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En Tunisie, vous avez désormais le droit de garder le silence !
31/05/2016 | 20:15
5 min
En Tunisie, vous avez désormais le droit de garder le silence !

 Les droits de l’Homme en Tunisie, cette question fort débattue avant la révolution et même après, ne cesse de susciter la polémique et d’être au centre des préoccupations de plusieurs militants et même des simples citoyens. D’ailleurs, une grande avancée a été réalisée dans ce domaine, toute personne arrêtée ayant, désormais, le droit à un avocat immédiatement après son appréhension.

 

Les conditions de détention lors des gardes à vue ainsi que dans les postes de police ont toujours été fortement critiquées et déplorées par les activistes et les défenseurs des droits de l’Homme.

D’ailleurs, l’ONG internationale, Avocats sans Frontières, spécialisée dans la défense des droits humains et le soutien à la justice dans les pays dits fragiles et en situation de post-conflit, a considéré que durant les 24 années du régime autoritaire de Zine el-Abidine Ben Ali (1987-2011), la situation carcérale en Tunisie se caractérisait par «la répression, l’usage excessif de la force, les arrestations arbitraires, la torture et l’emprisonnement».

 

La société civile et les observateurs externes n’avaient pas accès aux lieux de détention. L’institution ne reconnaissait aucun manquement et persécutait ses opposants. En plus des pratiques répressives pénales finalement peu visibles, la logique était celle d’un verrouillage politique.

 

Or, dès 2011, la révolution permit à cette situation d’évoluer : les discours et la posture des institutions ont changé. L’administration pénitentiaire, alors sous l’autorité du ministère de l’Intérieur, venait à peine d’être placée sous la direction du ministère de la Justice.

Les prisons se sont, au moins partiellement, ouvertes aux actions de monitoring et aux analyses de la société civile. Mises sur pied depuis 2011, de nombreuses initiatives de monitoring par la société civile tunisienne ont permis une large prise de conscience de la situation préoccupante dans les prisons et de prévenir certaines mauvaises pratiques. L’administration publique confirme d’ailleurs largement les constats et manquements observés. Un diagnostic commun sur la situation en détention se dégage.

 

L’entrée en vigueur de la loi 13/2013 amendant le code de procédure pénale, demain, 1er juin 2016, constitue un pas géant vers la consécration des droits de l’Homme en Tunisie et la garantie d’un procès équitable selon les normes internationales.

Cette loi a été intégralement adoptée par l’Assemblée des représentants du peuple (ARP), depuis le mardi 2 février 2016, avec 96 voix pour, 0 contre et 0 abstention.

 

Les amendements concernent, en effet, la période de détention des suspects. L’article 13 bis dans sa nouvelle version, précise que, même en cas de flagrant délit, les suspects appréhendés par les officiers de la police judiciaire ou des douanes ne peuvent être gardés plus de 48 heures sans une autorisation écrite du procureur de la République.

 

Il y est aussi stipulé que les officiers de la police judiciaire doivent avertir immédiatement un proche du suspect gardé ou les autorités diplomatiques ou consulaires si le suspect est un étranger, du sujet de l’arrestation afin qu’un avocat lui soit commis et ce, toujours, en ayant une trace écrite de la procédure. Le proche ou l’avocat pourront demander au procureur de la République ou à la police judiciaire durant la période de détention ou à son terme que le suspect soit examiné par un médecin.

Les officiers de la police judiciaire devront, également, informer le suspect, avec un langage compréhensible, de la procédure engagée à son encontre et du motif de son arrestation et lui citer ses droits, notamment son droit à disposer d’un avocat et d’un examen médical.

 

 

La présence d’un avocat est devenue ainsi obligatoire lors de la garde à vue. D’ailleurs, et selon Human Rights Watch, l'absence de droit à une assistance juridique dès le début de la détention constituait une faille importante dans les textes du droit tunisien en matière de protection contre les mauvais traitements.

Le CPP permet la présence d'un avocat à partir du moment où un suspect est présenté pour la première fois devant un juge d'instruction. Avant ce moment, il est probable que le ou la suspect(e) ait signé, sans la présence d'un avocat, une déposition à la police qui peut avoir été extorquée par la force, et risque d'être utilisée contre lui ou contre elle au cours du procès.

 

Or, force est de constater que ce projet de loi, malgré son importance, est resté dans les tiroirs de l’ANC depuis 2013, date de sa déposition par le ministère de la Justice. Il n’a été adopté qu’en 2016, au moment où certaines parties ont accusé le pouvoir en place d’être contre les droits de l’Homme et les libertés individuelles.

 

Malgré cette évolution positive, la question qui se pose actuellement est l’application concrète de cette loi. En effet, les moyens matériels et les équipements existants dans les centres de polices et dans les centres de détention peuvent constituer un frein considérable pour l’application de cette loi, outre les vieilles pratiques des policiers qui se retrouveront face à des mesures « révolutionnaires » et tout à fait contraires aux pratiques et aux usages, déjà en place.

Certains vont jusqu’à dire qu’il faudrait songer alors à améliorer les équipements et à mettre en place des mécanismes de contrôle afin d’assurer l’application correcte de cette loi, qui représente une réalisation considérable en la matière.

 

Autrement dit, les textes sont, désormais, bien là. Restent les mécanismes et, surtout, la volonté politique pour les appliquer et les concrétiser. Il ne faut pas oublier le rôle des intervenants appartenant au tissu associatif pour qu’ils s’impliquent davantage et se placent en réels et efficaces garde-fous en vue d’une application stricte et rigoureuse des nouvelles lois permettant à la Tunisie d’entrer, de plain pied, dans le concert des pays en règle avec le respect des droits de l’Homme. Et ce, conformément aux conventions et aux lois internationales en la matière.

 

 

Sarra HLAOUI

 

31/05/2016 | 20:15
5 min
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Commentaires (6)

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Fehri
| 03-06-2016 22:09
Les policiers sont toujours les maitres. Ils ***, *** et font la grève en plus. Personne ne respecte la Constitution qui est supposer nous protéger de notre Gouvernement.

Abel Chater
| 02-06-2016 23:39
Ô quel savant !!!
Une loi qui avait nécessité plus de 5 ans de débat, est une loi prise à la hâte chez toi?
Faire appel à un avocat et ne parler qu'en présence de son avocat, est une dictature de l'article 47 du C.P.P!?
Je te jure que ta jalousie et ta haine contre la liberté du peuple tunisien, t'enlèvent le minimum de la logique humaine requise pour n'importe quelle discussion.
Tu aurais dû t'esquiver comme tes semblables, au lieu de venir te ridiculiser de la sorte.
Retourne s'il te plaît dans les articles concernant l'Islam et les Musulmans, là où tu connais la nage dans tes étangs.
Dans cet article, il n'y a pas "d'islamistes".

DHEJ
| 02-06-2016 14:01
Hélas, elle est produite à la hate par des hors la loi et nous nous rappelons tous du cas de Mehrez BOUDEGGA...


Par ailleurs, elle piétine sur les prérogatives du juge d'instruction et elle confirme la dictature de l'article 47 du C.P.P!


Alors à quoi sert le juge d'instruction et son article 53???


Abel Chater ne s'y connait pas, alors il s'emballe!!!

Abel Chater
| 02-06-2016 01:10
Les chacals et les hyène de ce forum, qui ne font jours et nuits que lyncher l'Islam, les Arabes, les Musulmans et leurs "islamistes" d'un article à l'autre, ils désertent un tel article et une telle information des plus intéressantes que j'aie lue depuis la Révolution du 14 janvier 2011. Elle les fait pleurer de jalousie et de rancune.
La Tunisie avance à grands pas vers les pays les plus avancés de ce monde et eux, ils aboient sans le moindre intérêt pour leur esprit diabolique.
Vive la Tunisie libre indépendante, arabe et musulmane.
Allahou Akbar.

Abel Chater
| 01-06-2016 11:42
Les tortionnaires de l'ancien régime, nous pleurnichent "l'injustice" de la Justice tunisienne, qui ne leur permet plus de bastonner les Tunisiens, comme les sauvages sionistes bastonnent leurs proies palestiniennes. Ils reprochent aux juges d'instruction de ne plus harmoniser avec leurs méthodes dictatoriales de policiers, de gendarmes et de douaniers, comme à leurs bons vieux temps des deux dictateurs déchus Bourguiba et Ben Ali, où les morts furent enterrés de nuit dans le mutisme absolu, alors que leurs télévisions (i-tè-tè et TV7) en adéquation à leurs radios de «Gafla tsir», chantaient et dansaient la joie des uns aux dépens de la douleur, du chagrin et de la tristesse des autres.
La grande majorité de nos policiers "enquêteurs", possèdent d'autres occupations. Des restaurants, des cafés, des épiceries, des magasins, des kiosques de fruits secs et mêmes des "Nassbahs" dans les Souks, qu'ils mènent aux noms de leurs conjointes, parents ou même amis et associés.
Pour que ces agents fassent de la sorte, comme si leurs projets les aident à plus de vigilance et à plus de mobilité dissimulés dans de telles occupations, ils font usage du pouvoir de leur fonction sécuritaire, pour mater tous ceux qui les dérangent ou dont ils remarquent même une hostilité temporaire. Les oeufs sont vite cassés et l'omelette est vite préparée. Il suffit d'une signature et notre agent fait une croix dans son petit livret pour témoigner de son activité policière, à la manière des joueurs de "Chkobba" dans les cafés populaire. Quant au sort de cette pauvre proie de ce mauvais agent, qui est lui-même plus criminel que tous les autres criminels réunis, c'était le dernier des soucis de l'état tunisien, ni que personne n'en saura plus grand-chose hormis sa famille et ses proches. Même ceux-ci sont obligés de camoufler le tout, de honte d'être dévalorisés par leur propre société.
Au tribunal, une bonne centaine, oui 100 dossiers et plus, attendent le pauvre juge sur le podium de l'auditoire. Il doit les appeler au barreau un par un, y compris leurs avocats par le nom et par le prénom. Le pauvre juge ne trouve même pas le temps pour prendre une gorgée d'eau. Comment devrait-il donc mettre dans sa balance, tous les micmacs d'une société pourrie par les 55 années postindépendances de dictature, de torture, de despotisme, de régionalisme et de pistons?
Sans des lois claires et nettes comme aux USA et dans le monde avancé, qui garantissent le droit à la dignité de tous les Tunisiens, la Tunisie n'avancera jamais vers le premier monde.
Lorsque je vois les sionistes présenter leurs meurtriers en costume et en cravate ou le massacreur Anders Behring Breivik, ce terroriste norvégien d'extrême droite qui a perpétré et revendiqué les attentats du 22 juillet 2011 en Norvège ayant fait un total de 77 morts et 151 blessés, se présenter devant le tribunal tiré à quatre épingles par des habits, qui symbolisent sa haine contre ses victimes, alors que chez nous en Tunisie, nos concitoyens n'ont même pas le droit de se peigner les cheveux, afin de donner une fausse impression criminelle aux juges et aux médias, il y a lieu à nous demander :«les autres sont-ils des êtres humains et nous les Tunisiens, nous sommes transformés en des animaux par nos dictateurs et par leurs «Azlems»?
Encore mille BRAVOS à notre nouvelle Tunisie, qui ne cesse d'avancer dans le bon chemin, malgré tous les sabotages des résidus de l'ancienne garde.

Nephentes
| 01-06-2016 10:15
La violation des droits de l'homme est systématique en Tunisie dans les commissariats, hormis quelques zones privilégiées (quartiers huppés , et à le tête du client)

Avec la lutte contre le terrorisme, ce sont à NOUVEAUX DES MILLIERS DE PERSONNES ARRÊTÉES QUI ONT ÉTÉ TORTURÉES.

Parfois sur simple soupçon ou rumeurs malveillantes, comme cela s'est produit à maintes reprises dans des quartiers défavorisés (Raoued par exemple).

Dans le silence assourdissant et complaisant de la société civile et des pays occidentaux.

la torture des personnes mises en cause pour faits de délinquance est également systématique,notamment dans les quartiers défavorisés là aussi, et dans les prisons.

N'hésitons pas à dire que des MILLIERS DE PRÉVENUS , dont des mineurs, ONT ÉTÉ TORTURES EN TUNISIE depuis les attentats du Bardo.

Il y a un problème de fond à nouveau concernant les droits fondamentaux en Tunisie, dans l'hypocrisie la plus générale.

Le rappel de cet amendement est salutaire, bravo BN.