Le plus important pôle spécialisé dans le traitement du cancer en Tunisie vient de voir le jour à l’initiative du secteur privé : la clinique Ennasr inaugurée vendredi 6 février.
Appuyés par des banques, une pléiade d’éminents spécialistes tunisiens sont venus ainsi prêter main forte à l’Institut Salah Azaïez, où l’encombrement et les délais d’attente trop longs poussent des milliers de patients à partir se soigner en Europe. En France notamment.
Mieux encore, la clinique dépasse les performances de l’établissement public de santé en matière d’équipements. C’est grâce aux équipements de pointe, les dernières technologies en la matière, capables d’accroître considérablement le taux de guérison et de réduire au maximum les complications tardives.

L’inauguration, vendredi 6 février, de la clinique Ennasr a réuni la crème des responsables du secteur de la santé. Accompagné de son état-major presque au complet, Monder Zenaïdi, ministre de la Santé publique et Mohamed Gueddiche, ministre conseiller auprès du président de la République, ont été en effet aux premières loges.
Et pour cause : l’inauguration de ce nouvel établissement signe l’avènement d’une révolution copernicienne dans le traitement du cancer en Tunisie. C’est du moins ce qu’a affirmé Mondher Zenaïdi qui a mis l’accent sur les avancées technologiques qu’a introduit la clinique en Tunisie et l’importance d’une complémentarité entre les secteurs public et privé dans le domaine de la santé. De son côté, M. Gueddiche s’est dit « très fier» du niveau de compétence qu’offre ce nouveau pôle médical, indiquant que la Tunisie est aujourd’hui bien positionnée pour exporter son savoir-faire vers d’autres pays.

L’établissement privé situé au cœur du quartier résidentiel et huppé d’Ennasr, à la banlieue de Tunis, dispose à ce jour des meilleurs équipements en Tunisie destinés au traitement du cancer qui affecte quelque 9000 personnes chaque année dans notre pays.
Dans le volet radiothérapie (utilisation des rayons ionisants pour détruire les cellules cancéreuses), la clinique vient de se doter du premier accélérateur linéaire en Tunisie. Il s’agit d’un appareil délivrant une gamme variante de frayons, ce qui permet de traiter aussi bien les tumeurs superficielles que celles profondes. « L’accélérateur est également équipé d’un collimateur mutilâmes qui permet d’épouser la forme de la tumeur et d’un imageur portable aidant à la correction de la position du patient», précise Dr. Khalil Ben Fredj, radiophysicien au centre radiologie.
Outre l’accélérateur, la clinique s’est doté d’un scanner 16 barrettes équipé de lasers mobiles. « Ce scanner, le deuxième du genre en Tunisie, après celui de l’hôpital Salah Azaïez, permet une simulation virtuelle de l’intervention. D’autres équipements à la pointe de la technologie aident à assurer la radiothérapie en trois dimensions (3D) tels un système de planification du traitement et un système informatique de contrôle et de vérification pour la gestion informatisée de la fiche technique du patient destiné à éviter les erreurs humaines », renchérit le. Ben Fredj.

Implanté sur une superficie globale de 9600 m², la Clinique Ennasr dispose également d’une unité de chimiothérapie, d’un centre de consultation externe animé par une vingtaine de spécialistes et couvrant une large palette de pathologies ainsi que d’une unité d’hospitalisation composée de 30 chambres individuelles offrant un très grand confort et d’un hôpital de séjour de dix-huit lits.
Ce n’est pas tout. De nouveaux services seront proposés avant la fin 2009. « La deuxième étape du projet comprend une unité de chirurgie composée d’un bloc opératoire avec trois salles aseptiques et une unité de détection précoce du cancer équipée d’un échographe et d’un mammographe», souligne Dr. Monia Malek Zghal qui a été à l’origine du projet, en association avec son époux, Dr. Slim Malek, et de quelques autres éminents spécialistes.
Pour compléter le tour de table de la société « Errahma » (Miséricorde) qui gère la clinique, les médecins associés ont bénéficié du soutien de plusieurs banques publiques. D’autant plus que le coût de l’investissement est colossal : 18,2 millions de dinars.

Malgré le coût élevé des équipements et des 120 médecins et autres cadres médicaux qu’emploie la clinique, les tarifs de soins proposés seront sans commune mesure avec ceux pratiqués en Europe. « Une cure complète de radiothérapie coûte 10.000 euros en France en sus des frais de voyages. En Tunisie elle ne devrait pas dépasser les 6.000 dinars, tous frais compris », assure Dr. Zghal. En clair, les patients tunisiens n’auront plus à voyager en Europe pour être traités. Mieux encore, la clinique pourrait attirer des patients étrangers puisque la Clinique Ennasr figure parmi les très rares cliniques nord-africaines possédant ces équipements. Et au vu de la technicité des médecins tunisiens (qu’on ne présente plus), il n’est donc plus besoin de voyager pour se soigner.
On apprend, d’ailleurs, qu’une convention sera sous peu signée avec Europe Assistance pour permettre à la clinique tunisienne d‘accueillir des patients originaires d’Afrique subsaharienne et des autres pays du Maghreb.