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Habib Essid veut un an !
22/05/2015 | 19:59
6 min
Habib Essid veut un an !

 

Le chef du gouvernement, Habib Essid, a enfin passé son premier grand oral en compagnie du journaliste Hamza Belloumi. C’était hier, dans la soirée du 21 mai 2015, que le chef du gouvernement a accordé sa première interview à une télévision tunisienne. Comme celui de l’action de son gouvernement pendant ses 100 premiers, le bilan de cette prestation est mitigé.


Habib Essid a abordé plusieurs sujets lors de cette interview avec Hamza Belloumi. Globalement, sa prestation n’a pas été satisfaisante car le chef du gouvernement n’a approfondi aucun des sujets traités et l’aspect « politicien » a pris le dessus dans ses réponses. Il a donné l’impression que son objectif premier était de ne pas se compromettre et de donner une interview lisse qui ne ferait pas de remous.


Le chef du gouvernement a d’abord dû répondre à la déception des Tunisiens vis-à-vis de ses 100 premiers jours à la Kasbah. Hamza Belloumi lui a cité plusieurs exemples illustrant cette déception comme la situation économique, la cherté de la vie et même l’état de saleté de plusieurs villes tunisiennes. Habib Essid a alors brandi la fameuse métaphore du verre à moitié vide en assurant que des progrès sont faits dans plusieurs secteurs en ajoutant qu’il y a des programmes et des plans mis en place pour remédier à tout cela, reprenant ainsi la rhétorique usée de plusieurs de ses prédécesseurs en disant en gros : « ça va de mieux en mieux mais vous ne le voyez pas ».


Ensuite, le chef du gouvernement a déclaré qu’une période de 100 jours est une durée beaucoup trop courte pour faire un bilan de l’action gouvernementale. Il a ajouté que, cependant, une évaluation continue était en place au sein même du gouvernement. Il dira après qu’il est satisfait du rendement de sa propre équipe pendant ses 100 premiers jours d’activité. « Je savais qu’on ne ferait pas beaucoup durant cette période » a-t-il ensuite déclaré.


Concernant l’évaluation de sa propre équipe gouvernementale, Habib Essid a déclaré que 95% de ses ministres ont été à la hauteur de leurs tâches, confirmant par la même que 5% de son équipe ne donnait pas satisfaction. Allant plus loin dans le détail, le chef du gouvernement a évoqué le ministre des Affaires étrangères, Taïeb Baccouche, en qualifiant son rendement de « normal ». Il a ajouté qu’il s’agissait d’un nouveau gouvernement et qu’il est normal qu’il y ait certains « difficultés ». Sans le dire ouvertement, Habib Essid fait ainsi référence à certaines déclarations malencontreuses de son ministre qui avaient fait la polémique. Il a, cependant, relativisé en disant qu’il n’y avait aucun problème entre lui et son ministre.


Habib Essid a ensuite donné son satisfecit à son ministre de l’Intérieur, Nejem Gharsalli, qui avait pourtant été fortement contesté à sa nomination à ce poste. Il a ajouté que le ministre avait « fait son devoir ». Pareil pour le ministre de la Défense dont le rendement a été bon avec une coordination étroite avec le ministre de l’Intérieur. Pour Habib Essid, même s’il a été contesté à sa nomination, le ministre de la Défense a fait ce qu’il fallait. Une manière pour le chef du gouvernement de dire que les ministres qu’il avait choisi et qui avaient pourtant été contestés, s’en sont bien sortis, ce qui démontre la pertinence de ses choix.


Par la suite, le chef du gouvernement a mis un terme aux rumeurs évoquant un remaniement ministériel au bout de ses 100 jours. Ainsi, il a assuré que la question n’était pas d’actualité même si la Constitution lui donne le droit d’effectuer des changements s’il le jugeait opportun. « Quand la situation l’exigera, je ferai les changements nécessaires » a-t-il assuré.


Concernant l’insatisfaction de la population vis-à-vis de son gouvernement, Habib Essid a évoqué la nécessité d’être patient et de travailler encore plus pour redresser le pays. C’est une idée qui reviendra à plusieurs reprises lors de l’interview principalement quand Hamza Belloumi évoquera la recrudescence du nombre de grèves ainsi que les contestations sociales dans le pays. « Changer les choses n’est pas facile, on est le cinquième gouvernement depuis la révolution donc il n’ya pas de continuité dans le travail de sorte à donner des résultats visibles » a-t-il argumenté.


Hamza Belloumi a ensuite transmis au chef du gouvernement les reproches formulés par certains observateurs concernant son manque de fermeté dans la direction des affaires du pays. Il a répondu à cela en disant que ces reproches viennent de personnes qui ne le connaissent pas de près. « Dans la direction des affaires du pays, je suis ferme ! ». Il a ajouté qu’on lui reprochait plutôt un excès dans la fermeté.


Habib Essid a mis l’accent, encore une fois, sur la nécessité de donner le temps à ce gouvernement de faire ses preuves en évoquant les contestations sociales et les grèves. « La durée sur laquelle on peut évaluer un gouvernement est au moins d’un an. On ne peut pas juger un gouvernement en trois mois » a-t-il argumenté. Il ajoute ensuite : « Si au bout d’un an, les choses ne s’améliorent pas, il y a d’autres solutions que je pourrais employer ». Le chef du gouvernement a par la suite évoqué certains points de l’action gouvernementale. Il a précisé que la cherté de la vie reste maitrisée puisque l’action de son gouvernement aura, au moins, permis que les prix restent stables et n’augmentent pas et qu’il y a même eu des baisses.


Pour ce qui est des projets de développement, Habib Essid a assuré qu’il y avait un manque de moyens de l’Etat couplé à une certaine incapacité dans la mise en place de projets décidés antérieurement. Il a également évoqué l’attribution de budgets aux régions en disant : « En arrivant, nous avons trouvé des chiffres effarants concernant des budgets attribués aux régions et non consommés ». La mise en place de projets est obstruée par l’incapacité de l’administration dans certains cas mais aussi par les grèves et les contestations dans d’autres cas. Il ya aussi des problèmes structurels dans certains régions comme le manque de cadres, le manque d’entrepreneurs pouvant prendre en charge les projets.


La situation économique est difficile et on vit une crise, de l’aveu du chef du gouvernement. Mais il relativise en disant que la situation était pire en 2011 avec une croissance négative. Il a justifié les prêts contractés par les gouvernements précédents par le fait qu’il y a des dépenses de l’Etat qui devaient être couvertes de toutes manières. Au niveau politique, tout va bien pour Habib Essid.


Ses relations avec Béji Caïd Essebsi sont au beau fixe et il jouit de sa confiance absolue. Il a également tenu à préciser qu’il ne recevait pas d’instructions venant de Carthage mais qu’il y avait un dialogue continu entre les deux hommes à propos des affaires du pays. Pour ce qui est de sa relation avec les partis au pouvoir, Habib Essid a tenu à se démarquer de l’expérience de la troïka. En effet, il a insisté sur le fait qu’il était indépendant et qu’il n’était encarté dans aucun parti contrairement à la troïka où le chef du gouvernement était l’un des membres du parti Ennahdha. Ainsi, Habib Essid assure qu’il n’y a aucune interférence entre le travail gouvernemental et le travail parlementaire.


Cette interview donnée par le chef du gouvernement a démontré, d’abord, que ce n’était un exercice aisé pour le chef du gouvernement. En effet, la communication ne semble pas faire partie des priorités de Habib Essid qui préfère, selon ses dires, travailler en silence. Le deuxième enseignement de cette interview est que le chef du gouvernement demande à avoir plus de temps pour travailler et pour faire ses preuves en rejetant la pertinence d’une évaluation de son gouvernement au bout de 100 jours. Le troisième enseignement est que le chef du gouvernement est un homme de dossiers qui se sent plus à l’aise dans les dossiers économiques plutôt que dans les relations politico-politiciennes, sujet où il préfère mettre en avant une parfaite harmonie.


Marouen Achouri


22/05/2015 | 19:59
6 min
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Commentaires (20) Commenter
@Mohamed
Dr. Jamel Tazarki
| 25-05-2015 12:12
faire de l'argent facile est l'unique idéal de beaucoup de nos hommes d'affaires en Tunisie. Tout se réduit à une question de gros sous. Ils sacrifient les autres et Ils font peser brutalement sur les défavorisés leur soif d'argent.

Affairisme est rien d'autres, telle est notre société actuelle. L'affairisme est responsable de notre vie d'enfer en Tunisie. Certains de nos hommes d'affaires sont unis par des traditions de corruptions, et ils n'ont aucun intérêt que la société tunisienne s'améliore, semant l'ambigu dans tous les domaines.

Si vous êtes pauvre en Tunisie, avec du génie, nul ne s'intéressera à vous. Mais si vous avez de l'argent, beaucoup d'argent, et si vous n'êtes qu'un imbécile, on vous tendra la main. En effet, 250 Milles diplômés universitaires sans aucune perspective pour la simple raison qu'ils sont pauvres ou sans "piston".

On trouve, en Tunisie, des capitaux pour toutes sortes de conneries (on construit sans cesse de nouveaux hôtels afin de détruire et de démolir d'autres) mais on n'en trouve point pour des oeuvres utiles au progrès des Tunisiens. La pensée intelligente se débat toute seule en Tunisie, dans l'indifférence générale, avec cette absurde lutte pour la survie.

L'homme qui ne poursuit qu'un seul but qui consiste à gagner de l'argent, est incapable d'éprouver autre émotion que celle de ruiner son voisin et son prochain afin d'augmenter ses bénéfices et ses profits. Ils ont des c'urs secs, incapables du moindre mouvement de générosité.

Les affaires sont les affaires, c'est-à-dire que rien ne compte en dehors de cette passion qui consiste à chercher nuit et jour des assemblages pour gagner davantage, en supposant que tout le reste n'est rien et que les affaires passent avant la justice et avant la vérité.

Certains de nos hommes d'affaires font de la politique entre-temps et vous savez pourquoi! L'un veut devenir Ministre et l'autre Président de la République, etc.

Je suis convaincu que seule une solution socio-économique à la chinoise pourrait donner de l'espoir aux Tunisiens en réalisant ce que nos pseudo-hommes d'affaires ne voudraient jamais accomplir, et vous savez maintenant pourquoi!

Cordialement

Jamel

http://www.go4tunisia.de/PDF/Pronostics_excerpt.pdf

http://www.go4tunisia.de/PDF/intelligence_artificielle.pdf

C'est dans l'intensité, la régularité et le renouvellement du débat socio-politique que se forge le gouvernement du peuple. La bonne santé de notre jeune démocratie tunisienne se mesure à ses contre-pouvoirs. Voilà pourquoi l'indépendance des médias, de la justice, l'activité syndicale et la qualité du débat parlementaire concernent tous les Tunisiens.
@Jamel
Mohamed
| 25-05-2015 08:13
vous nous gâtez avec d'intelligentes propositions, mais par contre pourquoi pas une solution à l'allemande, étant donné que vivez en Allemagne?

Merci pour vos contributions sur le forum de BN
@Dr. Tazarki
G&G
| 24-05-2015 18:24
Tout ce que vous venez de mentionner dans vos commentaires ci-dessous est facilement réalisable certes mais pour reculer.
Le petit pas en arrière ne fait qu'aggraver le sort des 200 mille jeunes célibataires dont l'age dépasse les 35 ans. Les misérables ne sont pas prets à attendre l'arrivée du blé de Béja. Votre moisson se fera attendre alors que les affamés du bassin minierveulent manger tout de suite sinon partager votre confort. Quant-à votre histoire d'âne, elle me rappelle la famine des tunisiens et son effet sur nos équidés en cours de disparition.
Monsieur, Moi, je ne crois qu'au bulldozer et aux navettes spatiales dans ma façon d'agir. Mais, le petit pas cassé de l'âne que vous défendiez ne m'intéresse pas Dr. vétérinaire.
Hbib ESSID veut un an!
l'idiot du bled
| 24-05-2015 14:21
Ferme ou avec sursis?
De toute façon le FMI l'a condamné à sept mois.
Mais il a fait appel. Appel aux gouverneurs de quitter leurs bureaux le matin et de n'y revenir que l'après midi.Il a fait appel aux mineurs de Gafsa de vite devenir majeurs et de reprendre la descente au charbon.Il a fait appel aux moustiques de Sejoumi et ailleurs de laisser dormir les tunisiens la nuit pour qu'ils puissent bailler le jour etc...Mais les avocats de la séance unique et du mois Saint ne l'entendent pas de cette oreille et vont obliger ESSId à aller en cassation.
Cassation ou Casse-pipe?
@Mouna!
Dr. Jamel Tazarki
| 24-05-2015 12:02
https://www.youtube.com/watch?v=li7GSExto0A&index=5&list=RDicd1c3FpnC4

Jamel
@G&G, Arrêtez s.v.p. de douter!
Dr. Jamel Tazarki
| 24-05-2015 11:44
Je vous raconte une histoire que les Tazarkiens (les habitants du village Tazarka) transmettent de génération en génération: Il y'avait une fois un âne autant affamé qu'assoiffé et qui se retrouvait à égale distance d'un seau d'eau et d'un seau d'avoine. Comme paralysé, il se demandait s'il devait commencer par étancher sa soif ou satisfaire à sa faim. Son dilemme prend fin lorsqu'il trépasse mort de faim et de soif à cause de son indécision. C'est l'illustration parfaite des conséquences de notre incapacité à prendre des décisions courageuses à temps.

Si nous n'apprenons pas le premier pas à réaliser nos projets socio-économiques par nous-même, par notre propre intelligence, par notre propre énergie nous ne ferons jamais de pas sur la route du développement de notre Tunisie et notre peuple. Justement, "le premier pas" est toujours celui de "dépasser nos limites".

Avez-vous pensez que nous sommes capables de réaliser les choses que les pays développées sont capables de réaliser, voire meilleurs encore?

Il est temps de sortir de la fameuse rengaine (refrain) du "qu'est-ce que nous allons faire? Nous ne savons pas quoi faire, sur quoi pourrions-nous nous engager ? Jusqu'où pourrions-nous changer?"


Cher Compatriote, tout ce que je viens de mentionner dans mes commentaires ci-dessous est facilement réalisable.

Cordialement

Jamel


@Jamel
Mouna
| 24-05-2015 10:02
https://www.youtube.com/watch?v=9Pes54J8PVw
@Dr. Jamel Tazarki le théoricien
G&G
| 23-05-2015 23:51
Je lis souvent vos commentaires et j'imagine votre volonté de faire sortir le pays du marasme dans lequel il est plongé depuis cette merdolution. Mais permettez moi de vous dire sans vouloir vous choquer que vos idées qui ont une apparence riche ressemblent au fait à des coquilles vides.
Je suis ingénieur de formation économiste planificateur qui se révoltait contre les modèles façonnées par nos docteurs de l'administration centrale.
Je ne crois plus aux diplômes depuis que j'ai roulé ma bosse dans les régions reculées pour me rendre compte que les solutions du sous développement de la Tunisie ne doivent en aucun cas être importées de l'extérieur ou fabriquées dans les usines de la capitale par nos théoriciens.
Je vous conseille de ne pas trop forcer sur la matière grise parce que la réalité du terrain est tout autre.
Cordialement.
Est-ce que je l'ai coutoyé alors qu'il était à la CRDA?
DHEJ
| 23-05-2015 17:21
Et s'il était un incapable et un incompétent, il l'est pour toujours...


Le mec divague et n'a pas en tendu la réplique des compatriotes de Gafsa...


D'ailleurs le FMI ne lui a accordé que 6 mois!


Le doux Chaker ne lui a pas soufflé l'information dans l'oreille ou quoi?


Il demande un an mais la Tunisien est parfaite et l'explosion sera imminente! La Tunisie deviendra peuplée de paysans grâce à ESSID l'expert du génie rural!
@CHDOULA
Dr. Jamel Tazarki
| 23-05-2015 14:26
Merci d'avoir lu mon commentaire et merci pour le feedback.

J'adore aussi l'intelligence de vos commentaires et votre esprit d'humour.

Cordialement
Jamel

PS: Je trouve que le journaliste Mr. Hamza Belloumi était trop excité, par contre Mr. Essid était vraiment à l'aise et il ne s'est pas laissé infecter par la nervosité, l'agitation et le trouble de l'interviewer.