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Chroniques
Ennahdha tu insulteras, mais toutes les ficelles il tiendra !
15/06/2016 | 15:58
3 min

 

Et voilà comment l’initiative présidentielle de gouvernement d’union nationale a donné les pleins pouvoirs à Ennahdha, le parti présidé par Rached Ghannouchi. Ça partait peut être d’un bon sentiment mais le résultat est catastrophique.

 

Habib Essid s’est avéré être plus qu’un simple fonctionnaire qui obéit aux ordres. Il a refusé de présenter sa démission et souhaite aller devant le parlement pour en découdre. Il a réussi à mettre Carthage dans l’embarras et à paver un chemin royal à Ennahdha, qui n’en demandait pas tant…

 

Au parlement, c’est Ennahdha qui commande, du fait qu’il a le bloc parlementaire le plus fourni. Donc, réunir 109 voix ne peut pas se faire sans Ennahdha. Tel que le veut le scénario qui se prépare, Ennahdha aura le choix de maintenir ou pas Habib Essid à la Kasbah à travers un vote de confiance. Si Ennahdha décide de maintenir Habib Essid, c’est Béji Caïd Essebsi et son initiative qui se prendront un camouflet dans les règles de l’art. Si Ennahdha va dans le sens de la présidence et démet Habib Essid, il négociera la part du lion dans la nouvelle composition gouvernementale avec, probablement, les ministères de souveraineté. Ainsi, on pourrait peut-être retrouver Rafik Abdessalem aux Affaires étrangères ou encore Noureddine Bhiri à la Justice, pourquoi pas.

 

Elle n’est pas belle la politique ? Pour se débarrasser du chef du gouvernement, on donne tout un gouvernement ! On pensait que Habib Essid était un petit commis de l’Etat sans envergure, il s’est avéré que la confrontation ne lui fait pas peur, même pas avec la présidence de la République. On a essayé de virer Essid, on se retrouve avec Ennahdha en position de force.

 

Le plus édifiant dans tout cela, c’est que le premier à avoir compris que cette histoire tournerait en faveur d’Ennahdha c’est Rached Gahnnouchi. Très tôt, il a demandé à ce que Ennahdha soit représenté au gouvernement à la hauteur de son poids à l’assemblée. Autrement dit, vous voulez la tête Habib Essid ? OK, mais vous allez le sentir passer, je vous le promets !

 

L’initiative du président de la République semble tourner court. Lui et Nidaa Tounes ont dévoilé leurs cartes trop tôt et ont montré que leur volonté était de voir Habib Essid partir. Comme dans une partie de poker, ils ont tout misé trop vite et Ennahdha a compris qu’il fallait monnayer chèrement leur souhait. Jeu, set et match ! Quelle que soit la suite de cette histoire, c’est Ennahdha qui commandera et qui donnera le ton. Tu parles d’une belle initiative !

 

Entre temps, le pays est en plein ramadan. Un ramadan qui sera suivi de deux mois de séance unique, de farniente et de glandouille. On ne travaille déjà pas assez. Si on ajoute à cela l’incertitude politique et le fait que les ministres ne sont pas assurés d’être en poste la semaine prochaine, on peut dire que tout le pays est au point mort.

 

Donc, pour schématiser, les politiciens du pays négocient, chacun selon son poids sur la scène, pour avoir des postes et des privilèges. Pendant ce temps en Tunisie, la situation sociale reste précaire. Au niveau économique, pas un expert qui n’a pas encore tiré la sonnette d’alarme, le dinar plonge à vitesse grand V avec tous les dangers que cela représente. Mais bon, on verra ça en septembre…

15/06/2016 | 15:58
3 min
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Commentaires (12)

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Ben Ali
| 20-06-2016 18:52
C'est bien fait pour les tunisiens et leur zèle pour la religion...

Ils ne comprennent que le nez dans la merde...

Certains regrettent déjà Ben Ali quand il avait écarté ces loups

takilas
| 19-06-2016 14:11
Cela a été prévu depuis l'abominable et ridicule alliance avec des malfrats et des arnaqueurs. Le Président croyait s'adresser à des gens normaux, polis et éduqués.Or, les conséquences désastreuses qui en découlèrent par la suite, étaient prévues dès les premiers instants; et que ces profiteurs n'en croyaient pas leurs yeux d'être sauvés in-extremis par étonnante décision et aubaine venue dont on ne sait de quelle planète. Mis à part l'apeurement provoqué à Ben Guerdene (par ces magouilleurs) ces jours-ci, même quelques mosquées qui tout demeurent, même à ce jour, incontrôlées pour les barbarismes et les débandades connues lors de la Troika, semblent vouloir revenir pour aider cette secte de nahdha à coloniser la capitale; de rappeler que de coloniser cette capitale est l'un de leur objectif majeur d'autant plus qu'il contribuera à leur populisme auprès des alléchés et des milices conquis soit par l'argent ou par les faveurs des autorisations et des biens de l'Etat entre autre produits et avantages subventionnés par l'Etat et dont les banques sont ainsi impliquées pour financer ces déroutes et ces arnaques; Pour la circonstance, il y a lieu d'invoquer leur idée (nahdha) saugrenue à vouloir constituer des banques "privées", eux qui sont riches, et ce par un capital réciproquement dérisoire, mais sachant pertinemment, qui avec leurs habituelles magouilles, ils parviendront à concurrences les banques de la place, voire même les contraindre à la faillite. Que la banque centrale soit l'un des premiers avertis.

s.citoyen
| 16-06-2016 11:11
mais vous ignorez tous les députés des autres partis , y compris tous les députés de l'ex-nida , mais aussi le plus important de tout ça , c'est le peuple qui aura le dernier mot .Le peuple qui a fait tomber le régime de ben Ali , pourra faire tomber n'importe quel autre régime , si cela s'avère nécessaire .Nous sommes pet à revenir à la place du Bardo

tunisien
| 16-06-2016 11:04
biendit

henda
| 16-06-2016 10:07
La démocratie est ainsi faite. Le peuple vote, et c'est la voix la plus forte qui se fait le plus entendre. Soyons tout de suite d'accord : c'est bien là une des limites de la démocratie. Ennahdha, avec sa majorité parlementaire va imposer sa volonté puisque c'est la formation politique la plus représentative des tunisiens. Rien de plus logique.
Selon cette même logique, le parti de Rached Ghannouchi devrait, sauf surprise, utiliser son poids électoral pour avoir une meilleure situation au sein du prochain gouvernement. Sauf surprise disais-je. Moi, j'y crois. Je serais curieux de voir les réactions des uns et des autres dans le cas où Ennahdha décide, à la surprise générale, de sacrifier son poids électoral pour former le gouvernement le plus compétent qu'il soit ' pour le bien de la Tunise ! Affaire à suivre'

Elyes
| 16-06-2016 08:48
Dommage avec un senarion pareil, Ennahdha au commande, la Tunisie achevera sa descente aux enfers. J'ai lu le programme d'ennahdha, c'est de la poudre aux yeux, l'unique objectif c'est islamisé le pays et plus tard instauré la Chariaa. Et au diable la Tunisie, et bonjour la Quilafat.

anis
| 16-06-2016 02:38
L'histoire nous a toujours instruit des retournements implacables des peuples à l'encontre de ceux qui s'y mèlent beaucoup.Alors la fièvre acheteuse des consciences devrait etre évitée autant que faire se peut.N'est ce pas Mr Marouan?

kameleon78
| 15-06-2016 23:58
Tu as tout résumé que dire de plus, ils ont fait l'inverse de ce qu'il fallait faire. Le Gourou rusé comme un vieux renard les a laissé faire, ils ont échoué, il remporte la mise. Le Khriji n'avait pas besoin de lever le petit doigt, il les a laissé se déchirer entre eux, il n'avait qu'à se baisser pour ramasser le butin. HCE a fait son boulot et le Gourou le remerciera, il aura un bon poste, tous oeuvrent pour leur petite personne, aucun ne travaille pour le pays, seul compte le bénéfice personnel.

TAW TCHOUFOU
| 15-06-2016 23:07
" Ce n'est pas à un vieux singe qu'on apprend à faire des grimaces "...!
Avoir voulu croire être plus malin que les autres et tergiverser depuis le début , en pensant que Ennahdha avait changé , était.....stupide et inutile !
Il fallait dès le début , nommer un PM issus des rangs de Nidaa , discipliner les députés du groupe et même essayer d'en attirer d'autres , des autres partis idéologiquement proche , bref.. " être franc " !
Au lieu de ça , on a eu une guerre d'égos , des divisions , une cassure , un rapprochement avec l'ennemi juré , pour finir par.... lui livrer tout un gouvernement " clé en main " !
Les Tunisiens sont allés aux élections pour rien ! Retour à la case départ !
Et tout ça , parce que dans un pays de 11 millions d'individus , il n'y a pas un seul Sissi en stock pour reinitialiser le pays et remettre tout le monde au travail une fois pour toute !
L'état a sombré corps et âme , l'incivisme est partout , les prix explosent , la saleté des villes et des plages est chronique , et la faillite économique approche à grands pas !
Et pendant ce temps , nos politiciens font des calculs à la noix , et les contribuables ne pensent qu'à leurs panses.... !
Miskina Tounes ..... miskina !

mizaanoun
| 15-06-2016 22:57
Si la démocratie a finalement placé au pouvoir le parti le plus rétrograde, le plus « néolibéral » et allié inconditionnel des puissances financières industrielles et militaires du monde, c'est que des deux choses l'une : ou les électeurs étaient drogués ' au moins au moment du vote ' ou les élections été largement truquées. Force est d'écarter la première hypothèse pour reconnaitre le rôle majeur qui a été joué, avant et après 14 janvier 2011 par les John McCain, les Jacob Walles, les Joe Libermann et tous les services secrets et « diplomatiques » des vassaux de l'empire appelés, la France, l'Allemagne, l'Angleterre, pour finalement nous incruster dans la blessure saignante un certain Ghanouchi et des arriérés mentaux du genre d'un Marzouki. Ça s'appelle la plus grande tragédie de la Tunisie jusqu'à présent.