Le bras de fer entre l'Union tunisienne de l'agriculture et de la pêche (Utap) et le ministère du Commerce continue en ce qui concerne le prix de vente de l’œuf. Chacune des deux parties rejette la faute sur l’autre et affirme qu’elle n’a pas respecté la loi.

Le président de de l’organisation agricole Abdelmajid Zar et la directrice générale des enquêtes économiques et de la concurrence au sein du ministère du Commerce Karima Hammami se sont ainsi rejeté les accusations, dans des déclarations séparées faites au micro Hamza Belloumi ce mercredi 2 janvier 2019 dans l'émission La Matinale sur Shems Fm.

M. Zar a soutenu que les descentes musclées opérées la nuit du dimanche à lundi 31 décembre 2018 avec des renforts sécuritaires importants avaient visé des producteurs et des entrepôts qui stockent les œufs pour le mois de ramadan. Il a souligné que l’approvisionnement du marché se fait en continu, qu’il n’y a pas eu de rupture, donc selon lui on ne peut plus parler de profiteurs et spéculateurs qui veulent avoir un monopole pour fixer le prix de l’œuf.

En outre, le président de l’Utap a expliqué que le conseil d’administration du Groupement interprofessionnel des produits avicoles et cunicoles (Gipac), qui est composé de 4 représentants de l’Utap, 4 représentants de l’Union tunisienne de l'industrie, du commerce et de l'artisanat (Utica) et des représentants de 4 ministères, a revu à la hausse le coût de production de l’œuf pour atteindre 207 millimes. Or le ministère du Commerce a fixé le prix à 195 millimes l’œuf.

Abdelmajid Zar estime que le ministère du Commerce fait du populisme, que les producteurs peuvent produire plus mais sont limités par des quotas qui répondent aux besoins du marché et que la hausse du prix n’est pas liée au manque de production mais à cause la hausse des coûts de production. Il a indiqué qu’il avait appelé le ministre à se réunir et à discuter mais sans aucune réaction de ce dernier.

En réaction, Karima Hammami a précisé : «La loi nous permet d’accéder à tout type de local professionnel, dans les heures de travail et hors heures de travail, il faut juste avoir un mandat du procureur, ce qui a été le cas dimanche» et d’ajouter : «Ce n’est pas la première fois qu’on opère la nuit et en équipe conjointe avec les forces de l’ordre et dans le cadre de l’application de la loi».

Elle a martelé que «les procédures étaient conformes hors du buzz et du populisme» et de préciser que «les œufs qui ont été saisis sont frais et ne sont pas stockés pour ramadan mais les producteurs n’ont pas voulu qu’ils soient distribués sur le marché du vrac dont le prix des 4 œufs est fixé à 840 millimes».

Mme Hammami a souligné : «Nous les avons trouvés en flagrant délit en train d’emballer la production pour qu’elle soit vendue dans les grandes surfaces, hors tarification à des prix exorbitants», en affirmant : «le ministère ne va pas rester spectateur du non-respect de la loi. Le prix de production de 207 millimes n’a aucun fondement, le mercuriale du groupement stipule que le prix de production est de 195 millimes, ils veulent augmenter le prix de vente mais ce n’est pas le vrai prix. Le mercuriale de la Gipac jusqu’au 12 décembre stipulait que le prix de production était de 195 millimes. Il est impossible que dans 20 jours, le prix atteigne 204 millimes, rien d’extraordinaire n’ayant survenu. Les 10 millimes de hausse ne sont pas justifiés !».

I.N