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Tribunes
Ils n'ont plus d'imagination. A nous de jouer !
04/11/2017 | 12:10
2 min
Ils n'ont plus d'imagination. A nous de jouer !

Par Nabil Ben Azouz*

 

Ce qui se passe dernièrement sur la scène politique inquiète et nous laisse perplexes quant au devenir de notre processus démocratique. Tout prête à croire que ce processus est en danger. Que l’on en juge.

 

Tout d’abord, le spectacle désolant sentant la magouille et le « taghawal » que donnent les députés de l’ARP qui parait-il, n’arrivent pas, ou plus exactement ne veulent pas élire le futur président de l’ISIE. Chacun voudrait, mais ça ils n’ont pas le courage de le dire, qu’il soit son futur « factotum ».

 

Concernant les membres de l’ISIE eux-mêmes, ils sont autant responsables de cette situation abracadabrante que les députés. On les croyait soudés et unis. Qu’a-t-on vu ? Ils se présentent à six et ne cachent pas le fait qu’ils se détestent royalement. Chacun voulant devenir vizir à la place du vizir ! La démocratie tunisienne n’est pas la caverne d’Ali Baba. Soyez humbles. On peut vous proposer une solution simple : désistez vous tous les six et imposer à l’ARP un seul nom. Il serait judicieux et très noble de votre part de vous mettre d’accord sur le nom d’une des femmes membre de l’ISIE. Cela aura de la gueule et on vous félicitera.

 

Par ailleurs et concernant notre processus démocratique pas encore achevé, le pire danger qui le guette c’est ce que l’ARP a osé voter le 26 octobre dernier, et presque en cachette comme à son habitude, un article de loi ouvertement liberticide. Et cela hélas, dans un silence assourdissant et donc complice de certains politiques et de quelques médias.

 

Effectivement, l'ARP en pleine nuit et alors que cette question n'était même pas à l'ordre du jour, a validé sans honte aucune, l'art. 33 du projet de loi manigancé par le gouvernement et cela contre l'avis des experts et contre la décision de l'Instance provisoire de contrôle de constitutionnalité des projets de loi qui l'avait pourtant rejeté pour inconstitutionnalité en août dernier... Le summum du culot ! 


Désormais, un ou plusieurs membres de toute instance constitutionnelle peuvent être démis de leurs fonctions à la demande d'un tiers des députés et par l'adoption à une majorité des deux tiers. Donc les parlementaires, désormais juges et parties, peuvent quand ils le désirent "virer" tout membre de n'importe quelle instance constitutionnelle ! 


Imaginez les dépassements et les magouilles, en plus du fait que c'est un moyen diabolique pour mettre ces instances sous tutelle, qui certes, doivent rendre des comptes, mais jamais que l'on vire un de ses membres comme un malpropre lors de son mandat. C’est de plus en plus clair que ce Parlement, et beaucoup d’autres également, refusent tout contre-pouvoir et montrent finalement leur dédain de la démocratie.


C'est ainsi que l'on achève une démocratie... naissante. Et il est grand temps, hélas et encore une fois, que notre Quartet nobélisé monte au créneau. La majorité de la société civile, fatiguée, divisée, démobilisée, démoralisée n’attend qu’un signal pour retrouver ce « romantisme révolutionnaire » créateur des débuts 2011, que beaucoup ont hélas, déjà oublié. Quand le peuple veut… !

 

* Militant indépendant

04/11/2017 | 12:10
2 min
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Commentaires (4)

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Nephentes
| 04-11-2017 19:01
L'article paraît à un moment crucial pour l'avenir de la démocratie tunisienne, en effet.

Une démocratie que l'on cherche à étouffer lentement.

En silence.

Dans l"indifférence, l'irresponsabilité ou la résignation générale.

Depuis l'éviction de Habib Essid, BCE a nommé son docile poulain, Youssef CHAHED, afin de reprendre la main sur l'exécutif tunisien.

AU MÉPRIS DE LA CONSTITUTION.

La majorité gouvernementale, à peine remaniée, continue de reposer sur une alliance contre nature mais dictée par nos "bonnes fées" et autres créanciers.

Ce gouvernement, rappelons le, recycle nombre de personnalités de l'ancien régime, et en particulier, fait passé soigneusement sous silence, d'hommes de mains et anciens tortionnaires de benali à la sécurité intérieure.

Le gouvernement Chahed a pour but principal d'appliquer le discret mais impitoyable diktat du FMI : la Tunisie a signé en mai 2016 un accord de mécanisme élargi de crédit, c'est-à-dire un prêt à hauteur de 2,8 milliards de dollars en échange de l'application d'un plan d'ajustement structurel, le deuxième depuis janvier 2011.

Or, fait également soigneusement passé sous silence, les programmes de contraction budgétaire menés depuis 2014 ont lamentablement échoués : le déficit et la dette publics ont explosé en 2016 par rapport aux prévisions, forçant le FMI et les autorités du pays à revoir leurs estimations à la baisse .

L'endettement public s'emballe, atteignant 66,9 % du PIB en juin 2017 (contre 41 % fin 2010).

Le FMI a fait de la diminution de la masse salariale l'un des objectifs prioritaires pour la Tunisie.

Or notre État ne réalise pas d'investissements publics : il cherche plutôt à promouvoir des « partenariats public-privé », qu'il faut considérer comme des investissements privés aidés par l'État, ET CE AUPRÈS D'INVESTISSEURS QUI S'INTÉRESSENT AUX SECTEURS ECONOMIQUES NON PRODUCTIFS.

Résultat CATASTROPHIQUE ; notre économie se contracte et, mécaniquement, les salariés refusant de subir une pression sur leur revenu deviennent trop chers pour un État dont les sources de financement autres que la dette externe viennent à manquer.

Et ce dans un contexte de dégringolade inédite du pouvoir d'achat, depuis plus de cinq années déjà.

A cela s'ajoute un subtil mais RÉEL RESSERREMENT DES LIBERTÉS PUBLIQUES ET UNE PRESSION ACCRUE SUR LES JOURNALISTES, toujours dans la passivité générale.

La lutte contre la corruption est biaisée, instrumentalisée par l'oligarchie semi-mafieuse dominante, tout aussi corrompue que les barons de l'économie informelle : sont arrêtés ici et là des hommes d'affaires liés à des activités frauduleuses ou de contrebande, mais, dans le même temps, la loi de « réconciliation » qui vise à offrir l'impunité aux corrompus de l'ère Ben Ali a été finalement adoptée par le parlement tunisien le 13 septembre dernier.

LA LUTTE CONTRE LA CORRUPTION EST UNE GUERRE DE CLANS MAFIEUX, VISANT A RECONQUÉRIR DES TERRITOIRES PERDUS.

On prend les mêmes et on recommence !

Dream
| 04-11-2017 16:49
Je vous propose de lire le commentaire de Jamel Tazarki: Politique conjoncturelle!

voir le lien suivant:

http://www.businessnews.com.tn/tant-que-le-patronat-est-lae-le-gouvernement-fait-ce-quil-veut,519,75792,3

TMT
| 04-11-2017 12:44
Auriez vous l'amabilité de nous indiquer l'auteur?

Réponse B.N : Merci d'avoir attiré notre attention.

Larry
| 04-11-2017 12:30
LE PEUPLE PEUT !

Et personne ne l'arrêtera .....
(déjà vu en un certain décembre)
Tenez vous le pour dit !