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Gouvernement d'union nationale : l'empreinte de Carthage
21/08/2016 | 16:00
5 min
Gouvernement d'union nationale : l'empreinte de Carthage

 

C’est au bout d’un suspense devenu lourd que le nouveau chef du gouvernement, Youssef Chahed, a annoncé, samedi 20 août 2016, la composition du gouvernement d’union nationale. La composition a été globalement bien reçue même si certains noms ont suscité la critique, aussi bien parmi les nouveaux entrants que parmi les reconduits. Mais au-delà de ça, il s’agit d’un gouvernement hétéroclite qui mettra Youssef Chahed dans un numéro permanent d’équilibriste.

 

Il aura fallu plus de deux semaines pour que Youssef Chahed, désigné le 3 août, livre la composition de son gouvernement. Contrairement à ce qui était promis au départ, les tractations et les négociations ont pris plus de temps que prévu et les revendications des protagonistes y ont été pour beaucoup. Par exemple, la demande insistante de l’Union patriotique libre (UPL) d’avoir un ministère dont le titulaire serait Slim Riahi. Une demande qui a été reçue par une fin de non recevoir de la part du prochain locataire de la Kasbah et qui a engendré l’exclusion, pure et simple, de l’UPL du gouvernement

 

L’élargissement de la coalition au pouvoir, voulu et imposé par Carthage sous la pompeuse appellation d’union nationale, a obligé Youssef Chahed à composer une équipe hétéroclite. Une équipe dans laquelle se côtoieront Samir Taïeb, Imed Hammemi, Abid Briki et Riadh Mouakhar. Ce gouvernement, présenté comme celui de la dernière chance, aura besoin d’une cohésion inébranlable et d’une solidarité totale. Les différences idéologiques et partisanes entre ses membres risquent de mettre à mal cette cohésion et cette solidarité. Par conséquent, il n’est pas surréaliste de s’attendre à certains couacs gouvernementaux de l’ordre de ceux que l’on a vu sous les deux gouvernements Essid.

 

Par ailleurs, la composition de ce gouvernement fait la part belle aux calculs politiciens dans le sens où les ministères ont été partagés entre les forces du pays. En atteste d’abord le nombre pléthorique de ministres et de secrétaires d’Etat, malgré la promesse de Youssef Chahed de composer un gouvernement restreint. En comptant son chef, le gouvernement d’union nationale compte 41 membres. D’autre part, la présence des organisations, en plus des partis, a imposé cette répartition puisque l’UGTT, par exemple, hérite, indirectement, de deux ministères (Abid Briki à la Fonction publique et Mohamed Trabelsi aux Affaires sociales). Il s’agit, déjà, d’une première concession imposée au nouveau chef du gouvernement, même si ce dernier dit résister aux pressions et insiste sur le fait de « prendre ses responsabilités ». Il faut aussi souligner que les dernières retouches du gouvernement de Youssef Chahed ont été faites à Carthage comme le laissent penser les réunions qui se sont succédé au palais de Carthage entre le chef du gouvernement et le président de la République durant les deux derniers jours précédant l’annonce du gouvernement.

 

L’objectif est clair : Assurer à ce gouvernement l’assise politique la plus large quitte à faire des concessions. D’abord au niveau parlementaire, l’entrée de représentants du bloc social-démocrate (Iyed Dahmani et Mehdi Ben Gharbia) va assurer le soutien du bloc au nouveau gouvernement. Les partis Afek et Ennahdha, même si leurs instances sont aujourd’hui en réunion pour examiner la composition, devraient l’entériner et lui accorder sa confiance. Il ne faut pas oublier non plus que Youssef Chahed a tenté d’amadouer Mongi Rahoui, élu du Front populaire, jusqu’à la dernière minute. Reste le bloc de Nidaa Tounes, parti dont est issu Youssef Chahed, qui doit déterminer sa position officielle aujourd’hui. Il est fort à parier que l’éviction de l’ancien ministre de la Santé, Saïd Aïdi, reste au travers de certaines gorges, en témoigne la pétition signée il y a quelques jours par plus de 40 députés. On saura le jour du vote s’ils sont prêts à ne pas voter la confiance à cause de cette éviction.

 

Au niveau politique, l’UGTT, l’UTICA et certains partis comme Al Massar et Al Jomhouri, auront un pouvoir de nuisance amoindri du fait d’être présents au sein du gouvernement d’union nationale. Même si la centrale syndicale a refusé de signer un engagement pour ne pas faire grève pendant deux ans, il est fort à parier que le contrôle sur le ministère de la Fonction publique et celui des Affaires sociales, suffira à son bonheur. Al Massar et Al Jomhouri, en grande perte de vitesse, comptent sur leurs représentants au gouvernement pour se redonner de l’importance.

 

La composition de ce gouvernement envoie, néanmoins, des messages positifs, principalement pour la jeunesse de plusieurs de ses membres et la présence de plusieurs femmes (près de 20% du gouvernement). Il y a également des nominations qui ont fait l’unanimité comme celles de Slim Khalbous à l’Enseignement supérieur, celle de Ghazi Jeribi à la Justice ou celle de Fadhel Abdelkefi au Développement et à l’Investissement. La nomination d’une femme, Lamia Zribi, à un portefeuille aussi sensible que celui des Finances est également un message en soi.

 

Youssef Chahed a fait ce qu’il a pu pour placer le plus de compétences possibles à la tête de chaque ministère mais il a dû, en chemin, se heurter aux affres de la politique politicienne. Il a essayé de respecter ses engagements concernant la jeunesse, les compétences et le nombre, mais il a été dans l’obligation de faire des concessions et de se conformer à l’arbitrage de Carthage. Le gouvernement de Youssef Chahed ne devrait pas avoir de difficulté à obtenir le vote de l’ARP et pourra s’atteler ensuite au travail. Les priorités fixées par Youssef Chahed devront se traduire en actions et le gouvernement de M. Chahed devra réaliser des succès assez rapides pour dissiper les doutes qui planent sur la composition présentée.

 

Marouen Achouri     

21/08/2016 | 16:00
5 min
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Commentaires (4)

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mizaanoun
| 21-08-2016 22:06
Le contexte mondial ne peut être plus clair aujourd'hui que dans le passé sous l'hégémonie de quelques pays dominants qui représentent dans leur ensemble 12% ou 700 millions de personnes et les pays dominés qui regroupent tout le reste des habitants de la planète soient les plus 88% ou presque 7 milliards d'êtres humains.

Cette hégémonie a donné lieu à tout ce qu'on connait de l'histoire, comme injustices, inégalités, destructions, invasions et pillages sans fin.
L'âme de cette hégémonie est et a été toujours le capitalisme dans ses formes les plus cruelles et les plus barbares. Et pour tenter de donner légitimité, bienfondé et continuité à leur hégémonie les dominants ont créé tous les instruments, comme organisations, lois et règles à suivre pour tout le monde, et à tous ces instruments on leur a donné le caractère international d'inviolabilité et presque du sacré.

Pourtant les dominants ne se gênent nullement de les violer et de passer outre dès que leur domination est remise en question. Toute tentative de la part d'un des pays dominés finit très vite par constituer un danger qui menace cette hégémonie. Aucun pays n'a le droit d'être souverain, de disposer de ses ressources naturelles, de sa terre de son économie et enfin de mener une politique qui le rapproche des autres pays dominés où qu'ils soient et surtout ceux qui lui sont proches. Une politique de réelle redistribution des richesses le plus équitablement possibles. Ce genre de politique menace cette hégémonie et par conséquent elle n'est pas valable !
Bien qu'en réalité tout sur cette hégémonie ne soit pas une nouveauté, mais le développement industriel, la technologie et surtout les moyens militaires énormes avec toutes leurs ramifications ont fini par tracer le contexte dans lequel on se trouve aujourd'hui. Dès lors où on est dans un camp ou on est dans l'autre. Ou on est contre cette hégémonie ou on s'y soumet. Il n'y a pas de nuance possible. On ne peut être à moitié dans un camp et à moitié dans l'autre. Ça ne sert à rien. Et ça n'a rien d'une sagesse politique ou d'un pragmatisme quelconque. Les faits ont démontré, tout au long du vingtième siècle et plus encore durant sa deuxième moitié, qu'aucun pays dans le bloc des dominés n'a avancé le minimum possible et tous les pays qui ont réussi à se libérer pour un court moment de cette hégémonie ont été impitoyablement harcelés et les plus récalcitrants envahis et détruits. Les exemples dans le monde arabe sont innombrables. Est-ce pour autant un argument pour renoncer à se libérer et construire la vie dans son propre en toute indépendance ? ' Certainement la réponse est non. Tout pays digne doit être maître absolu et indiscutable de toutes ses richesses. La vie est une lutte et peut être dure, amère et longue. Mais quand un peuple prend conscience de cette lutte, il est disposé aux plus forts des sacrifices. Le peuple est la seule pérennité et la continuité de la vie et non pas les individus que nous sommes éphémères et nous ne faisons que passer. Les peuples sont disposés au martyr. Mais cette lutte dépend des dirigeants qui tracent les lignes à suivre et capables de convaincre les masses populaires.

Pour définir ces lignes à suivre il faut prendre position claire contre cette hégémonie et refuser toute pression. Prendre position aux côtés des pays qui luttent contre cette hégémonie. Sortir du FMI et toutes les autres organisations du genre, les dénoncer sans ambiguïté et refuser toute collaboration avec elles. Les relations avec les puissances dominantes doivent être maintenues au minimum et se réduire aux stricts intérêts du peuple et non des multinationales de ces puissances. Les relations avec les pays qui ont réussi à se libérer de cette domination doivent être renforcées au maximum. Et ce que ça soit sur le plan économique ou autres. Il est vain de penser combattre la corruption par exemple tout en restant sous domination. D'ailleurs la corruption dans ces pays et leurs relations avec le reste du monde est précisément la corruption. Quant à la politique internationale il y a des questions de grande urgence sur lesquels un réel gouvernement souverain doit prendre position : il est inacceptable qu'on reste indifférent sur le sort des peuples qui luttent. Dans le monde arabe on ne peut accepter ce que font les oligarchies du Golfe au Yémen, en Syrie, en Irak etc. Et dans le reste du monde on ne peut fermer les yeux sur ce font les troupes de la France en Afrique et au Maghreb. On ne peut accepter que la Libye soit de nouveau carrément recolonisée par l'ensemble de ces puissances. Ce ne sont là que quelques exemples et le sujet est certainement beaucoup plus étendu.

N'oublions pas que la Tunisie est officiellement allié majeur de l'OTAN en dehors de ses membres !

el khlifi mokhtar
| 21-08-2016 16:40
Vous oubliez de commenter la nomination du nouveau ministre des affaires religieuses?par qui a-t-il été proposé?Ennahdha sans doute.YC a commis une erreur grossière en nommant ce ministre.Ecoutez ses videos!!!

salahtataouine
| 21-08-2016 16:39
lisez cet article pour savoir qui est qui et pour faire quoi !!!

""""""""""Depuis 2001, GRAIN assure un suivi des méthodes employées par les soi-disant accords de libre-échange (ALE), le plus souvent négociés dans le secret hors de l'Organisation mondiale du commerce (OMC), sont utilisés pour aller au-delà des normes internationales existantes en matière de brevetabilité du vivant. Nous fournissons dans ce rapport des informations actualisées sur les ALE qui sont en train de légaliser le vol organisé par les entreprises et de menacer la possibilité pour les agriculteurs de conserver, produire et échanger des semences dans le monde entier.""""""""""""


la suite est ici


http://www.mondialisation.ca/avec-de-nouveaux-accords-commerciaux-le-vol-organise-par-les-multinationales-est-legalise-et-les-semences-paysannes-deviennent-illegales/5541476

jaghmoun
| 21-08-2016 15:37
nidaa touness a avalé son bulletin de naissance aprés les elections de 2014.
ennahda affaibli par le pouvoir et
ecarté par le peuple de la gouvernance.
une ARP lente inefficace pointé par
l'absenteisme et le marasme et la passivité,des commissions bidons et
un president depassé et non a la hauteur
IL RESTE UN BEJI PRESIDENT BEY QUI
DETOURNE LE POUVOIR ET NAGE SEUL EN
DEHORS DU DESTOUR ET PAR SOUMISSION
DU PEUPLE AUX DECISIONS EN TUANT LE
PEU D'ESPOIR DE LA DEMOCRATIE.
ou allons nous vers la dictature et
le fascisme,le pouvoir presidentiel
absoulu de bourguiba et ben ali.
LE MINISTRE DES FINANCES PIECE DU NIDAA
ON NE LE LACHE PAS,ON LUI FABRIQUE
UN POSTE SUR MESURE DE MINISTRE A LA
PRESIDENCE.
conseiller en economie,de quoi se mele
la presidence en plus du courtisan de
ben ali CHALGOUM,beji s'offre encore
un ministre,et donne tous les avantages
a AZZABI en salaire et pouvoir.
beji a 2 fonctions suivant le destour
les etrangeres,la securité,petit a petit
il confisque tout,aprés refus de la
modification de la constitution en sa
faveur pour commander le troupeau et
avoir des desisions virulentes,comme
imposer la statue de bourguiba .
LE PEUPLE DOIT SE REVEILLER ET RECLAMER
SON POUVOIR,STOPPER LES MANIPULATIONS
DE LA PRESIDENCE?POUSSER L'ARP A BOSSER
ET IMPOSER DES CONDITIONS A ECHAHED.