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Chroniques
Ghannouchi, Saïed et les autres: une bataille d’égocentrisme
Par Houcine Ben Achour
13/02/2020 | 20:00
4 min
Ghannouchi, Saïed et les autres: une bataille d’égocentrisme

 

En ce moment, il est de plus en plus difficile de mettre en exergue une actualité économique. Elle est immédiatement évacuée par les péripéties de la formation du nouveau gouvernement. L’ultime rendez-vous donné par Elyes Fakhfakh est fixé pour ce vendredi 14 février 2020, sans que l’on soit absolument certain que le processus connaîtra son épilogue : un gouvernement qui obtiendra une majorité de soutien lors du vote de confiance à l’Assemblée des représentants du peuple (ARP). Les spéculations vont encore bon train sur l’aboutissement du processus, tant les déclarations et les prises de position des uns et des autres ne sont pas pour rassurer les plus optimistes, ni convaincre les plus sceptiques.

 

Entre l’égocentrisme des partis, celui du président de la République, Kaïs Saïed, et celui de Rached Ghannouchi avec sa double casquette de président de l’ARP et du mouvement Ennahdha, Elyes Fakhfakh, le chef du gouvernement désigné, ne cesse de jouer le funambule et d’avaler les couleuvres.

Les partis qui sont susceptibles de le soutenir se regardent en chiens de faïence, tellement ils doutent réciproquement de leurs sincérités. A telle enseigne que la répartition des portefeuilles ministériels reviendrait pour Elyes Fakhfakh à résoudre le problème de la quadrature du cercle.

 

Le président de la République tient mordicus à sa préséance pour un gouvernement composé des partis qui ont voté en sa faveur au second tour de l'élection présidentielle, éliminant de fait Qalb Tounes dont le président fut son adversaire dans ce scrutin. Peu importe pour lui que le chef du gouvernement qu’il a désigné ne puisse pas jouir d’un périmètre de soutien politique suffisamment large et lui permettre ainsi de travailler dans la durée.

Plus encore, Kaïs Saïed ne semble pas hésiter à torpiller la personne qu’il a pourtant désignée pour former le gouvernement. Sinon,  qu’est-ce qui a bien pu pousser le président de la République, Kaïs Saïed, à saisir l’occasion d’une rumeur concernant l’ouverture du capital de la compagnie aérienne nationale Tunisair à une compagnie étrangère, Qatar Airways en l’occurrence, rumeur très vite démentie officiellement, pour qu’il prenne contact avec Noureddine Taboubi, secrétaire général de la centrale syndicale, l’UGTT, et lui assurer son refus de toute éventualité de cession d’une entreprise publique, quelle qu’elle soit et notamment Tunisair ? Est-ce une coïncidence que cette prise de position présidentielle soit intervenue dans la foulée des rencontres d'Elyes Fakhfakh avec Nabil Karoui, président de Qalb Tounes, sous l’égide de Rached Ghannouchi ? Mis en sourdine dans le projet de programme gouvernemental d'Elyes Fakhfakh, le dossier des entreprises nationales devrait constituer un enjeu clé pour le prochain gouvernement, tant il représente l’un des leviers de résolution du grave déséquilibre des finances publiques.

En tout cas, la position du chef de l’Etat sur un sujet aussi sensible est à mettre au crédit d’une tentative de cristalliser les négociations sur ce seul sujet, à un moment très délicat. Elyes Fakhfakh peinait déjà à rassembler Ennahdha, Ettayar, Echaâb, El Karama et Tahya Tounes pour constituer un gouvernement. Des négociations sur la question des entreprises publiques risquaient, à ce stade, de tout faire capoter tant les positions des uns et des autres sont divergentes. Entre Tahya Tounes et Echaâb, par exemple, les positions sont diamétralement opposées.

 

Quant à Rached Ghannouchi, sa détermination en faveur d’un gouvernement d’union nationale obéit à d’autres considérations qui n’ont aucun lien avec la volonté de sortir le pays de la crise économique et sociale dont son parti assume une large part de responsabilité. Et c’est vraiment cocasse de l’entendre parler de faillite de modèle économique, lui qui ne sait même pas de quoi se compose un PIB. Le gouvernement d’union nationale qu’il appelle de ses vœux constitue en lui-même un total revirement de position à l’égard de Qalb Tounes. Il l’assume sans le moindre des scrupules pour peu que cela serve son objectif de rassembler tout le monde sauf  le Parti destourien libre (PDL) de Abir Moussi. Pour lui, c’est cette acceptation de l’union nationale ou rien. Car, il sait que le danger vient de là. Il en a eu illustration au sein de l’hémicycle de l’ARP à l’occasion des séances plénières. Sa priorité est de l’isoler totalement. Manifestement, on est loin des considérations socioéconomiques et des exigences de parachèvement de la transition démocratique.

Pendant ce temps, le pays est à l’arrêt.

                                                                                                     

Par Houcine Ben Achour
13/02/2020 | 20:00
4 min
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Commentaires
kol
Ghannouchi devrait etre juge pour haute trahison
a posté le 14-02-2020 à 11:45
S'il y a une personne dans ce pays qui a vendu la nation pour son interet personnel c'est bien lui
A quand la diffusion du reportage de Sami Fehri? a qund les revelations tant attendues? il eest temps vraiment de faire le proces de ce ripoux, infame voleur, sans foi ni loi qui a mene tous les tunisiens a la faillite.
Je t'accuse Ghannouchi de tous les maux d pays, et j'espere vraiment que ton proces arrivera bientot
Vil traitre!
DHEJ
Non et désormais le pays n'est pas à l'arrêt!
a posté le 14-02-2020 à 09:18
Le commerce extérieur fonctionne, la balance de paiement aussi... mais à quelle célérité?!

Bref, entre les 3 présidents c'est le principe de:


tu me tiens je te tiens...

Vote de confiance par ci
Dissolution par là
Et motion motivée pour mettre fin au mandat aussi...

Qui activera l'offensive le premier?

La pression viendra-t-elle du peuple?