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Hamadi Jebali claque la porte !
24/03/2014 | 1
min
Hamadi Jebali claque la porte !
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Le fait marquant du jour a été l'officialisation de la démission de Hamadi Jebali du poste de secrétaire général du mouvement Ennahdha. Après une longue absence politique et médiatique, entrecoupée de rares interventions controversées, Hamadi Jebali a fini par dévoiler un secret de polichinelle par le biais d'un communiqué sur sa page Facebook le 24 mars 2014.

Le premier chef du gouvernement du parti Ennahdha, avait démissionné de son poste au lendemain de l'assassinat de Chokri Belaïd le 6 février 2013. Il avait laissé derrière lui un bilan mitigé et un pays dans une situation critique. Son initiative de démissionner en avouant son échec dans la gestion du pays l'avait crédité d'une bonne impression de l'opinion publique. C'est à partir de ce moment là que l'on a commencé à évoquer le nom de Hamadi Jebali en tant que possible candidat à la présidence de la République.

C'est justement cette démission qui a marqué la fracture entre Hamadi Jebali et son parti, Ennahdha. Sa proposition de constituer, déjà, un gouvernement composé de technocrates pour lui succéder était mal passée auprès de ses compères d'Ennahdha. Il n'y a pas eu de révélations médiatiques ni de grands éclats de voix sur les plateaux télé mais la rupture était bel et bien là. Même la scène où Hamadi Jebali embrassait chaleureusement le front de Rached Ghannouchi après sa démission de la présidence du gouvernement n'y a rien fait.

Aujourd'hui, le désaccord est arrivé à un tel point que Hamadi Jebali a choisi de se retirer de son poste de secrétaire général du parti Ennahdha. Le timing de cette décision n'est pas fortuit et cette défection de l'un des symboles du mouvement islamiste, tout juste avant le référendum interne, n'est pas innocente. Il faut avouer que c'est un exercice inédit, le parti se propose de consulter ses adhérents pour fixer la date du prochain congrès. C'est justement de ce congrès qu'il est question car la rumeur dit que ce serait l'occasion d'évincer officiellement Hamadi Jebali du parti. Une démission de sa part est un geste plus élégant vu son rang et son passé au sein du parti.

Dans son communiqué rendu public le 24 mars 2014, Hamadi Jebali n'évoque pas les raisons de sa démission mais les qualifie de raisons "personnelles et objectives". Toutefois, il n'apporte aucune explication et laisse libre cours aux interprétations les plus diverses. Hamadi Jebali a également un mot pour son parti d'origine puisqu'il précise que cette démission n'est pas une tentative de scinder le parti ou de l'affaiblir. L'ex-chef du gouvernement dissipe, par la suite, tous les doutes concernant son intention de rejoindre ou de fonder un autre parti.

Dans la suite de son texte, Hamadi Jebali évoque l'élection présidentielle et déclare que le fait de se présenter ou non est une décision qui doit être réfléchie et mûrie. Il continue en disant que les conditions nécessaires pour prendre ce type de décision ne sont pas réunies pour l'instant mais ajoute que "la question reste ouverte". Dans l'édition de mars 2014 du sondage d'opinion EMRHOD, Hamadi Jebali est crédité de 4,9% d'intentions de vote au cas où il se présenterait à l'élection présidentielle. C'est un score faible mais qui le place quand même en deuxième position derrière Béji Caïd Essebsi qui obtiendrait 19,3% des voix. Serait-ce une raison pouvant inciter Hamadi Jebali à se présenter à la présidentielle? Nul ne peut le savoir mais il est certain que c'est un élément qui pèsera dans la balance lorsque Hamadi Jebali aura à décider.

Un autre élément risque de peser dans la balance. Si Hamadi Jebali se présente à la présidentielle, il enlèvera forcément des voix au candidat soutenu par Ennahdha car les deux puisent dans le même vivier. Connu pour son sens aigu du devoir, Hamadi Jebali réfléchira à deux fois avant de se présenter s'il sait qu'il va nuire, d'une manière ou d'une autre, à son parti originel, Ennahdha.

Quoi qu'il en soit, la défection de Hamadi Jebali ouvre la voie à une course à la succession au sein d'Ennahdha. Le poste stratégique de secrétaire général du parti est désormais libre et l'on parle, dans les couloirs, de Noureddine Bhiri ou de Abdellatif Mekki comme possibles successeurs. Par conséquent, la question de l'élection d'un secrétaire général fera irruption dans le congrès du parti Ennahdha. Zied Laâdheri, porte parole officiel du parti, a évoqué la démission de Hamadi Jebali en apportant une précision. Selon lui, cette démission ne concerne que le secrétariat général du parti et Hamadi Jebali demeure un membre d'Ennahdha. Il a suggéré qu'à travers cette démission, Hamadi Jebali a voulu laisser le champ à une certaine alternance au poste de secrétaire général. Zied Laâdheri a ajouté que l'acte de démissionner est une pratique démocratique et que c'est une chose normale. Toutefois, il est légitime de s'interroger sur la teneur des dissensions entre Hamadi Jebali et le reste du parti. En effet, l'ex chef du gouvernement est l'un des membres symboliques d'Ennahdha. Il en a été membre depuis de longues années dont une partie passée dans les prisons de Ben Ali. Qualifier aujourd'hui sa démission d'acte "normal" est une tentative pour étouffer dans l'œuf une possibilité de crise au sein du mouvement.

Marouen Achouri       
24/03/2014 | 1
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