L’imam Férid El Béji n’a pas été tendre avec ceux qu’il qualifie « d’élitistes » et qui veulent discuter de la religion alors qu’ils souffrent d’une « désertification religieuse ».
C’est ce qu’il a indiqué, aujourd’hui mercredi 1er avril 2015 lors de son passage à l’émission « Politika » sur les ondes de Jawhara Fm en donnant l’exemple de certains intellectuels qui n’ont pas hésité à proposer que des femmes assurent la fonction de l’imamat. Ce genre de propos rebute les Tunisiens qui sont, au fond, tous des musulmans et des croyants quelque soient leurs idéologies, leur degré d’instruction, y compris des malfaiteurs (ivrognes, trafiquants et consommateurs de drogue, etc.), assure M. El Béji.
« Pour moi, ces intellectuels sont des dawaêch [partisans de Daech] à l’envers, car ils tiennent des paroles extrémistes dans l’autre sens », conclut Férid El Béji.
Vous me demandez " etes vous sûr que la relation entre l'interdiction de sortir le soir et l'islam soit vraie?"
Non, bien sûr non. D'ailleurs, je l'ai dit, ma femme est profondément croyante, et rejette ces interdits et bien d'autres.
C'est pourquoi il me gêne tellement que des responsables religieux de haut niveau, comme El Beji, entretiennent cette ambiguïté.
Il serait temps que les penseurs de l'islam prennent clairement position pour l'égalité des hommes et des femmes, en droits et devoirs. Si c'est bien ce qu'ils souhaitent, rien n'est clair. ..
bref, donc je comprends votre appréhension mais êtes vous sûr que la relation entre l'interdiction de sortie le soir et l'islam est réelle ? Elle pourrait être inventée par de pauvres ignorants et c'est le cas ! pour moi c'est païen ce genre d'interdits ; tiens avez-vous jamais vu ces personnes « étudier »( je dis bien étudier non pas lire ou réciter) le coran, munis d'un dictionnaire et d'autres ouvrages pour une meilleure analyse, je suis sûre que non et pourtant vous faites confiance à leur diffamation de l'islam.
J'ai connu la Tunisie en 2010, en me rendant directement dans un petit village de la Tunisie profonde, ayant été invité par un club d'astronomie que les jeunes du village venaient de créer. Nous avons passé ensemble une dizaine de jours, garçons et filles, hommes et femmes, je les ai initiés au maniement du téléscope... très vite, je suis tombé dans un vrai gros problème.
Le jour, les filles et les femmes participaient, la nuit non, elles ne pouvaient pas venir.
Dès les premires jours, j'avais croisé celle qui allait devenir ma femme, deux ans plus tard. Je lui avais demandé : "Pourquoi ne viens tu pas la nuit avec nous observer le ciel?"
Elle m'avait répondu: "Le club d'astro? Tous des cons!"
Vlan, prends ça dans la gueule, touriste!
Et dès le lendemain, j'ai organisé une observation des tâches solaires, avec le téléscope. Donc en plein jour! Je m'étais placé tout près d'où habitait ma future, pour qu'elle n'en perde pas une miette...
Et bien sûr ce jour là, la gent féminine du club était présente.
Comme j'avais capté que les filles ne pouvaient pas non plus aller boire un café avec les mecs, j'avais loué et installé un petit chapiteau, placé deux tables et des chaises, et je faisais le café et le thé, que les filles partageaient avec les garçons. Des kilos de sucre hhhhhhh....
Oh je n'aurais rien fait de tout cela si les filles n'avaient pas souffert de ne pas pouvoir observer les étoiles, la nuit, ou de ne pas pouvoir boire le café aux terrasses avec les mecs.
Mais elles en souffraient, deux d'entre elles étaient venues me voir en pleurant, s'excusant de ce qu'elles n'avaient pas les mêmes droits que les garçons.
Lorsque j'étais parti, la mère de deux filles du club m'avait dit : "Je t'aime, parce que tu as mis du sourire sur le visage de mes filles".
Cela ne s'oublie pas, vous savez, Yosra.
Toujours est-il que ma Princesse n'avait rien perdu de mes savantes ruses pour contourner les interdits faits aux femmes, et juste avant que je parte, la veille, elle était venue chez moi, seule, me dire au revoir. Nous avons passé une heure et demie ensemble, en cachette, une heure et demie qui a changé nos vies.
Après mon retour en France, nous avons continué à communiquer, et j'ai découvert une rebelle, un femme en totale révolte contre les interdits faits aux femmes par sa société. Bien que profondément musulmane et croyante, elle rejetait de toutes ses forces cet ostracisme, cette violence de chaque jours faite aux femmes.
Elle revendiquait de toutes ses forces les mêmes droits que les hommes, et clairement me tendait la main pour je la "sorte de là" (ces mots sont d'elle).
Elle était féministe, belle et rebelle, violente dans sa révolte, mais douce avec l'homme qui allait l'aider et à qui elle tendait la main... nous ne nous sommes plus quittés.
Elle qui vait rejetté quatre demandes en mariages, m'a demandé la première si je voulais me marier avec elle!
Si je le voulais? Oh mon Dieu oui, Princesse, oui, de toutes mes forces!
Je pourrais raconter mille autres anecdotes allant dans le même sens, toujours est-il que voilà les raisons profondes de mon engagement en faveur des droits des femmes, dans un pays qui n'est pas le mien mais m'a donné un diamant de sa culture. Princesse...
Vous me dites, à juste raison : "Je ne comprends pas un truc, par contre ; si vous etes vraiment athée, rien qu'athée et non pas un anti-religieux alors pourquoi vous vous occupez de qui devient imam ou pas ?"
En fait, pour être précis, je suis agnostique, pas athée.
Mais je vous réponds : ma femme est tunisienne, et croyante. Je respecte sa foi et sa religion, dans laquelle elle puise ses valeurs morales.
D'autre part, par le mariage, la moitié de ma famille est tunisienne, en grande partie croyante, et vit dans un pays ou rien ne se fait sans Dieu (si la cruche est vide, elle va se remplir, inchallah!). Donc, que je le veuille ou non, "l'imam est dans mon lit" (rire).
Et par conséquent, je m'intéresse de près à qui va prendre l'autorité de la Zitouna, El Béji est bien placé pour cela.
Voilà, bonne journée Yosra