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Chroniques
Histoires de femmes
04/02/2018 | 16:01
2 min

La visite du président français Emanuel Macron en Tunisie a fait couler beaucoup d’encre. Parmi les faits qui ont marqué cette visite, la qualité de la délégation qui l’a accompagné au sein de laquelle beaucoup ont noté la présence de quatre Tunisiennes.

 

En fait, il s’agit simplement de quatre femmes d’origine tunisienne. Mais elles ont choisi d’être Françaises, de défendre le drapeau tricolore et les intérêts de la France. On voulait, en mettant en avant la présence de ces quatre dirigeantes dans la délégation officielle qui a accompagné le président français, valoriser la réussite de la femme tunisienne. En réalité, cette présence confirme l’échec du système tunisien, incapable de préserver ses cadres et leur offrir les conditions de succès et d’épanouissement dans leur propre pays. Ceci est vrai pour ces jeunes femmes.  Cela est malheureusement vrai pour des milliers de Tunisiens hommes et femmes qui cherchent par tous les moyens de quitter leur pays et aller tenter leurs chances ailleurs, là où ils se sentent à l’aise et épanouis. Cette histoire n’est pas une petite histoire de femmes. C’est l’histoire d’un pays qui ne sait plus garder ses enfants et entretenir chez eux le rêve d’un avenir meilleur.

 

Au même moment, les réseaux sociaux se partagent l’annonce publiée par un Saoudien qui veut vendre « sa » femme de ménage, de nationalité tunisienne, fraichement achetée à un bureau de placement de la place pour la modique somme de quatorze mille rials. Sa femme la trouve trop belle, parait-il, pour accepter de l’héberger chez elle. Heureusement pour cette jeune femme, tout comme celle qui a trouvé sa photo accompagnant cette annonce de la honte et qui est passée, elle aussi par un bureau de placement, elles n’avaient pas encore quitté le territoire national. Elles ont évité de justesse de se trouver au centre d’un réseau de traite des êtres humains et d’être vendues comme du bétail. Mais combien d’autres Tunisiennes n’ont pas eu cette chance et se sont trouvées piégées dans des réseaux de prostitution ou travaillant dans des conditions inhumaines dans des pays du Golfe décriés pour leur mépris des normes essentielles du travail décent et des droits humains les plus simples ? Pour combien de temps encore, ces bureaux de placement anarchiques continueront-ils à sévir en toute impunité, à fructifier, au vu et au su de tous, leur business illégal et souvent criminel ? Il ne s’agit pas là d’une histoire de deux jeune femmes arnaquées. Il s’agit de l’histoire d’un pays qui laisse ses jeunes citoyens dans la détresse au point de succomber aux machinations des malfrats et devenir des proies faciles des négriers des temps modernes et des parrains du crime organisé.

 

Au même moment, une commission de réflexion est sur le point de remettre ses conclusions au chef de l’Etat concernant son initiative annoncée le 13 août dernier au sujet de l’égalité dans l’héritage. Aux dernières nouvelles, cette commission proposerait que les citoyens choisissent de leur vivant entre le système de l’héritage religieux, en application actuellement, et l’égalité de l’héritage. Nous ne pouvons qu’espérer que la commission s’abstienne de faire cette proposition. En effet, il ne s’agit pas d’une simple histoire d’héritage des femmes. Il s’agit de l’histoire de l’égalité dans un pays qui peine à traduire ses velléités de modernité, d’égalité et de liberté en principes ancrés et des textes de lois applicables pour tous.

 

04/02/2018 | 16:01
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