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Chroniques
Il faut réformer le régime de retraite, aujourd’hui avant demain !
03/05/2018 | 15:59
4 min

 Par Houcine Ben Achour

 

 

C’est le dossier le plus compliqué politiquement, le plus explosif socialement et le plus important stratégiquement. On parle bien entendu de la réforme du système de retraite. Celle-ci pourrait-elle être mise en œuvre avant 2019 comme le souhaite le Fonds monétaire international (FMI) qui, dans le communiqué de fin de mission  de son équipe chargée de la revue-programme avec les autorités tunisiennes, en avril 2018, a estimé que « le relèvement de l’âge de la retraite et des réformes paramétriques supplémentaires sont essentiel pour contenir les déficits du système de sécurité social » ?

Rien n’est moins sûr. Car, ce qui s’est passé il y a une dizaine de jours avec la vague de protestation des retraités du secteur public, en raison du retard pris dans le versement de leur pension, constitue un sérieux coup de semonce auquel le gouvernement a répondu en promettant que cette situation ne se reproduirait plus à l’avenir. A la gageure. Il y a bien intérêt, devraient logiquement estimer les partis politiques qui le soutiennent, ne voulant absolument pas mécontenter une catégorie sociale qui représente près de 20% du corps électoral à l’approche d’une échéance aussi importante que les élections législatives et présidentielles de 2019.

 

En tout cas, ce mouvement des retraités semble avoir réveillé à bon escient des consciences. A cet égard, il n’est pas aberrant de penser que la bronca des retraités ait influé la décision de la direction de l’UGTT de mettre le holà à la grève perlée de l’enseignement secondaire et peut être bien de l’amener à mettre un bémol à la tenue de négociations sur des augmentations de salaires dans le secteur public. Cette manifestation des retraités a, plus que tout autre chose, mis clairement en évidence la réelle situation des finances publiques. Celles-ci sont manifestement préoccupantes. A tel enseigne que non seulement il n’est plus question d’envisager une quelconque augmentation des salaires en 2018, mais qu’il faudrait s’attendre à ce que les salaires des fonctionnaires connaissent, de temps à autre, un retard dans leur versement.

 

En tout cas, une chose est maintenant indéniable. En l’état, notre système actuel de retraite n’a plus d’avenir. Et la création d’un Fonds de soutien au régime des retraites par la loi de finances 2018 n’est en fait qu’un palliatif  et non la thérapie qui éviterait la métastase des finances publiques du pays. Le déficit du régime des retraites n’est que le symptôme du mal. Et l’enjeu ne se situe pas seulement au niveau des ressources.

Le mal ne tient pas tant au principe de répartition sur lequel se fonde le régime de retraites que sur la méthode de calcul des pensions.

 

Une étude menée en 2013 par le Centre de recherches et d’études sociales (Cres) sur le niveau des pensions de retraite dans le secteur public indiquait déjà qu’entre 2002 et 2012, le nombre des retraités du secteur public a augmenté au rythme de plus de 6% alors que le nombre des actifs n’a évolué qu’au rythme de 2,1%. Dans le même temps, la proportion des retraités bénéficiant d’une pension supérieure  à 3 fois le Smig est passée de 25,5%  à 46,6%. Une autre étude du même Cres publiée en octobre 2013 sur les indicateurs de rendement des systèmes de retraite en Tunisie montrait qu’un fonctionnaire ayant accompli une longue bénéficiait d’une pension nette égale variant entre 91% et 97% selon le niveau de son dernier salaire. Il récupère le montant total de ses cotisations au bout 3 années et demie de retraite. C’est ce qu’on appelle le délai de récupération.

Enfin, compte tenu de son espérance de vie, il gagnerait plus de 9 fois ce qu’il a versé en termes de cotisation, c'est-à-dire un taux de récupération de plus de 900%. Le Cres s’est amusé à évaluer le rendement financier annuel moyen de ses cotisations. Il serait de près de 12%. Lorsqu’on sait que le taux d’intérêt des crédits à la construction accordés par la Cnrps à ses affiliés est de 6,25%, on imagine aisément le dérapage.

 

Il est clair que la méthode de calcul des pensions mérite largement d’être revisitée.  Le calcul de la pension sur la base des annuités n’est visiblement plus viable. N’est-il pas temps d’établir une nouvelle méthode de calcul dont la base serait le montant des cotisations effectivement acquittées ? Voila la véritable question à laquelle il faut répondre au plus vite, avant que le système ne s’effondre irrémédiablement.

                                                        .                                                   

 

 

 

 

 

 

03/05/2018 | 15:59
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Commentaires (4)

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Khneji
| 05-05-2018 10:20
Je partage le point de vue de Mr Houcine ....Il faut revoir une nouvelle methode de calcul mais avec Taboubi et ses adjoints et leurs lignes rouges!!! avec les mains tremblantes d un gvt qui n ose pas confronter le fond du probleme !!!!je ne pense pas que la situation des caisses sociales verra des jours meilleurs.

AMOROS
| 04-05-2018 15:31
Cet article ne contient que des contre-vérités et l induction en erreur des décideurs pour prendre des décisions très douleureuses à l encontre des retraités qui avaient le mérite de faire fonctionner l administration publique convenablement même avec des situations et des conditions matérielles et financières inconvenantes parfois. Atteints dans leur majorité de dépression d épuisement ( burn out ), leurs rémunérations salaires, primes et indemnités énumérés dans le tableau de la structure salariale soumis à retenues pour pensions ont fait l objet de coti-contributions au un cinquième de cette masse(charges de l employé et de l employeur). Les milliers de milliards versés à la trésorerie générale depuis la création de la CNR jusqu'à 1975 puis à partir de cette date jusqu'à ce jour dans les comptes de la CNRPS n ont pas utilisés à bon escient ( mauvaise gestion, dilapidation, couverture de charges illégales, malversations, complaisance des corporations des proches et des soi-disant militants. Les lois doivent être appliquées pour restituer l argent des affiliés en procédant à un audit approfondi. Tous les mauvais décideurs responsables de cette mascarade doivent rendre compte de leurs delits (ministres, PDG, hauts cadres etc...).l '?tat est garant des droits de ces citoyens démunis par les efforts et les éminents services rendus à la patrie.

je dis la vérité
| 03-05-2018 22:27
Je m'explique :

M.Ben Achour s'est documenté pour écrire son papier. Mais, ce n'est pas tout.
Le regime des retraites en Tunisie, est le régime par répartition. Le salarié (non fonctionnaire) cotise avec le soutien de son employeur(entreprise), en vue de garantir un jour une pension viagère. La CNSS, organisme de l'Etat gère ces fonds considérables, sous forme de placements.
Cependant, pour le cas des fonctionnaires, l'Etat ne cotise pas à la CNRPS, cette caisse des fonctionnaires.
Seules les cotisations des fonctionnaires actifs, financent cette caisse. L'Etat verse les pensions des fonctionnaires retraités à partir de son budget annuel, c'est à dire la collecte d'impôts.

Avec l'accroissement des retraités et la montée de l'espérance de vie, il y a un problème.
S'il y a déficit dans les caisses, on ne va quand même mettre la main dans la poche des salariés et ce n'est pas de cette façon que l'on opère.

Plus aspects sont envisageables :
* Limiter le nombre de fonctionnaires, sur une période acceptable, sans nuire au secteur public.Il faudrait mettre un programme bien ficelé et accepté sans heurts par l'opinion publique.

*Revoir le problème en amont pour le secteur privé : Eradiquer le chômage des jeunes. Finalement, c'est eux qui financeront les retraites de leurs aînés.Le pays, actuellement est bloqué dans ce sens.

*Augmenter légèrement les cotisations sociales, sans pénaliser le revenu des salariés. Cela s'est fait déjà.

*Augmenter l'âge de départ à la retraite, tout au moins, pour ceux qui font un travail peu pénible. L'espérance de vie, c'est vrai ayant augmenté. Encore un point à débattre.Noeud gordien.

L'Etat tunisien est sous pression, depuis qu'il est maintenant endetté avec le FMI. Le FMI ne transige pas et il est même exigent.Il y a également le problème des entreprises publiques déficitaires qui reste préoccupant.
Mais leur privatisation partielle, pourrait être la solution.L'Etat garde substantiellement les 51 % de leur capital, pour ne pas subir l'ire de la grogne sociale.
Pour conclure, il y a des solutions. Il savoir comment s'y prendre.

DHEJ
| 03-05-2018 17:40
Mais le CRES a-t-il le savoir faire?

Question '?NERGIE est la pension car sujet d'une bonne régulation


Bref pour moi je n'ai jamais cru en ces caisses INJUSTES depuis mon jeune âge!