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Chroniques
Certains démocrates devraient être interdits de présidentielle !
29/10/2014 | 15:59
4 min
Par Marouen Achouri

Selon les premiers résultats des élections législatives, on peut affirmer que Ennahda et Nidaa Tounes se disputent les premières places du classement talonnés par le Front populaire et l’Union patriotique libre, la « société privée » comme l’appelle l’avocat Abdennaser Laouini.

Plusieurs lectures de grande qualité sont proposées par les médias et certains politiciens des résultats de ces élections. L’un des grands enseignements est la défaite cuisante de la famille « démocrate ». Pour être plus précis, certains partis ont payé le prix fort lors de ces élections : L’Alliance démocratique, l’Union pour la Tunisie c'est-à-dire Al Massar ex Ettajdid, Al Joumhouri, Ettakatol et d’autres.

Ces partis seraient intellectuellement malhonnêtes et viscéralement inconscients s’ils n’admettaient pas cette honteuse défaite. Les représentants de ces partis étaient pourtant les stars des plateaux télé pendant trois ans et on se rappelle tous des discours enflammés de Samir Taïeb ou de Mohamed Hamdi. On se rappelle de la sagesse de Fadhel Moussa ou des sorties de Mahmoud Baroudi. Qu’est ce qui a cloché dans ce cas ? Pourquoi ça n’a pas marché ?

L’un des premiers enseignements à tirer pour cette famille serait de comprendre qu’une élection ne se gagne pas à la télé. Nombre d’entre eux ont pourtant pensé, naïvement, y parvenir montrant ainsi leur dédain et leur déconnexion du peuple tunisien. Par ailleurs, ces micro-partis incapables de remplir un bus ou une salle des fêtes, ont refusé de voir cette réalité et se sont pris pour de vrais leaders d’opinion suivis par des centaines de milliers de personnes. Pourtant, des sondages ont été publiés pendant 3 ans montrant, à chaque fois, que le meilleur d’entre ces partis culminait à 3% d’intentions de vote !

Malgré cela, tout ces leaders, hormis quelques trop rares exceptions, se trainaient -et continuent d’ailleurs- des égos surdimensionnés. Tous les sondages disaient : « Vous allez vous rétamer ! », les gens leur disaient qu’ils ne croyaient pas en eux, les élections législatives ont confirmé tout cela. A quand une remise en question ? A quand une réelle réflexion ? Mystère.

Ça pleurniche, ça fait la tournée des plateaux et pourtant les chiffres montrent que ce ne sont que des leaders de pacotille. Toutefois, il ne semble pas que ces politiciens prennent la juste mesure des choses. La preuve est fournie par l’élection présidentielle. Un homme politique incapable de glaner un siège aux législatives dans sa ville peut-il vraiment concourir à présider l’ensemble des Tunisiens ? Est-il réaliste que le chef d’un parti incapable de gagner un siège sur tout le territoire tunisien puisse prétendre devenir président de la République ? La logique dirait non, mais ces politiciens disent oui. Mais bon, on sait bien qu’ils se sont depuis longtemps fâchés avec la logique.

Malgré les demandes incessantes de la population et de tous ceux qui suivent de près la vie politique, ces partis ont refusé de s’allier et de présenter une alternative crédible au peuple tunisien. Il est vrai qu’il aurait été inconcevable que Mustapha Ben Jaâfar et Ahmed Néjib Chebbi renoncent à se partager leurs 2% d’intentions de vote ! Pour être tout à fait juste, certains leaders de deuxième plan dans ces partis étaient pour cette idée et ont même travaillé pour. Mais c’était sans compter sur les égos de ces dirigeants dopés par les éloges de leur entourage proche ou de leurs postes négociés par l’ANC.

Aujourd’hui, on pleurniche sur l’absence de Fadhel Moussa dans la prochaine assemblée. On se désole de l’élimination de Nadia Chaâbane ou de Mohamed Hamdi. Avec tout le respect qu’on peut avoir pour ces personnes, on ne peut aller au-delà de l’aspect individuel. Chacun d’entre eux s’est battu, oui, mais sans avoir de projet alternatif, sans être une option crédible. Ils auraient pu être un refuge pour ceux qui ne voulaient voter ni pour Nidaa Tounes ni pour Ennahdha, et ceux là sont nombreux. Mais non, leur immaturité politique et leurs égos les ont conduits à se faire écraser par un parti islamiste ayant un bilan désastreux au pouvoir et un parti destourien créé il ya à peine deux ans !

Quand on ne porte pas de projet, quand on s’entête à taper dans le mur, il faut prendre du recul et réfléchir à la réalité des choses. Les partis dont il est question ont été frappés par un désaveu clair et net. Au lieu de pleurnicher, de désigner des responsables, il faudrait agir en personnes lucides en commençant par se retirer de la présidentielle et ensuite, travailler pendant 5 ans à devenir de vrais partis politiques et non des clubs de réflexion, peut-être qu’aux prochaines élections, ils dépasseront les 10%.


29/10/2014 | 15:59
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