Je crains que ces municipales vont être un fiasco .
Dans un post Facebook publié tard la nuit du jeudi 19 avril (voir notre article à ce sujet), le directeur exécutif de Nidaa Tounes Hafedh Caïd Essebsi a invité l’Instance supérieure indépendante des élections (Isie) à intervenir pour mettre un terme aux agissements de la Haute Autorité indépendante de la communication audiovisuelle (Haica), concernant la couverture des élections municipales.
A entendre Hafedh Caïd Essebsi « la décision de la Haica a été prise de façon unilatérale où ni les médias, ni les partis politiques n’ont été consultés ». M. Caïd Essebsi aurait souhaité que la Haica le consulte et prenne son avis avant de prendre sa décision. Il estime que ces restrictions sont une première dans les pays entamant une campagne électorale.
La Haica a publié, avant le démarrage de la campagne des municipales, un communiqué conjoint avec l’Isie pour expliquer aux médias les règles de couverture de cette campagne, conformément à la législation en vigueur. Ces règles ont déplu à certains médias qui ont préféré jeter l’éponge et décider de ne pas couvrir la campagne afin d’éviter toute infraction et ne pas subir les sanctions de la Haica qui vont avec.
Ce qui est bon à rappeler à M. Caïd Essebsi est que la Haica est une autorité indépendante supérieure et n’a pas à consulter le pouvoir exécutif, et encore moins les partis, avant de prendre ses décisions.
S’il est vrai que c’est la première fois que la Tunisie organise des élections municipales après les élections et la promulgation du nouveau code électoral controversé de 2014, il n’en demeure pas moins que la Haica a pris en considération cet élément et a organisé des sessions de formation aux médias audiovisuels nationaux et régionaux, d’après ce qu’a déclaré à Business News, Hichem Snoussi, membre de la Haica. « Ces formations ont été destinées à expliquer aux médias les règles de couverture de la campagne conformément au code électoral de 2014. Nous y avons abordé les aspects législatif et technique et quelles sont les applications à mettre en place pour se conformer à cette législation. En aucun cas nous n’intervenons dans le contenu éditorial des médias, nous ne faisons que surveiller l’application des règles d’impartialité et d’équité dans la présentation des candidats, comme le stipule la loi ».
Bon à rappeler aussi, la note envoyée aux médias relative aux élections municipales en Tunisie est une note conjointe entre la Haica et l’Isie. Que Hafedh Caïd Essebsi demande à l’Isie d’intervenir auprès de la Haica est un non-sens puisque l’Isie est déjà partie prenante dans ce qui arrive. Et il se trouve que ni la première instance, ni la seconde ne peuvent faire autrement, puisque ces instances supérieures ne font qu’appliquer le code électoral de 2014.
En clair, et si on comprend bien ce que demande M. Caïd Essebsi, c’est que l’Isie ne se conforme pas au code électoral de 2014 ! Un code controversé certes, un code anachronique certes aussi, mais c’est ce code qui est encore en vigueur et les députés actuels n’ont rien fait pour changer cette bombe à retardement taillée sur mesure que la troïka a laissée à ses successeurs.
Il est vrai que Nidaa ne brille pas vraiment par son respect du code électoral comme Business News a pu le constater au début de cette campagne (voir notre article à ce sujet publié dans notre édition d’hier). De là à demander à ce que des instances supérieures ne respectent pas non plus ce code électoral, il n’y avait qu’un pas que Hafedh Caïd Essebsi n’a pas hésité à franchir !
R.B.H.
Commentaires (3)
CommenterLe revoilà......!
Je crains que ces municipales vont être un fiasco .