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Entre la Tunisie et l’Europe, c’est compliqué
25/04/2018 | 19:59
4 min
Entre la Tunisie et l’Europe, c’est compliqué

Aleca, immigration, lutte anti-terroriste, transparence financière, investissements et emplois jeunes, font ces dernières années la base des discussions entre la Tunisie et l’Union européenne. Avec l’apparition de la Tunisie sur deux des listes noires de l’Union, l’on ne parle plus de rapports gagnant-gagnant mais de directives que la Tunisie doit suivre ! Dans son discours du 24 avril, devant le parlement européen, Youssef Chahed s’est voulu rassurant. Il a aussi, comme ses prédécesseurs, demandé de l’aide pour relever les différents « chalenges », qui l’attendent à Tunis. De quoi seront faits les rapports, UE-Tunisie, de demain ?

 

« Nous avons toujours été taclés de la part de l’UE, avant la révolution, pour les questions de manque de démocratie, nous sommes aujourd’hui un pays qui a réussi sa transition démocratique et nous pensons que l’UE doit avoir avec la Tunisie des relations étroites, différentes et privilégiées et probablement inventer un statut différent pour la Tunisie. Sur la question de l’ALECA (Accord de Libre Echange Complet et Approfondi), nous estimons que deux paramètres importants sont à prendre en considération, à savoir la symétrie et la progressivité », a déclaré, mardi 24 avril 2018, le chef du gouvernement, Youssef Chahed, devant la commission des Affaires étrangères du Parlement européen réunie à Bruxelles. Selon lui, cet accord est très délicat et sa mise en œuvre devrait se concrétiser par étape car les pays de l’Union européenne et la Tunisie ne sont pas « au même niveau de développement ».

 

Le président de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker, a quant à lui affiché, lors d’une conférence de presse, sa volonté de conclure l’Accord, au plus tard en 2019 et sous son mandat. Nous avons donc sur le dossier deux sons de cloches. Mais ce qu’il faut aussi dire c’est que cet accord a été proposé par l’UE au lendemain des évènements de 2011. Entre temps, de nombreux experts et ONG tunisiennes, dont Radhi Meddeb ou encore le FTDES (Forum tunisien des droits économiques et sociaux) se sont exprimés sur la question. Ils voient unanimement l’accord d’un mauvais œil et parlent d’une « menace pour la souveraineté de la Tunisie » étant donné l’obligation de se conformer aux normes européennes et d’abattre la barrière douanière dans tous les domaines de l’économie. « Une aubaine pour les mastodontes ultralibéraux du Vieux contient. Une catastrophe pour le tissu économique tunisien », selon eux.

 

Sur les questions de l’immigration, de la lutte anti-terroriste et de la transparence financières, là aussi les points de vue des deux côtés divergent, étant donné l’apparition de la Tunisie sur deux listes noires de l’Union, en l’espace de deux mois. Un coup dur pour l’économie du pays déjà fortement impacté par la crise. Sur ce point, Youssef Chahed a assuré devant la commission européenne, que « tout est entrepris pour que la Tunisie soit retirée de ces listes lors de la plénière de novembre du GAFI (Groupe d’action financière).

Depuis l’adoption des mesures de visa pour les non-Européens (années 80), qui souhaitent même simplement visiter l’Europe, chaque année, des milliers de jeunes Tunisiens et Africains en général, périssent en méditerranée. Le régime Ben Ali s’était alors, employé à faire en sorte que la Tunisie ne soit plus employée comme point de départ vers l’Europe, en criminalisant l’immigration clandestine. Les évènements de 2011 ayant causé une certaine instabilité sécuritaire en Tunisie, les embarcations reprirent leur chemin vers les côtes italiennes, pendant un certain temps. Avant d’être, de nouveau, stoppées par d’importants moyens logistiques.

Le chaos causé par l’intervention de l’Otan en Libye, a cependant fait que ce trafic humain est resté essentiellement concentré dans ce pays qui compte 2000 kilomètres de côtes et où l’Etat s’est effondré.  Pour sa part, l’Union européenne estime que le problème de l’immigration doit trouver sa solution dans le sud de la méditerranée.

 

Dans son discours prononcé devant la commission européenne, Youssef Chahed a aussi indiqué qu’une équipe composée d’observateurs européens sera présente pour suivre les Municipales en Tunisie. Le processus de décentralisation appliqué progressivement en Europe depuis une quarantaine d’années est en phase d’être acté en Tunisie avec la tenue des élections municipales prévues pour ce 6 mai. Pour aider dans ce processus « nouveau » pour les Tunisiens, des dizaines de fonds européens en faveur de la démocratie locale se sont installés en Tunisie.

 

Devant les dirigeants européens, Youssef Chahed a en outre évoqué les engagements de la Tunisie envers le FMI et la BM, concernant la réforme de l’administration et des entreprises publiques, des caisses sociales et la caisse de compensation. « Il s’agit d’accords pressants pour la Tunisie mais nous nous sommes engagés et nous allons les réaliser » a-t-il dit, hier 24 avril.

 

En vue du cheminement entrepris par le pays depuis le 14 janvier 2011, la Tunisie ne peut plus faire marche arrière. Elle se doit de continuer sur sa lancée et de bien négocier les accords à venir. A-t-elle les moyens de le faire ? La réponse à cette question, déterminera sans aucun doute, le futur des relations avec la toute puissante Europe.

 

Sofiène Ahres

 

 

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25/04/2018 | 19:59
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Commentaires (18)

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Alibobo
| 06-05-2018 09:40
Débarrassez la Tunisie des frêrots,et les relations deviendront simples...

Forza
| 26-04-2018 18:58
La Tunisie avec à peine ses 12 millions négocie avec l'EU avec ses 500 millions d'habitants, est-ce qu'on peut attendre quelque chose de positif d'une telle négociation? quoi faire lorsqu'on est devisé sur le plan maghrébin et africain? au moins définir des lignes rouges pour les négociateurs:
1- pas de camps pour réfugiés expulsés d'Europe
2- La Tunisie n'est pas un policier pour l'Europe
3- Pas de libéralisation des services sans annulation de laa visa. Ils ont annuellé le visa pour la Géorgie. Elle n'est pas plus riche que la Tunisie
4- Pas de libéralisation immédiate de l'agriculture, nous risquons de ruiner nos filières de lait, viande et ble. L'Europe elle va protéger ses agriculteurs dans les fillieres ou nous pouvons les concurrencer: huile d'olive, oranges, tomates

Gg
| 26-04-2018 18:13
"Est-ce possible que la France avec tous ses renseignements n'a rien vu venir ? Comme par enchantement un beau matin on a ouvert les yeux. "
Malheureusement je le crois, oui. La France était très sûre d'elle avec sa laïcité. N'avait elle pas réussi le mélange avec toutes les autres cultures et religions?
Et paf, voilà qu'en son sein même, toute une population rejette ces valeurs au nom d'une vision de dieu. Bien hypocritement, certes, je ne crois pas un instant que l'Islam soit en cause. Mais l'extrémisme politico religieux, si.
La France se croyait à l'abri, se disait que chacun pouvait pratiquer ce qu'il disait être sa religion comme il voulait.
Et puis des tas de causes ont changé la donne. '?chec des premières et deuxième générations en France, racisme français d'abord puis maghrébin ensuite, puis marginalisation des ratés de toutes sortes par une politique de la ville catastrophique, puis laxisme des politiciens depuis trente ans simplement pour avoir "la paix"... la porte était grand ouverte pour les islamistes. On se réveille seulement maintenant, avec trente ans de retard!
Dire que la France a voulu utiliser l'islamisme à des fins économiques ou politiques, je n'y crois pas un instant. C'est un petit pays, qui ne cherche qu'à commercer avec tout le monde.
Bref, oui, tout à coup la France ouvre les yeux, après des décennies de bêtise et de faiblesse.
Bon, il y a des pourris comme partout, mais en ce moment la météo n'est pas bonne pour eux (Sarkozy, Bolloré etc...).

Zohra
| 26-04-2018 17:33
Gg,

SVP je ne veux pas vous vexé, vous êtes vraiment un brave homme et tellement gentil.
Est-ce possible que la France avec tous ses renseignements n'a rien vu venir ? Comme par enchantement un beau matin on a ouvert les yeux.

Ou plutôt je suppose qu'ils ont plus besoin de services des daichiens partout dans le monde on essaie de les bloquer. ?

A chacun de faire sa salade au vinaigre ou au citron.

Amicalement Gg

Gg
| 26-04-2018 16:49
J'ai écouté le lien que vous avez présenté.
Pourquoi deux poids deux mesures?
Parce que dans l'exemple que vous donnez à entendre, la France fait la chasse au financement du terrorisme et au terrorisme; la Tunisie, non.
Franchement, vous comparez les deux pays sur ce plan? Vous savez bien sûr que la Tunisie chasse les terroristes d'une main et les protège de l'autre. Abou Yadh, Recoba, les monts Chaambi, Hizb Ettahrir, le "bureau 13" etc... vous en avez entendu parler?
Tout le problème est qu'il y a 2 Tunisie. L'une qu'il faut aider par tous les moyens, l'autre qu'il faut éradiquer par tous les moyens. La première a déjà donné beaucoup de martyrs à la deuxième...

Zohra
| 26-04-2018 16:07
http://www.lepoint.fr/societe/terrorisme-416-donateurs-de-l-etat-islamique-identifies-en-france-26-04-2018-2213729_23.php

Zohra
| 26-04-2018 15:43
Gg,

Est-ce que vous pouvez me dire pourquoi la Tunisie est sur blacklistage or la France est dans le même cas et n'est pas sur blacklistage.

Vous voyez qu'il y a deux poids deux mesures

https://mobile.francetvinfo.fr/monde/terrorisme-djihadistes/financement-du-terrorisme-416-donateurs-ont-ete-identifies-en-france-et-320-collecteurs-en-turqiue-et-au-liban-affirme-francois-molins_2724041.html#xtref=android-app://com.google.android.googlequicksearchbox/https/www.google.com

Gg
| 26-04-2018 14:26
Bonjour Zohra!
Oui, je vous comprends. Mais ne trouvez vous pas insupportable cette remarque "on ne parle plus de rapports gagnant-gagnant mais de directives que la Tunisie doit suivre !" ?
Alors que sans les aides de l'UE la Tunisie ne pourrait même plus payer sa pléthore de fonctionnaires et ses importations?
Vous savez, comme tout le monde j'ai des crédits. Les prêts m'ont été accordés dans des buts précis (achat d'une auto, réfection d'un appart etc...), les organismes de crédit m'ont fixé des règles d'utilisation des fonds et de remboursement que je dois respecter. C'est bien normal, et quand il s'agit de pays il en est de même. Si un pays ne veut pas se voir fixer des règles, il lui suffit de ne pas faire appel aux prêts. Fût ce la Tunisie!!
La France aussi est soumise à des règles, les fameux 3%, si elle ne veut pas y être soumise elle doit être capable de se passer des prêts internationaux. A elle de se réformer et de travailler!
J'ajoute que ces règles protègent les emprunteurs; à quoi bon des prêts si on sait d'avance qu'on ne pourra pas les rembourser?
Quand on gagne 100, on ne peut dépenser 150. Ou pas longtemps, sinon on court à l'abîme...
Bonne journée Zohra :-)

DHEJ
| 26-04-2018 13:36
Ou la VOLONT'? DU PEUPLE!


Et l'ALECA parle de PROFONDEUR...

Tunisien
| 26-04-2018 13:34
Vaut mieux avancer les choses étape par étape , c'est la meilleure stratégie.on vie en Europe et on sait très bien que une grande population européen regrette leur entrée dans l'Union Européenne à cause des loi et procédures et règlement car chaque pays à sa vision de voir les choses,une différence de: mentalité,des habitudes,des langues...
Pourtant ils ont la même religion
Je ne sais pas comment ça Va être avec nous et si ça va fonctionner ou pas et commencer quelque chose avec l'Europe et pas finir ou arrêté ça va être catastrophique et il n'oubliron jamais ça donc vaut mieux bien réfléchir pour les conséquences...