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Chroniques
Et c’est là que les choses sérieuses commencent !
Par Synda Tajine
13/11/2018 | 15:59
3 min
Et c’est là que les choses sérieuses commencent !

Par Synda Tajine

 

Les députés ont validé hier, lors d’une plénière mortelle de platitude, les ministres proposés dans le remaniement du gouvernement Chahed. On espère qu’avec ce vote, les choses sérieuses puissent enfin commencer.

Oui car ne nous leurrons pas, tout ce remue-ménage n’était rien de plus qu’un roulement de mécaniques politiques. Histoire de voir qui soutient qui et qui en a la plus grosse dans le pantalon (messieurs excusez l’expression sexiste, c’est que le vaste monde politique est rempli d’hommes en mal de reconnaissance).

 

La plénière a été une perte de temps monumentale. Les députés qui allaient voter contre, ont annoncé avant même le début de la séance, qu’ils allaient, effectivement, voter contre. Tous ceux qui allaient voter pour ont évidemment voté pour. Et ceux qui ne voulaient pas être associés à « l’énorme affront à la démocratie », au « putsch politique » et à « la violation de la volonté du peuple » ont boycotté.

Sans grande surprise, le gouvernement de Youssef Chahed, remanié la semaine dernière, a eu le quota nécessaire pour la confiance parlementaire. Un exercice qui, on ne le répétera pas assez, n’est pas indispensable, n’est pas dicté par la constitution. En effet, le chef du gouvernement n’est pas obligé de soumettre ses nouveaux ministres à l’approbation des députés, il le fait cependant dans le but d’assoir sa popularité et de prouver qu’il possède le soutien nécessaire pour son exercice. Et aussi au passage, pour créer de nouveaux équilibres politiques ô combien salutaires pour les échéances électorales à venir. Si le score était connu d’avance, cela n’a pas empêché les députés - enfin ceux qui étaient là - de rivaliser en envolées lyriques, en patriotisme et en dévotion pour la nation. Un patriotisme bien orchestré, face caméra.

Le tout dans un show préparé d’avance et lassant de monotonie. Les mêmes propos et les mêmes discours sont répétés, à chaque fois, par les mêmes députés des mêmes blocs parlementaires. Le même Ammar Amroussia et ses élucubrations qui n’ajoutent rien de constructif au débat. Le même Yassine Ayari qui nage toujours à contre-courant. La même Samia Abbou qui déterre de vieux dossiers pour insulter ses adversaires. Et les mêmes députés d’Ennahdha, qui dans leur grande sagesse et leur intérêt supérieur et indéfectible pour l’Etat sortent les discours les plus engagés. On a failli pleurer lorsque Houcine Jaziri parlait de « moment historique », en comparant Ennahdha au Front populaire et en leur déclarant son amour, sous les rires de ses collègues. Houcine Jaziri qui vante les louanges de Kamel Morjane, qui parle d’humilité, de modernité, de culture, de liberté de la presse, de diversité et de patriotisme. Un vrai moment d’émotion.

 

Une journée passée au parlement, plus de 8 heures, soit une journée entière de travail d’un fonctionnaire moyen, à écouter des députés déblatérer, encore et toujours, les mêmes inepties, pendant, qu’à l’extérieur, le monde continue de tourner. Ce n’est pas cet « exercice de démocratie » qu’on savait inutile d’un point de vue pratique, mais significatif d’un point de vue politique, qui fera avancer les choses.

Si cet « exercice de démocratie » sert à désamorcer la crise entre la Kasbah et Carthage, mais aussi à rendre légitimes les nouveaux équilibres politiques, dans les faits, ce n’est concrètement que du temps perdu pour un gouvernement qui a du pain (beaucoup de pain) sur la planche.

 

Plusieurs lois urgentes sont devant le parlement en attente d’être votées, notamment celle qui devra nous doter d’une Cour constitutionnelle et d’une loi de finances pour l’exercice 2019. La crise économique qui sévit ne se résoudra pas avec des députés qui palabrent sous la coupole du Bardo ni par des ministres retenus en otage d’un score déjà connu d’avance. L’inflation, la dégringolade du dinar, la corruption, les problèmes d’infrastructure, l’administration qui découragerait le plus téméraire des investisseurs et autres, plein d’autres, problèmes urgents, ne se résoudront pas à travers les critiques des croyances de René Trabelsi ou des liens familiaux de Sayida Ounissi.


Par Synda Tajine
13/11/2018 | 15:59
3 min
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Commentaires (2)

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Trop tard!
| 14-11-2018 13:42
ce qu'il fait!


Freddie Mercury and Monserrat Caballe - How Can I Go On Live:
https://www.youtube.com/watch?v=8CjUvbSjyPY


mansour
| 13-11-2018 18:21
sur la situation actuelle et les difficultés que connait le pays ?
les tunisiens patriotes sont capables de trouver les solutions nécessaires pour faire face à l'incompétence, impuissance et échecs du gouvernement d'union Ennahdha et Youssef Chahed responsable de l'inflation, la dégringolade du dinar, la corruption politique+économique et le chômage