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Chroniques
Et pendant ce temps-là, Ennahdha gagne !
27/06/2018 | 16:59
3 min
 
Dans son célèbre « Art de la guerre », Sun Tzu disait : « Il ne faut jamais interrompre son ennemi quand il fait une erreur ». Il semble que ce soit la tactique pour laquelle opte Ennahdha devant les gesticulations stériles de son ennemi Nidaa Tounes. La bataille rangée qui est engagée entre Hafedh Caïd Essebsi et le chef du gouvernement, Youssef Chahed, ne perturbe pas du tout le parti islamiste qui marque des points chaque jour. 
 
A la tête de l’exécutif, on parle de remaniement, d’évaluation et de nomination. Ennahdha n’en a cure et se délecte de ses multiples victoires au niveau local. Quelle victoire pour un parti longtemps interdit, toujours décrié, d’imposer ses poulains par la force des urnes en damnant le pion à l’ensemble des autres partis et particulièrement à Nidaa Tounes.Il ne faut pas s’y tromper, Ennahdha serre les rangs et est en ordre de bataille car il est parfaitement conscient de l’importance de l’un des éléments centraux de toute action politique : le temps.
Alors que ses adversaires sont dans une optique immédiate et instantanée, Ennahdha se projette pour 2019 et plus loin encore. En mettant la main sur les localités à travers les élections municipales, Ennahdha prépare déjà sa victoire aux législatives (au moins) de 2019. Le parti islamiste sera en mesure de changer le quotidien des gens dans les zones habituellement abandonnées par les têtes pensantes tunisoises. Ennahdha se détache largement des autres partis politiques tunisiens par sa discipline et par son pragmatisme. 
 
Même au niveau des municipalités, Ennahdha a très bien négocié son coup en lâchant des lièvres suivis par les médias et par les autres partis comme ce fût le cas à Monastir ou encore à Sidi Bou Saïd. Tout le monde les a suivis pendant que le parti engrangeait les soutiens et les victoires partout ailleurs dans le pays. Le monde politico-médiatique tunisois ne s’est pas rendu compte que le parti islamiste pliait les autres protagonistes à sa volonté en jouant sur leurs vils désirs de nomination et d’avantages.
Ennahdha a pris le temps d’étudier ses ennemis, de connaitre leurs points faibles et de jouer sur leurs désirs et ambitions. Personne n’a été capable de déjouer les plans du parti de Rached Ghannouchi et tous les pseudo-politiciens de ce pays se sont cassé les dents sur la solidité des structures du parti. Depuis la révolution de 2011, la seule constante a été l’existence du parti Ennahdha. Tous les autres ont changé. Il y a ceux qui se sont divisés comme Nidaa Tounes et d’autres qui ont complètement disparu comme Ettakatol ou le CPR. C’est cela qui permet aujourd’hui à Rached Ghannouchi de se présenter en gage de stabilité et de sérénité, parce que lui est toujours là. C’est cela qui lui permet d’être le pivot central sans qui rien ne peut se faire. Et c’est cela qui fait que l’on accoure de partout pour chercher son soutien ou sa sympathie.
 
Personne n’est capable aujourd’hui de contrecarrer les plans d’Ennahdha parce que personne ne dispose de la maturité nécessaire pour cela. Si tous les prétendus progressistes s’unissaient et livraient bataille à Ennahdha, ils auraient peut-être une chance. Au lieu de cela, les petites échoppes politiques vendant de l’alternative, du changement et de l’innovation se multiplient. Chacun se voit en sauveur, en tacticien hors pair qui saura, lui, arriver au pouvoir et changer les choses.
En réalité, quand on n’arrive pas à s’imposer dans son propre parti, on ne peut s’imposer au pays. Quand le seul fait d’armes et d’avoir été un éphémère ministre, on ne peut prétendre à plus que ce que Ennahdha aura décidé de laisser. Sun Tzu a dit autre chose : « Le meilleur savoir-faire n’est pas de gagner cent victoires dans cent batailles, mais plutôt de vaincre l’ennemi sans combattre »…
27/06/2018 | 16:59
3 min
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Commentaires (17)

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Hanni2
| 28-06-2018 13:27
J'aimerais que tu dises vrai et que je sois dans l'erreur , mais beaucoup d'éléments m'empêche d'adhérer à ta vision:

- Beaucoup, beaucoup "d'affaires" accumulées depuis 2011 mais à ce jour aucune mise en examen sans parler de condamnation...

- Contraindre BCE à le garder au gouvernement malgé son échec cuisant aux éléctions de 2014...

- La nécessité d'avoir l'accord de Nahda pour le moindre nomination d'importance...

Parmis beaucoup d'autres éléments qui laissent à penser que le pouvoir du gourou est bel bien réel et non factice...

Comme Hatem, je crois que le salut de la Tunisie veindra par l'expérimentation des frérots une nouvelle fois au pouvoir..on a bien vu que ce qui les a le plus mis en danger jusqu'à présent, c'est justement leurs 3 ans passé au pouvoir entre 2011 et 2014...

Après je le répète, j'espère vraiment avoir tort et que le gourou ne soit pas aussi influent comme tu le pense....

Hannibal

taou
| 28-06-2018 13:14
J'aime tout autant le contenu, évident pourtant, mais inaccessible à cause de " l'immaturité " des nombreuses " petites échoppes politiques", que le ton et le style.
Et même si toute (?) la Gauche se réunissait, ce serait trop tard. Par contre, n'oubliez pas que le principal soutien de ennahdha est et reste le bloc des non-votants.

kameleon78
| 28-06-2018 12:51
Il est vrai que le Gourou se cache derrière BCE , celui-ci le protège, mais il n'est pas le président "officieux", il n'a jamais été élu par le peuple, il restera un "marginal" toute sa vie. Le parti Nahda dans une élection à la proportionnelle à un seul tour peut gagner les élections législatives mais il leur serait impossible de gagner une élection à deux tours comme la présidentielle, c'est pour cela que la Nahda ne présente jamais un candidat issu de ses rangs, ils savent que c'est perdu d'avance. Pourquoi? Car dans une élection à deux tours, au second tour on élimine un candidat, on ne choisit pas un candidat. Tous les électeurs non islamistes élimineront le candidat islamiste au second tour en votant pour son adversaire. Le Gourou le sait, il n'est pas con, il préfère se cacher derrière BCE. Quant à ton commentaire : " ...Le gourou en représentation dans toutes les chancelleries d'Occident et supra-président du pays... ". C'est de la pure mise en scène orchestrée par l'agence de communication américaine qui veut le faire apparaître dans son meilleur jour (costume, cravate) mais si tu regardes bien, ceux qui le reçoivent sont des seconds couteaux, des personnalités insignifiantes et inconnues, c'est juste de la communication.

Cordialement

HatemC
| 28-06-2018 12:24
La défaite de Nahdha viendra de l'intérieur de la secte ... et pas besoin des modernistes ou autres progressistes
Si Ghannouchi se présente en 2019, ce sera la fin des Khwenjiya ...
Ghannouchi veut imiter Merdogan ....

Selon le porte-parole du parti Ennahdha, Imed Khemiri ,Rached Ghannouchi est le candidat naturel de la secte des Khwenjiya pour 2019 ... autrement dit il est déjà candidat ...

Je souhaite vraiment sa candidature, pour en finir une fois pour toute avec ces MUTANTS, il est certain que les Tunisiens "overdosé" par la religion , trop de religion tue la religion, vomiront ces barbus et infligeront une défaite monumentale à ce DEJJEL et sa meute de barbu et voilées nikabées ...

Ces barbus ont parasité notre quotidien avec leurs INTERDITS et leurs HYPOCRISIE et autres exigences aussi farfelu les unes que les autres tel ce prédicateur yéménite ridha jaouadi ...un descendant des beni hilel consanguin basané, inutile '?'

Tous les islamistes sans exceptions sont des extrémistes

L'extrémisme musulman est nocif.

Et je tiens à préciser que je ne parle pas de l'islam mais de l'islamisme ... on connait l'esprit tordu des khwenjiya , ILS ADORENT LES RACCOURCIS pour nous coller des étiquettes d'islamophobe et j'en passe '?' et ils oublient leur PROS'?LYTISME

SI Ghannouchi se présente je parie une forte mobilisation pour lui barrer la route ... et sans fraude il ira rejoindre la cohorte des va nu pieds islamistes pour le jihad car en 2019 ce sera la fin de la fin pour ces USURPATEURS ... colonisateurs ... non Tunisiens justes des zarabes musulmans et non des Tunisiens ...

Le Tunisien met en avant son identité millénaire ... ces DEJJELS et leur soutient je leur signale que vous parlez BERBERE à longueur de journée avec quelques mots d'arabes uniquement .... ON BARRERA LA ROUTE A CES DESCENDANTS DE YEMENITES ... HC

Nasser
| 28-06-2018 12:18
'Il ne faut jamais interrompre son ennemi quand il fait une erreur'. Et des erreurs, nos 'politiques' ont en fait. Tous les tunisiens ont fait des erreurs par stupidité, par ignorance et par cupidité. Sinon comment expliquer la victoire 'des frères' alors qu'ils sont en train de détruire le pays tout entier au vu et au su des moutons de panurge que nous sommes.
Je suis consterné par le changement des tunisiens. Hier ouverts et tolérants, aujourd'hui islamistes et obtus.

Hanni2
| 28-06-2018 11:58
...plus de 40% des suffrages lors des premières éléctions...

...Conservés au gouvernement malgré leur défaite de 2014 avec en plus le paravent Nida qui prend les coups pour eux...

...De nouveau premier parti (je ne compte pas les "indépendants") lors des municipales...

Le gourou en représentation dans toutes les chancelleries d'Occident et supra-président du pays...

Bref, on va pas y échapper à la gouvernance (officiel) de la nakba, probablement longue durée...

Hannibal

kameleon78
| 28-06-2018 11:52
La Nahda n'a pas gagné les dernières élections municipales puisque les "indépendants" sont en tête avec 32%, c'est comme si pour vous, ces 32% comptaient pour du beurre c'est absolument faux. La Nahda se classe deuxième et Nidaa Tounès troisième. Le but de Nahda n'est pas de gagner mais de s'imposer tout doucement comme un parti "normal", c'est l'obsession du Gourou, il ne veut plus rester un parti marginal, c'est le cas en France avec Marine le Pen dont l'obsession principale serait de sortir le Front National du Ghetto politique, ce sera sa nièce Marion Maréchal qui le réussira dans les prochaines années et je pense que la Nahda tant que Ghannouchi sera là, ce parti restera marginal aux yeux des tunisiens, il faudrait une nouvelle génération de politiciens nahdaouis pour les sortir du Ghetto politique.

Open Sky
| 28-06-2018 10:22
Je partage totalement votre analyse, et j'ajoute : " Préparons-nous au raz de marré d'Ennahdha lors des prochaines échéances électorales. Par sa discipline, et sa méthodique Ennahdha va diriger la Tunisie pour les prochaines 25 années. Elle a gagné les dernières élections municipales sans trop forcer, et avec la défaillance de plus d'un million de ces fidèles électeurs, alors imaginez le score quand ces défaillants retournent au bercail !
La seule alternative à mon humble avis, est que tous les autres partis et à leur tête Nida se réunissent autour de Madame Moussi Abir, qui est la seule à pouvoir rassembler.
Appel à bon entendant avant qu'il ne soit trop tard, si ce n'est déjà trop tard

tunisien
| 28-06-2018 00:05
les dirigeants de la gauche et les progressistes sont des gens incompétents c'est pour cela que le parti de RG gagne du terrain sans oublier que le tunisien ordinaire est politiquement illettré

Mohamed 1
| 27-06-2018 22:07
...la division de ses adversaires.