Plus le temps de pleurer aujourd’hui. Les Tunisiens se sont déjà fait une raison et ont commencé à appréhender le mur qui se présentait en face d’eux depuis les résultats du premier tour de la présidentielle. Ils l’ont vu bien en face après ceux des législatives, aujourd’hui, plus rien ne les surprend, le mur est bien là et il est solide. Les résultats ne sont plus très surprenants et nous savons tous – sauf miracle – qui sera le nouveau président de la République tunisienne.
Si Kaïs Saïd a réussi à générer un raz-de-marée électoral autour de sa candidature, celle de Nabil Karoui, en revanche, a été entourée d’un certain malaise. Les partis politiques conservateurs ayant ouvertement affiché leur soutien à Kaïs Saïed l’ont fait avec une certaine fierté. Le choix semblait être évident pour eux, tant l’homme pouvait cocher de nombreuses cases sur le tableau des critères de choix d’un « bon président ». Du moins le président qu’ils défendent. Intègre, honnête, indépendant, instruit et ayant des principes. C’est tout ce qui compte, le reste n’a aucune importance.
Du côté du candidat en face en revanche, rares parmi ceux qui ont soutenu Nabil Karoui ont osé le dire haut et fort. C’est que le candidat gêne. Ceux qui le soutiennent n’osent pas vraiment l’assumer. Hormis Amel Tounes, aucun autre parti politique ne s’est risqué à un tel exercice. Même le parti destourien libre n’a pas osé le dire clairement et s’est contenté d’un laconique « ne votez pas pour Saïed ».
Le candidat Karoui étant « insoutenable » d’après les critères classiques faisant un « bon président ». Il est aussi « insoutenable » de point de vue calculs stratégiques, étant donné que l’homme n’a, et ils le savaient, que très peu de chances de détrôner son adversaire au second tour.
Du côté de ceux qui souhaitent encore aujourd’hui être catalogués comme membre de la famille « progressiste » et « démocrate », on s’est même hasardés à un autre exercice. Celui de ne pas soutenir Nabil Karoui et de le dénigrer sans pour autant exprimer son intention de voter pour Kaïs Saïed. Parmi les adeptes de cette prouesse politique saugrenue, Tahya Tounes, parti du chef du gouvernement Youssef Chahed. Mais les querelles entre ces deux-là ne sont un secret pour personne. Vous connaissez l’histoire…
Pour les autres, on se contente d’exprimer son « respect de la liberté de vote pour les électeurs ». Le choix de la prudence reste de mise pour nombreux partis politiques en ce deuxième tour de l’élection présidentielle. Les partis politiques préférant rester à l’écart et ne pas se mouiller que d’annoncer des consignes de vote qu’ils auront beaucoup de mal à assumer par la suite.
Mais ce flou artistique prévaut aussi, et surtout, du côté des électeurs. L’abstention, le vote blanc et le vote « brouillon » (conduisant à des bulletins annulés pour éviter tout risque de falsification) ont été le choix exprimé par de nombreux électeurs en ce deuxième tour. En attendant les chiffres officiels qui seront communiqués par l’Isie dans les jours à venir, les votes blancs et les votes contestataires montreront l’ampleur du désarroi général que nombreux électeurs ont ressenti aujourd’hui. Alors que la loi électorale ne prend pas – encore – en considération ce type de vote, qui exprime pourtant le ras-le-bol citoyen de l’offre politique qui se présente, l’idée derrière ces voix contestataires étant de changer la donne et de faire entendre la désapprobation générale. Dans l’espoir que la voix de ces électeurs désabusés soit, enfin, entendue d’ici quelques années.
En attendant, la Tunisie fera face dans les jours, les mois et les années à venir, à une nouvelle configuration qui donnerait des sueurs froides à plus d’un citoyen. Les islamistes gardent une partie importante de leurs confortables sièges au parlement et ils seront épaulés dans leur projet par les extrémistes et autres anarchistes. A côté d’eux, les populistes auront eux-aussi une part non négligeable ce qui présage des alliances qui ne devraient choquer personne.
A Carthage, du sang frais remplacera les vieux visages rouillés et fatigués, mais il ne rassurera pas pour autant. Si l’honnêteté et intégrité ne feront pas de doute, les compétences, la stabilité et une vision claire et efficace seront les grands absents de la magistrature suprême.
Serrons les dents et en avant toute !
Commentaires (15)
Commenter@observator
Hum #
Ya Sinda, tabchi El Tajine?
Ya3tek essa7a pour ton "analyse"...Mais j'aime pas quand tu qualifies Qalb Tounes + PDL + El Badil + Afek, etc, etc de "populistes", c'est tout.
Ces caractéristiques inopposables ne sont pas une exclusivité réservée à Saied
Mais de toutes les manières, ça ne servira plus à rien d'autre qu'à pleurer...
Tout comme il ne servira plus à rien de condamner - mais je le fais avec hargne et profonde rancune ! - l'abstention, et cette curiosité, le vote blanc... Ce sont là les véritables moyens de cette catastrophe ! Quant à ses motifs, ils sont tellement enfouis dans l'âme des Tunisiens, qu'il faudrait une encyclopédie pour les exposer et les analyser.
Je fais allusion .....
En arrière toute !
Le processus démocratique qu'on croyait avoir acquit, a été balayé d'un revers de main par une instance qu'on croyait indépendante. L'interférence de l'exécutif dans le judiciaire pour éliminer ses adversaires politiques est encore plus présente que dans les pire moments de la dictature précédente. La violence physique envers les journaliste est de retour. Et la cerise sur le gâteau: le message principal du nouveau président est digne des anciens dictateurs arabes: la cause palestinienne comme divertissement à un peuple pour lui faire oublier ses besoins vitaux. En l'espace de quelques jours nous avons reculé d'une cinquantaine d'années: bienvenu en Tunistan.
@Welles
Je fais référence à un article de Mme Tajine du 24 septembre dernier intitulé :
"Le doigt d'honneur du peuple" faisant référence au premier tour .
Et donc pour les résultats du 2ème tour, elle aurait pu intitulé son article "Après le doigt d'honneur, le bras d'honneur du peuple.".
Tu es vraiment bête normal tu sors de l'ecole de la dictature. Tu ne sais qu'insulter. Réflexion et subtilité ont déserté ta cervelle.
@Observateur, le vulgaire
Par ailleurs ton peuple c'es Reccoba et ses amis qui ont agressé une journaliste femme à l'avenue Bourguiba.
Tu vas déchanter rapidement pauvre personnage parce que ce président ne sait que débiter des slogans creux et veut entre autres libérer la Palestine. TOZZZ