Et maintenant ?
Par Karim Baklouti Barketallah*
Avant le 14 janvier 2011, j'ai toujours voulu faire de la politique. Mais je me voyais alors mal agir au sein d'un parti unique qui opérait pour qu’un homme reste le plus longtemps possible au pouvoir et sa famille profiter des richesses du pays.
La chute de ce régime m'a permis de réaliser mon rêve. Partant d'un esprit quasi révolutionnaire à la suite du départ de Ben Ali, j'ai appris à devenir davantage pragmatique au fil du temps et comprendre que l'on ne pouvait faire table rase du passé pour bâtir l'avenir.
Alors que beaucoup ont créé des partis politiques, j'ai fait le choix de renforcer un parti qui aurait une taille relativement importante pour jouer les premiers rôles dans le pays et changer les choses. Ettakatol dans une première étape, avec un homme que je pensais plein de valeurs mais qui s'est avéré par la suite être un égoïste de première le menant à la trahison du pays. Al Joumhoury ensuite auprès d'un grand Ahmed Néjib Chebbi auquel je continue à vouer un énorme respect mais dont l'entourage direct n'avait pas la capacité d'accepter des profils autres que ceux historiques. Et enfin Nidaa Tounes auprès de celui que je considère comme l'un des rares grands politiques du pays qui a su réunir autour de lui des personnalités venant d'horizons diverses pour gagner trois élections et redonner le pays aux progressistes qui s'étaient fait lamentablement battre en 2011.
S'il est vrai que beaucoup regrettent que BCE n'ait pas conduit seul les affaires du pays, il n'en demeure pas moins, que ses choix ont permis d'éviter au pays de s'embraser. Et maintenant ? Après avoir beaucoup cru au rêve Nidaa, j'ai dû constater, la mort dans l'âme, que si on voulait faire de la politique à haut niveau, il ne fallait pas avoir d'états d'âmes, voir se séparer de ses propres valeurs et référentiels. Nidaa, après le départ de BCE, a été livré aux chacals de tous bords lui faisant perdre tout son sens et lui ôtant son âme.
Malgré cela, et pour cause d'inexistence d'une quelconque offre politique qui convienne à ma vision de la Tunisie dont je rêve pour mes enfants, j'ai fait le choix de ne pas démissionner du parti et d'essayer, dans la mesure du possible, d'œuvrer avec d'autres, à essayer de redonner au parti sa véritable identité. Choix certes cornéliens. Mais je ne veux abandonner après tant d'efforts et parce que je continue à y croire.
La situation du pays est très difficile et nous avons l'impression que le pays est ingouvernable La corruption prends le dessus sur une économie peu structurée et à la tête de laquelle nous ne choisissons pas toujours les meilleures compétences. Le monde entier à peur de venir chez nous et nos hôtels sont totalement désertés alors que nous ambitionnions les 10 millions de touristes.
Est-ce irrémédiablement fini? Difficile. Très difficile. Mais par principe on ne peut dire qu'il n'y a pas de solution. Si l'Etat faillit à sa mission, c'est à chacun de nous d'avancer sans rien attendre justement de l'Etat. Tout n'est pas perdu Nous devons y croire car nous avons milité dur pour gagner notre liberté. La Tunisie possède un grand peuple. Il saura sauver son pays.
