Par Sofiene Ben Hamida
Les islamistes sont-ils de bons gouvernants ? Assurément non. Là où les islamistes ont pris le pouvoir, en Iran, au Soudan, en Arabie Saoudite, en Turquie actuellement, en Egypte il ya quelques années ou ailleurs, la démocratie a reçu un coup fatal, les intérêts des classes les plus larges ont été sacrifiés au profit de ceux des castes au pouvoir. Le régime de Daesh qui a sévi en Iraq et en Syrie durant la dernière décennie et qui a commis les crimes les plus odieux contre les populations civiles est certes une abjecte caricature des régimes islamistes. Mais il n’a fait qu’accentuer l’ignominie avec laquelle les islamistes gèrent les affaires publiques.
La Tunisie est-elle une exception dans son environnement culturel et politique arabo-musulman, comme une frange assez consistante de Tunisiens - bercés trop longtemps par la propagande officielle - se plait à répéter ? Assurément non. Y compris les islamistes tunisiens qui se sont montrés d’aussi piètres gouvernants que leurs « frères » du Machrek et du Maghreb réunis. Le parti islamiste Ennahdha est en effet le seul parti politique qui a participé activement à la direction du pays depuis octobre 2011, sans discontinuité. C’est une période suffisante pour juger la gestion du pays par les islamistes et se faire une idée assez objective de leur compétence à gouverner.
Il n’est pas utile de s’attarder sur la période 2011-2013 qui a vu les islamistes d’Ennahdha gouverner seuls et qui s’est soldée par deux assassinats politiques, des affrontements avec la population civile à la chevrotine à Siliana, une tentative de prendre possession du siège de l’Ugtt et un affrontement sanglant avec les citoyens venus célébrer la fête des martyrs dans l’artère principale de la capitale.
Il n’est pas utile aussi de s’attarder sur la période 2014-2019 qui a vu le parti Ennahdha, profiter d’une cohabitation et d’une connivence avec le parti Nidaa, pour jouer le marionnettiste, inféoder les rouages de l’Etat et saboter les efforts, pour faire la lumière sur des questions importantes pour la sécurité nationale comme le réseau d’envoi de Tunisiens en Syrie, les écoles coraniques ou l’organisation secrète d’Ennahdha.
Ce qui se passe depuis le dernier marathon électoral qui a vu le parti islamiste Ennahdha, revenir au pouvoir sous la conduite de son chef de toujours, Rached Ghannouchi, ne fait que confirmer l’incapacité des islamistes à assumer la gestion des affaires du pays. Mais ce qui est nouveau cette fois, c’est que l’échec des islamistes est assumé directement par Ghannouchi, qui pour une fois, n’agit pas par procuration mais est obligé de se démystifier. En effet, en l’espace d’à peine deux mois, Ghannouchi essuie son troisième revers, ce qui est trop pour un homme qui occupe le devant du paysage politique depuis plus de quarante ans.
Son premier échec fût à l’occasion de l’élection présidentielle et des législatives. Lors de l’élection présidentielle, le candidat du parti islamiste, qui n’est autre que Abdelfettah Mourou, premier vice-président d’Ennahdha et de l’ARP, n’a pas réussi à passer le premier tour avec un déficit de voix important vis-à-vis des deux premiers candidats. Les résultats des islamistes lors des élections législatives ne furent guère meilleurs puisqu’ils ont perdu un demi-million de voix par rapport aux élections de 2014 et presque un million de voix par rapport aux élections de l’Assemblée nationale constituante en 2011. Leur pôle position ne préjuge pas de la force des islamistes mais de l’extrême faiblesse des autres formations politiques.
Le second échec de Ghannouchi est en sa qualité de président de l’Assemblée des représentants du peuple. Il s’est montré très faible et trop effacé lors de la séance inaugurale, pour être totalement absent lors de la crise entre le bloc parlementaire islamiste et celui du Parti destourien libre de Abir Moussi.
Enfin son troisième échec est en rapport avec l’incapacité de son protégé désigné Habib Jamli, à former un gouvernement au bout de quatre semaines de salamalecs et d’amabilités ponctuées par des litres de thé à la menthe.
C’est sûrement cette indigence flagrante de Rached Ghannouchi, mise à nu après uniquement deux mois de gestion publique des affaires, qui a encouragé Mohamed Ben Salem, un des faucons islamistes, à appeler au départ des vieux chefs de la direction du parti, allant dans le sens d’un autre faucon islamiste, Abdellatif Mekki, qui a appelé à tenir le prochain congrès du parti Ennahdha d’une manière prématurée.
Commentaires (30)
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Complexé
Incapacité
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Toutes les religions sont des créations humaines
@ BEN HAMIDA EXCELLENT
Le problème aujourd'hui est de savoir comment contraindre les islamistes à renoncer à l'exercice du pouvoir pour lequel ils n'ont ni les compétences ni la légitimité ?
Excellente analyse
Tu confirme l'incapacité des laïcs à se débarrasser de leur haine idéologique
tu ne pourra jamais te débarrasser de ta haine et de ta rancune idéologique rouge.
à lire ces mots que tu a crachés croit que les laics sont des lumières dans la gouvernance des pays arabes... va voir ce qu'ont fait les dictateurs arabes non islamistes et les conséquences de leur règne sur leur pays pendant plus de 50 ans... on n'a semé que la pauvreté, le sous-développement, l'ignorance, les guerres civiles, la dictature, le chômage, le colonialisme...
ni foi ni loi
A ce problème de projet s'ajoute l'absence de compétences dans ce mouvement et même autours. Ceci est au règne de leur leader ghanouchi qui tient tous les ficelles et qui malheureusement et après des efforts reste une dictature archaique et arriéré et surtout de trés mauvaise foi. Regerdez bien les magouilles de ce vieux ou elle a amené le pays, regardez comment il change d'avis, d'alliés de principe et de buts. Ces attitudes vont le ruiner, ruiner son parti et malheureusement le pays.