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Chroniques
En marche arrière
24/04/2017 | 15:59
4 min

 

A l’actualité cette semaine, des fuites un peu partout jusqu’à la présidence de la République, des manifestations à Tataouine suivies d’un sit-in sur les routes du pétrole, la chute vertigineuse du cours du dinar et le lancement de la campagne « Acheter tunisien ».

La monnaie locale s’est donc fortement dépréciée cette semaine. La faute, parait-il, à la ministre des Finances, Lamia Zribi, qui a déclaré dans un média de la place que l’euro allait s’échanger à trois dinars. Mouvement de panique immédiat sur le marché des changes, il n’y a plus d’euros !

L’inflation va galoper, les prix vont devenir inaccessibles, il faut encourager le « made in Tunisia », il faut arrêter l’importation des produits superflus, il faut fermer la frontière aux produits turcs, la faute à Ennahdha, Zied Laâdhari est coupable. ..

Comme par magie, et comme de coutume, en un rien de temps nos réseaux sociaux ont regorgé de dizaines de milliers d’experts économiques, d’experts en balance commerciale, d’experts en commerce international, etc. C’est magique cette Tunisie qui regorge, en fonction des besoins et du moment, de spécialistes en journalisme, d’experts en foot, d’ingénieurs juridiques chevronnés, de professionnels en politique. On comprend tout en tout.

 

Pour les besoins de l’actualité de la semaine, nous sommes donc devenus experts en lobbying politique et experts en change.

La solution préconisée pour juguler la chute du dinar est d’ordre protectionniste. Il faut fermer la porte aux importations superflues et encourager le produit tunisien. Même l’UGTT s’y est mise dans ses leçons démagogiques.

Très peu cependant « d’experts », y compris l’UGTT, ont pointé du doigt le véritable problème du dinar tunisien dont la chute a commencé en 2011 et non après la déclaration de Lamia Zribi.

Pourtant, le véritable problème du dinar se résume en un mot : il s’appelle productivité ! Que produit-on d’exportable et susceptible d’intéresser les marchés internationaux pour que notre dinar ne chute plus ?

 

Depuis la révolution, on ne cesse de multiplier les grèves et les revendications au point que nos entreprises ont cessé d’être compétitives. Nous mettons tellement de barrières officielles et officieuses devant nos exportateurs qu’il est aujourd’hui beaucoup plus facile, administrativement parlant, d’importer que d’exporter. Le coût de nos travailleurs et de notre production est devenu tellement élevé que des produits fabriqués en Europe sont devenus moins chers que ceux fabriqués en Tunisie. Ne parlons pas de la bonne qualité et du marketing, notions quasi inexistantes chez nous, à quelques exceptions près.

C’est bien beau d’appeler à consommer « Made in Tunisia », mais il faudrait d’abord que ce « Made in Tunisia » ait un meilleur rapport qualité prix que le « Made in Europe » ou le « Made in Turkey ».

C’est bien beau d’appeler à embarquer sur Tunisair, mais il faudrait d’abord que la compagnie aérienne nationale propose les mêmes services, à un prix moins élevé, qu’Air France ou Turkish Airlines.

Mais quand on multiplie les grèves pour un oui et pour un non, quand on exige des augmentations drastiques sans pour autant parler de la productivité des agents, quand on plombe les comptes publics avec des milliers de fonctionnaires inutiles, on ne saurait ensuite demander aux entreprises d’être compétitives, à l’Etat de ne pas être déficitaire et s’étonner ensuite de la chute du dinar.

 

Lamia Zribi a gravement fauté par sa déclaration farfelue. On ne saurait dire autrement. C’est ce qui se passe quand on met des technocrates apolitiques à la tête de l’Etat. Appeler à sa démission, la limoger et crier au scandale résoudrait-il le problème pour autant ? Ce serait grave de faire de cette ministre inexpérimentée un bouc émissaire. Et il serait encore plus grave de prendre des mesures protectionnistes pour freiner les importations, y compris l’importation des produits superflus. Si le protectionnisme a du bon, cela se saurait. A l’exception de quelques produits et de secteurs bien déterminés (et prévus dans nos accords de libre-échange où la carte protectionniste peut et doit être brandie), tout protectionnisme serait fatal pour l’économie tunisienne.

Si l’on interdit l’importation de glibettes blanches venues de Turquie (sous prétexte que c’est du superflu), la Turquie va nous interdire la vente de nos glibettes noires chez elle. Voilà avec un exemple banal (et superflu) la conséquence directe du superflu : tu interdis mes produits, j’interdis les tiens. Tu ne veux pas de Kiabi chez toi, tu n’auras pas Zen chez moi. Tu me prives de tes dix millions d’habitants, je te prive de mes 80 millions de consommateurs ! C’est le b.a.-ba de l’économie de marché !

 

Il se trouve cependant que ce discours déplait à l’opposition et aux syndicats. Les premiers ont besoin d’un bouc émissaire pour marquer des points contre le gouvernement et les seconds ont besoin d’une diversion pour éviter les véritables solutions qui font mal.

La vérité est qu’on ne veut pas travailler, qu’on ne veut pas produire de la bonne qualité, qu’on est des adeptes du moindre effort, qu’on préfère les produits bâclés aux produits bien finis et le colmatage au perfectionnisme.

Si l’UGTT veut bien sauver le dinar, qu’elle appelle le gouvernement à en finir définitivement avec la séance unique ! C’est une véritable aberration de se priver d’heures de travail les après-midi d’été sous prétexte de chaleur, alors que toutes nos administrations et toutes nos entreprises sont climatisées. Il est cependant vrai qu’il est plus facile de taper sur une ministre inexpérimentée ou de tancer les « riches » qui achètent des produits importés superflus.  Il est plus facile et plus porteur (politiquement) d’encourager le farniente que le travail.

 

24/04/2017 | 15:59
4 min
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Commentaires (26)

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Fekih mohamed
| 26-04-2017 08:07
Nous ,Tunisiens ne manquons pas de patriotisme et nous voulons bien l'éprouver: soutenons notre patrie et consommons ce qui est Made in Tunisia mais la nessécité qui nous immerge dans l'ensemble nous oblige à nous débrouiller de notre façon pour nous maintenir la vie au détriment de tout.

G&G
| 25-04-2017 13:38
Salut l'ami
Il s'agit d'un article sur la retraite publié sur les colonnes de ce journal le 15 avril 2016.
Écrire sur le net "le paradoxe de la retraite anticipée..."

déjà-vu
| 25-04-2017 13:25
On demande au péeple l'impossible.

Depuis 2011, ce même péeple béni démocratisé artificiellement assiste à la destruction, la dilapidation et le dénigrement des acquis pour lesquels des générations ont sué et saigné par des apprentis sorciers flemmards, ignares et fumistes venus d'outre-mer qui n'y ont jamais contribué d'un iota.
Au contraire.

Pour qui voulez-vous que ces mêmes tinisiens dupes se plient en quatre et se sacrifient encore?!

Pour entretenir et enrichir davantage la bande d'usurpateurs faschos Quataris aux bedaines xxxxxxxlarges?!?!?!?!!?!

Lé péele a appris la leçon :

Travaillez 60 ans, prenez de la peine
Aux bédouins vous grossirez la bedaine

Libération
| 25-04-2017 11:05
Au contraire je trouve que l'UGTT a signalé clairement, dans sa dernière déclaration du 24 courant (dernier paragraphe), que l'origine de la crise du dinar se trouve au niveau de l'économie réelle et a ajouté qu'un tel problème ne peut être résolu par des politiques monétaires. Ceci implique, logiquement, que la centrale syndicale est bien consciente de la nécessité d'augmenter la production réelle laquelle nécessite, entre autres, l'amélioration de la productivité. Il reste évidemment de signaler que l'amélioration de la productivité n'est pas uniquement de la responsabilité des travailleurs mais de tous les intervenants.

Prof.
| 25-04-2017 09:28
C'était quoi votre proposition? est ce que vous avez une adresse web? Je voudrais bien lire ou relire votre proposition!

Prof.
| 25-04-2017 08:56
Merci pour vos intéressants et intelligents commentaires! J'approuve: assiduité sans intelligence n'est plus suffisante de nos jours!

Et si notre pays va très mal, la faute est uniquement à ceux qui ont dirigé la Tunisie entre 2011-2015 et non pas à L'UGTT et aux demandes légitimes d'augmentations salariales!

Continuez s.v.p. à écrire vos commentaires sur BN, ils sont un très grand enrichissement pour ce forum.

Amicalement

G&G
| 25-04-2017 08:51
Si Nizar Bonjour de tres loin.
Permettez moi de vous dire que l'on a marre de votre disque rayé. Vous n'inventez pas la roue par votre conclusion sur l'importance de la production et de la productivité. Vous évitez tout le temps de reconnaître que la clé de la sortie de crise est possédée par les azlems.
Néanmoins je me permets de vous éclairer le chemin si vous le désirez.
La théorie keynésienne dont vous venez d'exposer serait applicable au temps de Ben Ali.
Aujourd'hui la donne à changé. Vous êtes en face de centaines de milliers de jeunes diplômés chômeurs qui dépassent les 35 an et célibataires endurcis à vie sans but et sans espoir prêts à tout dans une république en carton allergique aux azlems.
Pourtant d'après mon expérience, l'unique solution pour instaurer un climat social serain permettant
de faire tourner convenablement la machine du travail, c'est ma proposition que vous aviez bien voulu publiée sur votre journal il y a un an et passée inaperçue. Personne ne voulait débattre avec moi par mon statut de zelm.
Donc ne vous étonnez pas si je vous dit que les médias sont derrière cette crise.

Cordialement
G&G
Zelm et fier de l'etre voulant vous éclairer loin de 5000 kms

Turlututu
| 25-04-2017 02:20
Bonjour,

Y'a pas de problèmes !
Travailler c'est trop dur ! Allons à la mosquée, prions et Allah le magnifique pouvoira !.

raa
| 24-04-2017 21:55
cette dévaluation va coûter chère au citoyens tunisiens et aux étudiants à l'étranger, ceci aura des conséquences graves sur leurs études mêmes les pousser à faire la manche. c'est dommage pour un pays qui prétend faire une "révolution"

Abel Chater
| 24-04-2017 21:53
Ya Si Nizar, tu ne peux imaginer ma joie de te lire de nouveau sur BN. J'ai entendu que tu as vendu ton journal et que les cartes ont été refaites par une mutation à la direction de BN, suivant d'autres normes que celles qu'on a connues chez toi depuis presque une décennie.
Quant au manque d'expérience et de compétence de la ministre des Finances, Lamia Zribi, qui a déclaré dans un média, que l'euro allait s'échanger à trois dinars, ce n'est vraiment qu'une goutte d'eau sur une pierre brûlante.
Nous l'avons mentionné ici-même et à maintes reprises, contre le langage pessimiste de ceux qui se déclarent experts économiques tunisiens, sans même réaliser le mal qu'ils font à la Tunisie et à l'économie tunisienne, par leurs discours irresponsables. Avant le 14 janvier 2011, tous les «Klugscheisser» étaient des experts en football. La balle a touché la ligne et s'il n'y avait pas la barre, le Club Sportif d'Hammam-Lif aurait gagné le match. Depuis ce même 14 janvier 2011, tous les Tom & Jerry sont devenus des experts en économie, en politique, en terrorisme, en religions, en militaire, en conflits armés, en politique mondiale, en gouvernance de l'état et même en présidence de la République. Toutefois, le mal n'émane pas de ces «Klugscheisser», mais le mal réside dans cette guerre farouche de pessimisme, guidée malignement par les ennemis de la Révolution tunisienne, qui invitent ces experts économiques à tâtonner, de bonne ou de mauvaise foi, sans bilans, ni de données sérieuses. Ils rongent le moral du peuple tunisien et dégradent la confiance de l'étranger en notre capacité. Cette même capacité des Tunisiens, souvent de loin meilleure que celle des Sud-européens italiens, grecs, espagnols ou portugais, contrairement à ta propre opinion suivant laquelle tu écris : «notre production est devenue tellement élevée que des produits fabriqués en Europe sont devenus moins chers que ceux fabriqués en Tunisie».
Il faut vraiment comprendre que l'économie est avant tout une confiance en soi. Les Tunisiens gagnent souvent au mois, ce que les Européens gagnent à la journée. C'est une folie où les Européens nous guident de gré ou de force. Surtout lorsqu'ils prétendent vouloir arrêter ou combattre l'immigration illégale chez eux. Comment pourrait-on convaincre un Tunisien de ne pas émigrer vers l'Europe, où il gagnerait à la journée ou en deux à trois jours dans la clandestinité, ce qu'il aurait gagné durant tout un mois, souvent les samedis non chômés en Tunisie?
Cessons s'il vous plaît à tous les intellectuels, de jouer au jeu des autres. Il faut augmenter les salaires des Tunisiens et leur renforcer leur pouvoir d'achat, afin que la roue de l'économie roule de gré ou de force. Il ne faut pas arrêter les importations, mais il faut freiner le déluge de voitures automobiles en Tunisie, qui suffoquent le pays en dépenses de carburant et de pièces de rechange, sans oublier la détérioration de l'environnement. Qu'ils importent tout, même du chocolat et des cerises, car le prix de dix voitures automobiles, équivaut celui de dix conteneurs en d'autres produits vitaux pour les Tunisiens. Qu'on fasse une pause d'au moins une année sans importations de voitures automobiles familiales de «loisir», nous aurions fait un vrai pas vers la régularisation de la balance économique du pays.
Mais hélas, ni la France ni les autres pays industrialisés ne le permettront. Ils veulent faire tourner leur industrie en nous imposant de leur acheter leur production, sans pause, ni trêve.
Au lieu de se plaindre contre ce pauvre peuple tunisien victime de plus de soixante ans de dictature et de déification de nullards, de «denfirs», de régionalistes et de grenouilles qui veulent se faire grosses comme des chameaux, il faut applaudir les Tunisiens et les encourager à aimer leur patrie, leur armée et leurs forces de l'ordre, comme c'est le cas chez les pays avancés, à l'image de la Suisse et de l'Allemagne. Tout le reste n'est vraiment pas objet de discussion concave, ni d'un article médiatique de cette routine tunisienne, où chacun sait tout et colle tout aux autres. Il n'y a pas un seul Tunisien qui gagne de l'argent sans travailler. Celui qui paie quelqu'un sans travail, qu'il le paie davantage, qu'est-ce que ça intéresse les autres?
Mais prétendre que les Tunisiens ne travaillent pas malgré la construction de tout le pays par des Tunisiens seulement, alors que tous les autres pays européens accueillent chacun, au moins cinq à six millions de travailleurs étrangers chez lui.
Donc louons les mérites de notre peuple et cessons de le démoraliser au service de nos propres esclavagistes européens.