Fortes tensions internes à Ennahdha et grande colère contre Ghannouchi
Les nouvelles sont rares et filtrent au compte-gouttes du parti islamiste Ennahdha, mais elles filtrent quand même, quand ça déborde comme c’est le cas maintenant. D’après des informations recueillies par Business News, plusieurs dirigeants d’Ennahdha seraient à couteaux tirés en ce moment en raison de décisions jugées despotiques de la part de Rached Ghannouchi.
Derrière ces dissensions, la composition des listes des législatives et des têtes de liste. Après des élections primaires et des accords obtenus suite à moult réunions, Rached Ghannouchi a tout fait tomber à l’eau en barrant les noms de plusieurs dirigeants pour les remplacer par d’autres.
Parmi les problèmes évoqués par de grosses pontes d’Ennahdha dans des groupes fermés, et que Business News a réussi à connaitre, Rached Ghannouchi a barré le nom de Abdellatif Mekki de la liste de Tunis 1 pour le remplacer par son propre nom. Il a remis Mekki à sa place « naturelle » à savoir tête de liste au Kef. Dans cette même liste de Tunis 1, Rached Ghannouchi aurait barré le nom de Safa Mediani, placée deuxième, pour la remplacer par une femme non voilée, cherchant par là à donner une image moderniste et progressiste du parti islamiste. Attitude qualifiée de misogyne, injuste et illégale de la part de Abdellatif Mekki dans un groupe interne. On ignore par ailleurs si Lotfi Zitoun, placé troisième sur Tunis 1, a été maintenu à sa place ou pas.
Au Kef, là où Abdellatif Mekki a été placé malgré lui, on se doute bien que ce parachutage n’était pas vu d’un bon œil, mais on a fini par acquiescer. La tête de liste Houcine Jendoubi, a souhaité la bienvenue à Mekki pour occuper la première place acceptant d’être rétrogradé à la troisième. Sauf que Abdellatif Mekki a refusé ce parachutage qu’il a qualifié d’injuste et despotique. Tout en remerciant Houcine Jendoubi de son accueil, il a décliné la décision de Ghannouchi en déclarant « je ne prendrai pas la place de quelqu’un élu par ses frères et avec qui il a un contrat moral. Je n’ai pas le droit de prendre sa place et de participer à une décision du bureau exécutif destructrice de la bonne ambiance et de la démocratie interne. C’est du despotisme et du zèle dans l’utilisation du règlement interne et des règlements de comptes internes », a déclaré Mekki.
La même nature de problèmes est observée à Tunis 2 où les électeurs de la primaire ont placé Abdelhamid Jelassi tête de liste. D’après les informations obtenues par Business News, Rached Ghannouchi lui a barré son nom pour le placer à la tête de Nabeul 1. Mutation catégoriquement refusée par Jelassi qui a décidé de ne plus se présenter aux législatives. « Je ne vais pas mourir si je ne me présente pas aux législatives. Ma candidature a été déposée dans les normes et ma nomination en tête de liste à Tunis 2 était un choix démocratiques des bases d’Ennahdha. Si je vais ailleurs que là où m’ont désigné les bases, ce serait injuste à l’égard de ceux qui m’ont élu et de ceux qui ne m’ont pas élu puisque je vais me trouver à leur tête alors que je suis indésirable », a déclaré Abdelhamid Jelassi dans un groupe fermé de dirigeants islamistes.
En réponse à ces réactions, Ali Laârayedh a publié à son tour un long statut (toujours en interne et dans des groupes fermés, interdits au public) pour dénoncer le comportement et l’indiscipline de ses camarades Abdellatif Mekki et Abdelhamid Jelassi. En substance, il leur a dit qu’ils se doivent d’obéir aux décisions du bureau exécutif (et celles de Rached Ghannouchi donc) qui connait mieux qu’eux les intérêts d’Ennahdha. Ali Laârayedh rappelle, dans la foulée, que c’est le cheikh qui finance le parti…
A noter que Ali Laârayedh est proposé tête de liste à Tunis 2, a priori (information non confirmée) à la place de Abdelhamid Jelassi.
N.B.