée par les uns aux autres est un fertilisant pour les extrémistes de tous bords et un caillou dans les chaussures des sans chapelle comme moi .
Je ne suis pas Charlie mais je partage la douleur et le désarroi des français .
AMEDY COULIBALY : 6 QUESTIONS A UN ANCIEN FLIC DE BEN ALI
JOHN WAYNE
| 11-01-2015 16:21
Q-1 : Des photos d'Amedy Coulibaly ainsi qu'une vidéo de ce terroriste sont disponibles sur l'internet. Qu'est-ce qui vous frappe le plus ?
JW : Ce qui est frappant n'est pas l'accoutrement du terroriste ni le drapeau de DAECH mais la présence de la version compacte du fusil d'assaut Kalachnikov, une version utilisée entre autres par les forces spéciales d'intervention Russes. Cela indique que les terroristes Français sont équipés de façon à combattre une guérilla urbaine qui tactiquement parlant pourrait couter très cher même aux forces d'intervention d'elite Françaises comme le GIGN. La kalachnikov en version courte est plus maniable, dispose de la même capacité de chargeur, mais surtout de la même balle ayant la même quantité de poudre et donc pouvant générer la même vélocité de canon que la Kalachnikov en fusil d'assaut classique. La Kalachnikov même s'il s'agit d'un fusil d'assaut peu précis, est une arme très fiable puisqu'elle ne s'enraye pratiquement jamais et nécessite un entretien sommaire.

Q-2 : En quoi cela est-il un changement ?
JW : Si l'on tient en considération l'entrainement militaire que ces jeunes ont obtenu en Irak, en Syrie, ou en Libye et l'on ajoute la présence de telles armes sur le territoire Français, cela revient à dire que ces jeunes ont véritablement débuté une guerre de guérilla urbaine contre le gouvernement Français. Il ne s'agit plus de faire exploser des grenades sur des civils ou de tirer sur la foule comme lors de l'attentat de la rue des Rosiers de 1982, mais de combattre les forces de l'ordre Françaises ou l'armée Française en une guerre urbaine sur leur propre territoire.

Q-3 : D'où viennent ces armes ?
JW : Depuis la création de la communauté Européenne, les frontières avec la France sont ouvertes. L'Italie de par sa mafia a toujours représenté un marché en arme important. Si l'on ajoute à cela les pays de l'Europe de l'Est comme l'ancienne Yougoslavie qui a connu une guerre civile et qui a rejoint la communauté Européenne, l'on doit conclure que trouver des armes de guerre en France ne représente plus une grande difficulté.

Q-4 : Quel doit être l'aspect le plus important de l'enquête ?
JW : Il n'y a pas d'attentats terroristes de ce type sans financement. Et déterminer l'origine du financement déterminera aussi les commanditaires. Ces hommes ont pu agir ainsi parce que non seulement ils ont été entrainés mais parce qu'ils ont été financés. Comme pour les attentats du 11 Septembre 2001, déterminer le financement, prouvera les commanditaires.

Q-5 : Vous êtes le premier au monde à avoir écrit sur Business News : « Pire que le 11 Septembre ! » Pourquoi ?
JW : Cela est très simple. Comme pour le 11 Septembre, ce genre d'opérations créent des changements politiques majeurs vu les victimes mais aussi les symboles qui ont été attaqués. Si les services secrets Français remontent la filière du financement, ils pourraient se trouver en face d'éléments politiques majeurs. Je suis convaincu que ces hommes ont été financés par les services secrets Saoudiens ou Qataris. En criminologie, l'on dit toujours « cherche à qui le crime profite ». Ce crime n'a profité qu'aux pays qui se maintiennent au pouvoir en maintenant un système global d'Islam orthodoxe ayant usurpé la parole du Prophète Mohamed. Punir les auteurs des caricatures revient à envoyer un message très fort au reste du monde qui dit : « Ne touchez pas à nos régimes et à leurs valeurs sacrées sous peine de mourir ». Ces hommes qui ont tué sont des agents Saoudiens ou Qataris.

Q-6 : Et l'avenir du monde Arabe ?
JW : Ces attentats signifient la victoire de Bashar Al Assad, une vague de nationalisme Arabe au Moyen Orient, mais surtout la mort peu glorieuse des révolutions Arabes !

F.M. Alias JOHN WAYNE
Ancien élève au Collège Sadiki
Diplômé d'Histoire et de Sciences Politiques de l'Université Paris-Sorbonne.
Ancien Fonctionnaire aux Ministères des Affaires Etrangères et de l'Intérieur Tunisiens des gouvernements d'Habib Bourguiba et de Zine El Abidine Ben Ali.
Diplomate de carrière et spécialiste de la sécurité et du renseignement.



Et
versus
| 11-01-2015 15:51
Depuis quand le musulman est il une race? si les musulmans reconnaissent être une race, que l'on me dessine le genre d'animal auquel i ressemble. Il faut cesser de traiter les gens de raciste lorsqu'ils sont contre les musulmans, d'insoumis, oui, de racistes non.
@warda
versus
| 11-01-2015 15:47
J'agrée le début de votre post pas le reste. L'islam n'est pas la religion du monde, par conséquent, chez soit, est libre d'en dire ce qu'il veut. Je n'ai aucun respect à avoir pour ce que je n'agréé, chez moi, je l'évite simplement, CH était libre, chez lui de dire ce qu'il voulait dans les limite de la loi, non religieuse.
@Slahedine - Le mepris de soi et Le declin du Japon
HayyIbn Yagdhan
| 11-01-2015 15:31
Ce que vous dites sur le Japon fut peut être vrai dans les années 70 et le debut des années 80, mais hélas ce n'est plus vrai maintenant.

"Survival" est le but ultime de tous espèce inclus l'espèce humaine. Les Japonais semblent être une espèce en voie d'extinction
Les libertés et non la liberté
Griguer
| 11-01-2015 15:19
La démocratie, les droits humains, la protection des minorités, les libertés,
Les libertés : liberté de pensée, liberté d'expression, liberté d'information, liberté de culte, liberté de croyance, liberté vestimntaire, liberté d'écrire , liberté de designer, ...
Une société civile pleine de tabous n'est pas une société civile où les citoyens profitent pleinement et réellement des libertés.
Je suis musulman et Je suis Charlie.
A DHEJ
Kairouan
| 11-01-2015 14:49

Cher DHEJ,

Merci pour votre reponse, mais je vous avoue que je n'arrive pas a deceler votre position.
Laissez-moi vous dire d'abord qu'a aucun moment dans cette affaire de Charlie Hebdo, je n'ai voulu impliquer Dieu ou le Coran, ou comparer (!) l'infinite (un attribut divin) a la finitude des etres humains ou leur civilisation.
La question pour moi est une question de 'Raison versus Emotions'.

DHEJ, vous m'avez toujours tutoyee. Je ne connais pas votre age, mais vous avez surement toujours assume que vous etes beacoup plus age que moi (et plus sage, c'est comme ca au moins que je veux vous voir), et que donc je suis, pour ma part encore jeune et pleine d'enthousiasme risque!
Admettons que c'est vrai. Trouvez vous positif et tres sain -- comme quelqu'un qui peut inspirer de son experience quelqu'un de moins age que lui meme -- de defendre continuellement le statuquo et le fatalisme(Kaderisme) qui va avec? Je ne le pense pas. Et c'est que j'ai essaye de vous dire a travers mes repliques, que notre raison doit toujours prendre le pas sur nos emotions negatives et nos sentiments d'abattement.

Bien a vous

Confusion
Ahmed Rami
| 11-01-2015 14:38
Encore une chronique ratée. Confusion, incohérence. En lisant et relisant, on ne voit vraiment où vous voulez en venir et qui voulez-vous condamner. En un mot, c'est du charabia
@synda tajine
nazou
| 11-01-2015 14:32
ne soyez ni al qaida ni charlie
soyez plutot olivier !

http://www.les-crises.fr/charlie-hebdo-pas-raciste-si-vous-le-dites-par-olivier-cyran/