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Gouvernement Essid : Passera ou passera pas ?
25/01/2015 | 12:01
4 min
Gouvernement Essid : Passera ou passera pas ?

Les différentes formations politiques tunisiennes ont reçu avec étonnement et, parfois avec indignation, la composition du nouveau gouvernement. C’est l’insatisfaction qui prévaut de manière générale. Certains pour ne pas avoir été associés et d’autres car aucun programme n’a été établi. Le résultat est un gouvernement qui ne jouit pas de l’assise nécessaire aux grandes réformes qui l’attendent.


Imed Hammami, l’un des leaders d’Ennahdha, dans une déclaration dans l’émission « le huitième jour » le 23 janvier 2015, a dit : « Nous avons été informés de l’annonce du gouvernement une demi heure avant l’annonce effective par Habib Essid. Ce dernier a appelé Rached Ghannouchi au téléphone ». En mots à peine voilés le leader nahdhaoui avoue que le chef du gouvernement désigné, Habib Essid, n’a pas élargi les consultations. A peine deux heures avant l’annonce officielle du gouvernement, Zied Laâdhari était l’invité de Midi Show sur Mosaïque FM. Pendant l’émission, le porte-parole officiel s’évertuait à expliquer qu’il ne savait pas si Ennahdha, ou lui-même, seraient au gouvernement. Cela prouve que jusqu’aux derniers instants, Ennahdha était dans le flou le plus total.

Même son de cloche au Front populaire et à Afek Tounes. Pour ce dernier, les négociations s’étaient arrêtées le matin même. Les dirigeants du parti ont expliqué qu’il y avait des divergences tant au niveau du programme gouvernemental qu’au niveau de la structure. Riadh Mouakher, l’un des dirigeants de Afek Tounes, a déclaré que Habib Essid avait présenté au parti un document de trois pages résumant les priorités du gouvernement.

Plus étonnant encore, plusieurs leaders du parti Nidaa Tounes ont avoué, de leur côté, qu’ils découvraient la composition du gouvernement en même temps que tout le monde à la télévision. Le fait que le parti gagnant des élections ne soit pas associé à la composition du gouvernement en a effectivement étonné plus d’un.

Tout laisse à penser que Habib Essid a composé son gouvernement dans son coin. Plusieurs observateurs ont suggéré qu’il y avait une certaine influence venant de Carthage concernant la composition du gouvernement. C’est particulièrement l’anecdote avec Slim Riahi qui a crédité cette thèse. En effet, Slim Riahi avait rompu les négociations avec Habib Essid. Il a été aussitôt reçu par le président de la République, Béji Caïd Essebsi. Miraculeusement, les négociations ont repris et l’Union patriotique libre (UPL) de Slim Riahi glane trois portefeuilles ministériels. Toutefois, certains bruits de couloir évoquent l’insatisfaction de Béji Caïd Essebsi quant à ce gouvernement qu’il aurait préféré voir avec un caractère politique plus affirmé.

En tout cas, les commentaires ont fusé depuis l’annonce du gouvernement de Habib Essid. D’aucuns disent que ce gouvernement pose plus de questions qu’il n’apporte de réponses. Certains observateurs n’hésitent pas à dire que certains profils ne correspondent pas aux portefeuilles qui leur ont été accordés. D’autres ont également pointé des problèmes de structure. Un réel début de polémique a commencé à enfler suite à la désignation de Mohsen Hassen, membre de l’UPL, à la tête du ministère du Tourisme. On a pointé le fait qu’il ne soit pas un professionnel du secteur touristique et que, par conséquent, il lui faudrait une période de prise en main des dossiers, ce qui générera des retards que le secteur ne peut se permettre.

Le nouveau ministre de l’Intérieur, Mohamed Nejem Gharsalli, fait déjà couler beaucoup d’encre. C’est un juge qui a longtemps présidé le tribunal de première instance de Kasserine. Sa collégue, Kalthoum Kennou a déclaré qu’il était en partie responsable du noyautage de l’association des magistrats sous Ben Ali. Par ailleurs, son passage en tant que gouverneur de Mahdia sous la troïka n’a pas été apprécié par tous.

Mongi Rahoui, élu du Front populaire, y est allé de son commentaire en déclarant « ce ministre dissimulera la vérité sur les assassinats de Chokri Belaïd et Mohamed Brahmi ». Il a ajouté que le nouveau ministre de l’Intérieur est un point noir dans le gouvernement Essid. En outre, la nomination de Maher Ben Dhia à la tête du ministère de Jeunesse et des Sports pose problème. En effet, le patron de son parti, Slim Riahi, est également le président de l’un des plus grands clubs sportifs de Tunisie. Cela implique un réel risque de conflit d’intérêt.

Par ailleurs, des soucis se font sentir au niveau de la structure gouvernementale. Par exemple, le poste de secrétaire général du gouvernement semble être mystérieux car ses prérogatives ne sont pas claires. Toutefois, les caciques de l’administration tunisienne savent qu’un tel poste peut avoir une importance capitale et pet influencer le travail de tout le gouvernement. Aussi, la création d’un secrétariat d’Etat chargé de la remise à niveau des établissements hospitaliers est, pour l’instant, incomprise par les professionnels et les intervenants du secteur. En effet, ce secrétariat d’Etat touche directement aux prérogatives du ministre ce qui peut créer certaines tensions entre les deux. Le secrétariat d’Etat en charge du dossier des blessés et des martyrs de la révolution est également obscur pour l’instant.

Par cette composition du gouvernement, Habib Essid ne se sera pas facilité une tâche déjà conséquente. Il a réussi à s’attirer les foudres de l’ensemble des partis politiques à tel point que même le vote de confiance n’est pas garanti. Ce sera le mardi 27 janvier 2015 que Habib Essid passera le test de l’assemblée nationale. On en saura plus sur ses intentions lors de son discours de politique générale et on verra à quel point lui en veulent les partis politiques.
25/01/2015 | 12:01
4 min
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Commentaires (6) Commenter
Ou sont les Trabelsi ??
Mercure
| 26-01-2015 16:05
Quitte à faire;vu le deal avec l'UPL , pourquoi n'a t'on pas libéré Imed TRABELSI pour le nommer Ministre de la Justice ?

Les intérêts sont bien compris de tous surtout par les "confrères" de rIAHI et consorts
Halte à l'apathie
abdessattar Jerbia
| 26-01-2015 09:24
On a besoin d'un gouvernement fort réformateur avec un ministère des affaires étrangères économiste, un intérieur courageux et un département de défense prêt à défendre la stratégie de l'état. La formation de Sid: c de la mouchure qui n'a pas de cap
Il Passera à L'insu de Leur Plein Gré !
james-tk
| 26-01-2015 04:43
Malgré tout ce qui se dit, je pense que Habib Essid réussira à convaincre les élu(e)s; dans certaines démocraties du monde, la tradition veut, qu'un vote de confiance est presqu' " automatiquement " acquis ", pour le nouveau, ceci quelle qu'en soient ses orientations,quitte à s'opposer à ce dernier quelques semaines après, chez les anglos-saxons, il est même possible de demander un vote de confiance sur des projets sensibles, armée, budget, éducation,...!
Chez-nous, bien que le front populaire (front du refus) est décidé à voter contre, il n'est pas impossible que des composantes seraient d'un avis contraire et accorderaient leurs voix au chef du gouvernement, ainsi que d'autres qui ont manifesté leur intentions de rejoindre le premier parti vainqueur; je pense qu'Afek Tounès, qui possède plusieurs longueurs d'avance sur les autres mouvements, qui ne crache pas sur l'avenir, et sait pertinemment répartir ses 'ufs dans plusieurs paniers, lui aussi pourrait accorder sa confiance "critique", et ce malgré sa déception.
Conclusion : (Nida Tounès : 86 élu(e)s + UPL : 17 élu(e)s + Al Moubadara 3 élues, + 1, Touhami Abdouli indépendant + nous dit-on 3 à 5 élu(e)s, virtuellement, cela donne 120 à 121 élu(e)s, si l'on ajoute certains dissidents du mouvement Ennahdha, ce chiffre pourrait prendre une proportion respectable et atteindre 130 à 140, peut-être même plus; tout reste possible; ajoutons à tout ceci que, pour une première appréhendée par les élu(e)s, un fâcheux vote négatif de l'assemblée en défaveur du gouvernement de Habib Essid, risquerait fort bien d'avoir des conséquences néfastes qui éclabousserait toute la classe politique tunisienne !
courte
malek
| 25-01-2015 21:10
le fp populaire a deja tranché en defaveur du gvnmt comme le parti islamiste ce qui fait un total de 84/217 contre a prioris . Sauf que la vraie inconnue
c le vote de afek qui n a pas digere encore le cadeau fait par bajbouj a l upl (un parti batard) au detriment afek .une abstention ou un non de afek signifie que le gvnmt n a plus d allié solide et aura une marge de manoeuvre tres limité .sans oublier les frondeurs au sein de nidaa mm (ils representent plus d 1 tiers) qui peuvent maintenir la pression sur un gvnmt qui naitra tres affaibli .
C'est la Jabha qui va décider de son sort!
citoyen
| 25-01-2015 18:06
Après le veto d'Ennahdha, de Afek, de Morjane, et même ça se murmure de plus en plus, d'une partie du bloc de Nida, désormais le sort du gouvernement fantoche de Habib Essid... pardon de Mohsen Marzouk et les frères Ben Achour... est entre les mains de la Jabha Cha3bia...
ESSID' FACE A LA MEUTE DES " CHAROGNARDS "' !
BORHAN
| 25-01-2015 16:08
Monsieur Essid, premier chef de gouvernement de notre deuxième république se prépare à engager la responsabilité de son cabinet ministériel, fraîchement « déniché », devant l'Assemblée des représentants du peuple (ARP) pour un vote de confiance indispensable.
Il est certain qu'à travers ce processus, le nouveau « patron » de la Casbah est tenu de présenter son programme ( !) ou prononcer une déclaration de politique générale pour espérer obtenir l'appui et le soutien de la plus large majorité possible des élus'
Cet exercice à risque est le premier examen délicat pour monsieur Essid dans la mesure où le chemin le menant au Bardo est semé d'embuches.
D'une part, il y a toute une panoplie de défis et d'obstacles qui se dresse déjà devant une équipe gouvernementale inédite à différents égards.
D'autre part, quelle sera l'accueil et la conduite réservés à ce nouveau gouvernement par les différentes composantes de l'ARP dans la mesure où la majorité nécessaire ne lui est pas acquise d'avance ?!
Le parti Nidaa Tounes, certes vainqueur des dernières législatives, ne détient pas une majorité confortable lui permettant de faire cavalier seul.
Mais, démocratie oblige, c'est la seule voie légale lui permettant d'espérer obtenir la légitimité politique nécessaire afin d'asseoir « constitutionnellement » son pouvoir et enfin entamer le « très délicat » périple de redressement d'une situation générale presque « chaotique ».
A la lecture de la composition de ce nouveau imposant cabinet (26 ministres, 15 secrétaires d'état et plus !), on remarque qu'il ne s'agit nullement d'un gouvernement d'unité nationale puisque la plupart des partis politiques n'y participent pas.
Ce point précis, constituera-t-il un handicap infranchissable pour monsieur Essid car à quelques heures avant son passage oral devant l'ARP, personne ne peut prévoir la position des « exclus ».
Ces frondeurs en puissance auront-ils cette capacité de nuisance qui risque de stopper net une dynamique politique déjà objet de critiques exacerbes de tout bord.
Certes, la clé de « Babylone » est forcément entre les mains d'Ennahdha, fort de ses 69 députés, mais ce parti a pris la « fâcheuse » habitude de garder le mystère jusqu'au bout, histoire de brouiller les pistes.
Cela nous amène forcément à évoquer le ca d'échec de cette opération du vote de confiance. Que se passera-t-il constitutionnellement ?
A mon sens, nombreuses solutions s'imposent à monsieur Essebsi et à son équipe:
- Soit opérer des retouches et des changements dans les postes ministériels,
- Soit renouveler totalement l'équipe gouvernementale,
- Soit nommer carrément un nouveau chef du gouvernement,
Mais si cette crise persiste, un cas extrême, et passés les délais prévus par la constitution, le président de la république sera forcé de dissoudre l'ARP et appeler à de nouvelles élections législatives anticipées.
Personnellement, je me résigne à croire que cette hypothèse est plutôt exclue car tous nos dirigeants politiques, en dépit de leurs différends, sont conscients que l'intérêt suprême doit primer sur le reste.
D'autre part, tout le monde est conscient que notre pays n'est plus en mesure de supporter de nouveaux blocages qui risquent de nous mener à une impasse insoluble et durable.
Enfin, je suis quand même optimiste quant à l'issue de ce vote de confiance car il est fort probable que nos deux patriarches, messieurs Ghannouchi et Essebsi, armés de sagesse et de bon sens, ont déjà trouvé un terrain d'entente en appelant nos élus à l'ARP à assumer intelligemment leur devoir patriotique.
Malheureusement, en matière politique, rien n'est acquis d'avance surtout pour un premier gouvernement du genre issu d'un système à la proportionnelle dont les initiateurs espèrent se partager le pouvoir en toute « simplicité».