alexametrics
vendredi 29 mars 2024
Heure de Tunis : 02:43
Chroniques
Entre l'investissement et la consommation, le gouvernement a choisi !
20/10/2016 | 15:59
4 min

 

Pour le gouvernement, accroître les revenus par de la création d’emploi via une augmentation conséquente du budget d’investissement serait préférable à une augmentation des salaires par un gonflement du budget des rémunérations. 

 

A lire le projet de budget général de l’Etat, la première impression qu’on en dégage est qu’il cloue réellement le bec à ceux qui soupçonnaient le gouvernement de vouloir engager une politique d’austérité, se préparant déjà à sonner, à leur manière, le glas de l’équipe gouvernementale. Youssef Chahed demeure dans le droit fil de ce qu’il a déclaré dans la foulée de sa prise de fonction de chef de gouvernement : si la situation économique et financière du pays ne s’améliore pas au cours de l’année 2017, il faudra fatalement introduire des mesures d’austérité économique.

 

Le total des dépenses du budget de l’Etat pour l’exercice 2017 dépasserait les 32 milliards de dinars, soit une augmentation de 11% par rapport aux estimations des dépenses pour l’année 2016. Manifestement, on est bien loin de la politique de rigueur, a fortiori de la politique d’austérité.

 

Il faut remonter aux années de la Troïka, 2012 et 2013, pour constater un accroissement similaire des dépenses du budget de l’Etat. Ces années de folies dépensières dont on subit les contrecoups aujourd’hui. A l’époque, les gouvernements de Hamadi Jebali puis de Ali Laârayedh avaient vidé les caisses de l’Etat pour satisfaire les demandes et revendications de toute sorte, même les plus extravagantes. Et lorsque cela n’a pas suffit, ils ont eu recours à l’endettement. L’emprunt qatari de 500 millions de dollars allait inaugurer un processus qui demeure toujours un cas d’école, celui de la spirale infernale de l’endettement pouvant aboutir à la banqueroute. Les recrutements à tout va et les augmentations de salaires et les promotions de carrière, en veux-tu en voilà, ont débouché sur une dangereuse dégradation des finances publiques, sans avoir pour autant dynamisé la croissance économique. En lieu et place, on a creusé les déficits, gonflé inconsidérément l’encours de la dette et laissé filer l’inflation.

 

Investissement vs consommation

 

Le gouvernement Chahed serait-il en train d’emprunter le même chemin ? Apparemment, cela ne fait pas de doute. Youssef Chahed prend, lui aussi,  le pari d’une relance budgétaire – certains diront une stabilisation du cadre macro financier - pour stimuler la croissance économique. Toutefois, il agit dans un esprit totalement autre que celui qui a guidé la Troïka. Il s’engage dans une démarche qui vise non pas à stimuler la consommation mais à fouetter l’investissement pour doper la croissance. Au niveau du budget, cela se traduit par une stabilisation du budget des rémunérations qui n’augmente que d’un peu plus de 4%, d’une année à l’autre, alors que le budget d’investissement enregistre une envolée de plus de 17%. L’investissement de l’Etat pour l’exercice 2017 atteindrait 6,2 milliards de dinars : un record.

Ainsi, le gouvernement fait le choix de l’accroissement des revenus par de la création d’emploi - la plus importante urgence - à travers l’investissement  contre des augmentations salariales. Il espère, en outre, que cette approche aura un effet entraînant sur l’investissement privé à la faveur des nouvelles législations sur l’investissement, le partenariat public-privé ou encore la batterie de mesures fiscales d’incitation à l’investissement contenue dans le projet de Loi de finances 2017 et la tenue, à la fin du mois de novembre 2016, de la Conférence internationale sur l’investissement.

 

Un endettement viable ?

 

Cela étant, le prix à payer ne changera pas. L’effort que devra consentir la communauté nationale est conséquent. En effet, la pression fiscale va s’alourdir passant de 20,6% prévu en 2016 à 22,1% en 2017. Encore que, sur ce point, une nuance mérite d’être relevée. Il est pour le moins curieux que le montant de la « contribution exceptionnelle » ait été inscrit en tant que recette fiscale dans le projet de budget de l’Etat et non en tant que recette non fiscale compte tenu de son caractère « exceptionnel ». Certes, le critère de calcul de la contribution exceptionnelle se fonde sur une base fiscale. Cela ne donne pas nécessairement à cette ressource un caractère fiscal, à moins que le gouvernement n’envisage, le cas échéant, de proroger cette mesure pour les futurs exercices budgétaires. Dans le cas contraire, la pression fiscale ne serait plus de 22,1% mais chuterait à 19,25%. Avis aux exégètes.

 

Quoi qu’il en soit, la structure du budget de l’Etat ne subira pas de changement significatif en 2017. Les ressources propres ne constitueront que 73,7% du total des ressources du budget de l’Etat, ne gagnant que 0,5 point de pourcentage et le déficit budgétaire équivaudra à 5,4% du PIB contre 5,7% prévu pour 2016.

 

Reste une ombre ou un point noir dans le tableau budgétaire du gouvernement : les ressources d’emprunt. Elles devraient atteindre 8,5 milliards de dinars environ devant servir à financer le déficit budgétaire et à honorer le service de la dette. Du coup, l’endettement net de l’Etat serait de l’ordre de 4,9 milliards de dinars qui s’ajouteraient à l’encours de la dette publique pour la porter à 62,7 milliards de dinars, soit 63,8% du PIB. Compte tenu d’une prévision de croissance économique de 2,5% en termes réels, la viabilité de la dette se situe à la frontière du supportable. Là, le gouvernement Chahed marche sur des œufs. Aurait-il d’autres choix ?

 

20/10/2016 | 15:59
4 min
Suivez-nous

Commentaires (5)

Commenter

URMAX
| 24-10-2016 11:53
Ce principe de redressement économique, a été opéré par un grand pays : Le Brésil.
En effet, cette nation, d'abord grand importateur jusque dans la fin des années '70 ' '80, croulait, elle aussi, sous le poids de sa dette extérieure.
Les gouvernements Brésiliens successifs se sont alors mis À REDUIRE LEUR IMPORTATIONS, TOUT EN INDUSTRIALISANT LEUR PAYS EN PRODUISANT LOCALEMENT LES PRODUITS QUI N'ETAIENT ALORS PLUS IMPORTES une fois la "deadline" préétablie, franchie !
Nos supermarchés locaux, regorgent de produits importés qui pourraient très facilement être produits localement.
(par le terme « produits », je sous-entend « fabriqués » et non pas « représentés » !).
- Que font nos « industriels » (sans notions commerciales) ?
- Que fait le gouvernement pour FREINER CES IMPORTATIONS MASSIVES DE PRODUITS, certains étant même de seconde utilité, voire de « luxe » ?
' Réponse :
« ILS ne font absolument rien, nada, nothing, niente, niet, niets !
' et « ils » se disent « des responsables » '
Mon « Q », oui !
Aucune notion « économique » ; aucune notion « commerciale » ; rien de concret pouvant réellement sortir notre pauvre nation du gouffre dans lequel elle plonge inexorablement !
URMAX

observator
| 21-10-2016 12:16
Essayez d'être équitable au moins une fois dans votre vie vous dormirez mieux.
Vous dites :
" Il faut remonter aux années de la Troïka, 2012 et 2013, pour constater un accroissement similaire des dépenses du budget de l'Etat. Ces années de folies dépensières dont on subit les contrecoups aujourd'hui. A l'époque, les gouvernements de Hamadi Jebali puis de Ali Laârayedh avaient vidé les caisses de l'Etat pour satisfaire les demandes et revendications de toute sorte, même les plus extravagantes."

Pourquoi ne pas dire que beaucoup de ces dépenses ont été la résultatnte des accords des augmentations de tout genre entre l'UGTT et le gouvernement BCE en 2011 et qu'on a sciemment laissé l'application pour 2012/2013.
Les recrutements de 80 000 fonctionnaires sur plusieurs années a été finalisé entre l'UGTT et BCE en 2011.
Ajouter à cela les greves sauvages les manifestations pour faire échouer la troika déclenchés par la centrale syndicale et les forces de la corruption pour faire échouer coute que coute le gouvernement de la Troïka.
L'on se rappellle les journeaux télévisés à lépoque qui font état à la longueur du temps des manifestations réclamant le travail les augmentations . Les antitroïka poussaient à cela pour accroitre les dificulés du pays. Aujourd'hui nous payons la facture du "patriotisme de l'opposition de l'époque".
Concernant l'endettement la TroÏka a obtenu des financements beaucoup moins coûteux que ceux d'aujourd'hui.
Le Qatar la Turquie nous prêtaient à 1 voir 2%.
Vos copains s'endettent aujourd'hui à environ 6%.
Sincèrement vous aimez ce pays ou vous faites de la propagande ? .
Depuis 2011 à aujourd'hui; les meilleurs indicateurs économiques ont été obtenus lors de la période Troïka.
Depuis 2014 et le fameux gouvernement des Technocrates ces chiffres se sont inversés.
Vous voulez tremper qui ? vous insultez l'intelligence de tous ces tunisiens silencieux qui sauront le moment venu faire la part des choses.

DHEJ
| 21-10-2016 10:40
Hélas, le gouvernement n'a pas su mettre de l'ordre dans les recommandations du FMI pour sortir le pays du gouffre financier...

L'ADMINISTRATION PUBLIQUE synonyme de lenteur, d'inefficacité et de corruption!!!


Police Administrative serait-elle créée en 2018?

Omar
| 20-10-2016 16:58
Tout projet de réformes pour sauver l'économie nationale, doit comporter 3 traitements macroéconomiques :
-Réduction du budget de l'état.
-Politique monétaire restrictive.
-barrières provisoires protectionnistes.

Pourquoi ?

-Comment retrouver les équilibres macroéconomiques nécessaires, sans réduire les déficits budgétaires, financés par les dettes ou la planche à billet ?

-Comment casser le cercle vicieux d'une inflation toxique pour l'économie, sans réduire une masse monétaire qui ne correspond pas à une activité économique saine ?

-Comment donner un souffle pour les créateurs de richesse qui sont les entreprises, sans mettre en berne "provisoirement" les termes du libre échange ?

Couilles et Culs
| 20-10-2016 16:10
... qui ne comprend rien à l'économie politique !!!