alexametrics
vendredi 19 avril 2024
Heure de Tunis : 08:04
Dernières news
Une dizaine de milliers de personnes à la 'Melyouneya' d'Ennahdha (MAJ)
04/08/2013 | 1
min
Une dizaine de milliers de personnes à la 'Melyouneya' d'Ennahdha (MAJ)
{legende_image}


Alors que les chaînes d’Ennahdha, « Moutawasset TV » et « Zitouna TV » affirment que les manifestants sont au nombre de centaines de milliers de personnes, une dizaine de milliers de personnes seulement se sont réunies à la place de la Kasbah le soir du 3 août à l’initiative du parti islamiste Ennahdha, selon nos estimations et en prenant en considération la superficie de la place de la Kasbah, celle de l'esplanade et des rues avoisinantes. Une large partie des manifestants ont été acheminés en bus en provenance de plusieurs régions. Cela dit, la circulation n'était pas arrêtée comme cela devait être le cas s'il y avait des centaines de milliers de personnes dans la zone. Dans tous les cas, en brassant très large et en comptant les chalands, on n'atteint pas les 15.000 personnes ce soir à la Kasbah. On mentionnera toutefois le chiffre de 30.000 donné par la police et rapporté par quelques médias. Le fait est que, politiquement, la manifestation n'est pas un succès pour Ennahdha qui n'a cessé de parler d'un million de personnes depuis plusieurs jours et a mobilisé énormément de moyens et beaucoup de mosquées pour ce rendez-vous. 

On notera que des bus de transport public ont été utilisés dans cette opération, particuliéremnt ceux de Kairouan, Jendouba, Gafsa et Kasserine. Le stationnement sauvage de ces bus a causé un embouteillage monstre dans les rues environnantes. L’humour tranchant du tunisien a sévi concernant les bus et les personnes acheminées. En comptant 50 personnes par bus et 20 dinars par personne on a 1000 dinars par bus, d’où la « melyouneya ».

Objet de pressions des autres partis politiques et de la rue tunisienne, le parti islamiste se livre à une démonstration de force et mobilise ses troupes, venus de toutes les régions de Tunisie, pour une contre-manifestation à celle du Bardo. Une manifestation placée sous le signe de l’unité nationale et de la défense de la légitimité et protégée par un impressionnant service d’ordre.
La scène qui avait été installée dans l’après midi a commencé par accueillir des chanteurs dont les interprétations ont été reprises en chœur par les présents et dédiés aux « frères en Syrie et en Tchétchénie ». Un hommage a été rendu aux martyrs et des slogans on été répétés à l’instar de « Le martyr a laissé une volonté : ne pas céder la légitimité ».

La manifestation a rassemblé, entre autres, les membres du parti Wafa, du CPR, les membres des Ligues de protection de la révolution. Abderrahmen Souguir, qui était parmi les manifestants, a harangué les foules en disant qu’il est « le fils de Rached Ghannouchi et que si c’est un terroriste, alors il est le commandant de l’aile armée du cheikh ». Il a ajouté, à l’adresse des opposants, « si vous dissolvez l’ANC, vous aurez déclaré la guerre ». Recoba était également de la partie et il a chanté des slogans hostiles à Hamma Hammemi, à Jawher Ben Mbarek et aux médias. Des banderoles hostiles à la télévision nationale ont également été vues. Par ailleurs, une pétition a circulé parmi les manifestants demandant que les élus qui se sont retirés de l’ANC rendent l’argent du peuple.

La ministre CPR, Sihem Badi, a fait un discours remarqué lors de ce rassemblement.
Elle a déclaré qu’elle ne voulait pas aller au Bardo, car cet endroit, avec les barbelés, symbolise la division des Tunisiens. Pourtant, ceci ne l’a pas empêché de dire que si les opposants voulaient que « ça se décide » dans la rue alors ils descendraient dans la rue. Alliant les saines volontés à un discours menaçant, Sihem Badi a déclaré que les vrais ennemis sont la pauvreté, le chômage et le terrorisme et qu’il est temps de consacrer l’unité nationale. Dans la foulée, la ministre a déclaré que « leur coup d’Etat a échoué grâce au peuple », faisant référence aux sit-inneurs du Bardo.

Parmi les festivités organisées par Ennahdha, il y a eu des feux d’artifice ainsi qu’une chorale de petits garçons en tenue militaire. Le slogan habituel « Moutou bi ghaythikom » (Mourrez de haine) a également été chanté lors de la manifestation qui parle, officiellement, d'unité.
Abderraouf Ayadi était également de la partie et n’a pas hésité, dans son discours, à dénigrer Nidaa Tounes et son leader Béji Caïd Essebsi qui voudrait « faire un coup d’Etat ». Il a également affirmé que Ben Ali et Bourguiba étaient des collabos de la colonisation française et a insisté sur la nécessité d’immuniser la révolution. Comme à son habitude, il a évoqué un complot sioniste qui frappe la Tunisie.

Plusieurs autres personnalités politiques étaient présentes à cette manifestation dont Rached Ghannouchi, Meherzia Laâbidi et Imed Daïmi. Par ailleurs, une scène folklorique a eu lieu sur la scène. Conduits par un Oussama El Sghaïr enflammé, des membres de l’ANC ont réitéré le serment qu’ils avaient fait en prenant leurs fonctions à l’Assemblée en compagnie du public, en le finissant par un « Takbir ».

Rached Ghannouchi, chef du parti islamiste, a pris la parole et a commencé par exprimer son souhait de ne voir que le drapeau tunisien sur cette place, demandant ainsi implicitement à ses manifestants de baisser les drapeaux noirs. Il a ensuite parlé de la nécessité de l’union nationale et il n’a pas oublié de féliciter ses partisans en déclarant « Ce déluge humain, le plus grand rassemblement de Tunisie, me rappelle la conquête de La Mecque ». Le leader islamiste a également déclaré que ses opposants évitaient les urnes, car ils ont peur de perdre à nouveau. Rached Ghannouchi a également rendu hommage aux soldats tués à Châambi et déclaré que les meurtres politiques étaient perpétrés par les contre révolutionnaires. Il s’est également prononcé pour la réconciliation et a exprimé son respect aux bâtisseurs de l’Etat tout en demandant que ceux qui ont torturé ou falsifié des élections doivent être punis. Rached Ghannouchi a également raffirmé son attachement à l'ANC et au chef du gouvernement, comme étant des lignes rouges à ne pas transgresser tout en disant être disposé à faire un référendum sur le sujet, argument déjà utilisé par Ali Laârayedh.
 

Nessim Ben Gharbia
04/08/2013 | 1
min
Suivez-nous