Faisons comme Trump !
Après tout, ce ne sont que des malfrats, des criminels sans scrupules, des violeurs en puissance, des terroristes sanguinaires, ou de simples pauvres égarés qui ont eu la malchance de commettre un délit. Cela importerait peu donc, si on leur donnait une « petite » correction, n’est-ce pas ? Ca ne compte pas, ils ne comptent pas, ce ne sont plus des êtres humains, des « animaux » plutôt, et on devrait les traiter comme tels ! Et puis c’est une nécessité, comment pourrait-on leur arracher des aveux sinon ? On le leur demandant gentiment ? Inefficace !
Ce n’est pas M. Trump qui dira le contraire. Dans sa dernière sortie, il l’affirme : « Est-ce que la torture marche ? Oui ». Après un vote du Congrès américain, sous l’administration Obama, d’une loi interdisant formellement l’usage de la torture, le nouveau locataire de la Maison Blanche ne serait pas contre son retour.
Alors pourquoi, devrait-on lutter contre une pratique historiquement enracinée, d’autant plus que notre pays fait face à une montée du terrorisme et que cela impose de sortir le grand jeu ? Et dans ce grand jeu, nous excellons. Humiliations, privations de sommeil, électrocutions, viols, simulations de noyade et j’en passe, nos tortionnaires-artistes n’ont rien à envier à leur confrères du Moyen-Age.
C’est le rapport 2016 de l’Organisation mondiale contre la torture (OMCT) qui tire la sonnette d’alarme sur une pratique encore persistante et qui démontre une tendance à l’arbitraire. On aurait cru que la révolution amènerait avec elle les ruptures escomptées, mais les vieilles habitudes ont la dent dure. Ajoutez à la gravité de ces pratiques, une tendance à ne pas condamner les tortionnaires, renforçant ainsi une souveraineté de l’impunité et la boucle est bouclée. Les présumés coupables n’ont aucune chance d’aspirer à un traitement humain. En même temps, vous me direz que ce n’est pas bien grave. Après tout, c’est pour le bien de tous que nous les torturons, c’est pour les châtier pour leurs crimes !
Cette mentalité largement répandue en Tunisie conforte ce climat d’impunité. Dans la rue, au poste de police ou en prison, l’agent est plus puissant que Dieu. Il pourrait se permettre toutes les exactions du monde, en usant de sa surpuissance et de l’omerta entourant ses pratiques. Dans cette Tunisie qui pensait tourner la page, on assiste à des actes de torture qui ôtent toute dignité et humanité.
De plus, notre institution judiciaire continue à utiliser les aveux obtenus sous la contrainte et les plaintes pour torture sont encore rarement instruites. Pourtant, le contexte politique actuel se trouve être favorable à la mise en place de programmes de lutte contre la torture et contre l’impunité. Mais on en est encore loin.
Depuis le début de la lutte antiterroriste en Tunisie, aux alentours de 2012, les ONG ont relevé des dizaines, voire des centaines de cas de torture et de maltraitance. Les arrestations, interrogatoires et tortures exercés dans le cadre de la lutte antiterroriste sont le fait, tant de la police que de la Garde nationale.
Ah ces droit-de-l’hommistes qui prennent la défense de ces monstres ! A bas ceux qui éprouvent de la « sympathie » pour les terroristes ! Ils n’ont rien d’autre à faire que de s’attaquer à nos forces de l’ordre, les accusant de tous les torts, alors qu’ils tentent de nous défendre !
Ceci est le discours que soutient un grande partie de la société et certaines de nos élites, qui tolèrent ces violations au nom de l’intérêt supérieur.
Se transformer en complice d’actes inhumains serait-il la solution ? La torture en elle-même, est-elle une solution aux maux qui rongent notre société et toute une génération en perdition ? « Il faudra les exterminer ! », « larguer du Napalm ! », « leur arracher les ongles, la peau, leur broyer les os, quitte à ce que mort s’en suive », « ceci est le seul moyen pour les combattre et que tout cela cesse ! ».
Les bourreaux et les complices, ne rivaliseraient-t-ils pas là en monstruosité avec les présumés coupables ?