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Emmanuel Macron se veut sauveur de la Tunisie
01/02/2018 | 20:27
6 min
Emmanuel Macron se veut sauveur de la Tunisie

Le chef de l’Etat français, Emmanuel Macron, effectue une visite officielle en Tunisie du mercredi 31 janvier jusqu’au 2 février 2018. Au programme, des rencontres et discussions avec les différents acteurs de la scène politique et économique tunisienne. Une visite qui s’annonce prometteuse, avec la Tunisie, qui compte sur un soutien fort de la France et espère des gestes concrets pour promouvoir la fragile économie tunisienne.

 

La visite du président français Emmanuel Macron, a commencé avec une rencontre avec son homologue tunisien Béji Caïd Essebsi, suivie d’un entretien avec le chef du gouvernement, Youssef Chahed et le président de l’ARP, Mohamed Ennaceur. A cette visite d’Etat de deux jours en Tunisie, une importante délégation a accompagné le président français.  3 ministres, 2 secrétaires d’Etat, des recteurs d’universités françaises, des personnalités du monde culturel et artistique, ainsi que des hommes d’affaires et des présidents de groupes économiques importants et d’opérateurs privés étaient de la partie.

Il s’agit de la première visite de Macron, depuis son élection en mai 2017. En novembre 2016, il a visité la Tunisie en tant qu’ancien ministre de l’Economie et fondateur du mouvement « En Marche ! ». Il s’agit du troisième pays du Maghreb visité par le chef de l’Etat français, après le Maroc en juin 2017 et l’Algérie en décembre 2017.

 

Une cérémonie de signature d’accords s’est déroulée, en premier lieu, au palais de Carthage, hier mercredi le 31 janvier 2018, entre la Tunisie et la France et ce en présence des deux présidents Caïd Essebsi et Macron. Il s’agit de 8 accords qui consistent à la déclaration conjointe sur les priorités du partenariat franco-tunisien, à la déclaration d’intention entre le gouvernement tunisien et celui français concernant la coopération bilatérale dans la lutte contre le terrorisme et le financement de l’extrémisme, ainsi qu’à la déclaration d’intention relative à une initiative pour la jeunesse et les jeunes entrepreneurs nommée initiative «Jeunesse, Entrepreneuriat et Numérique» et évaluée à 50 millions d’euros, sur 3 ans. Il a été décidé ainsi de la création d’un fonds de «soutien au développement, à l’entreprise et aux initiatives de la jeunesse» visant à lutter contre le chômage des jeunes diplômés, qui a atteint 35% dans le pays.

Une université franco-tunisienne pour l’Afrique et la Méditerranée sera également créée et un prêt souverain de 100 millions d’euros sera octroyé à la Tunisie, en signe d’appui à la réforme de la gouvernance des entreprises publiques.

15 millions d’euros seront également alloués aux PME et PMI tunisiens et la dette tunisienne à l’égard de la France sera convertie à hauteur de 30 millions d’euros en projets de développement.

La France, premier partenaire économique de la Tunisie tiendra ainsi son engagement d’un soutien de 1.2 milliard d’euros sur 5 ans (2016-2020), et d’une enveloppe supplémentaire de 500 millions d’euros pour la période 2020-2022.

 

Suite à la signature des ces accords de partenariat, une conférence de presse conjointe s’est tenue, toujours au palais de Carthage, durant laquelle Béji Caïd Essebsi a souligné « la profondeur des relations historiques bilatérales entre les deux pays ». Macron a salué, de son côté, « l’expérience exemplaire de la Tunisie et sa transition démocratique ».

Ainsi, le président français a salué la Constitution «inspirante» dont s’est doté le pays en 2014, citant, entre autres, le principe de liberté de conscience et d’égalité entre hommes et femmes qui y sont inclus.

 

Macron vient, de ce fait, apporter son soutien au modèle démocratique tunisien dans un moment difficile pour la Tunisie, 7 ans après la révolution. Une étape fondamentale pour le pays.

Il a par ailleurs insisté sur la solidarité profonde qui lie la France et la Tunisie et salué les efforts du Chef de l’Etat tunisien qui ont permis d’ériger la Tunisie en un «vrai modèle de transition démocratique».

 

En deuxième lieu, le président français a rencontré le chef du gouvernement, Youssef Chahed, ce mercredi 31 janvier 2018, au palais Dar Dhiafa. Une séance de travail a eu lieu, ainsi, portant sur les relations de coopération entre la Tunisie et la France, aussi bien que sur les moyens susceptibles de les renforcer. Cette séance de travail était présidée par Chahed et Macron et s’est déroulée en présence des délégations représentant les deux pays.

Cette entrevue avec le chef du gouvernement tunisien était suivie, en outre, par une réception donnée à la résidence de l’ambassadeur de France en Tunisie, Olivier Poivre d’Arvor. Lors de cette réception, Macron a rencontré des représentants de la communauté française de Tunisie et a donné un discours saluant « les efforts de la Tunisie pionnière en tant que première véritable démocratie dans le monde arabe ».

«La Tunisie est un pays qui a réussi sa révolution culturelle en dessinant, d’une manière inédite, un rapport apaisé entre l’Etat, la vie civile et la religion. Je suis convaincu que ces jeunesses conjugueront leurs avenirs ensemble plus encore que les générations présentes parce qu’elles ont les mêmes défis, parce qu’elles ne s’imaginent plus séparées et parce qu’elles doivent avoir les mêmes réussites de part et d’autres de la Méditerranée».

 

 

Toutefois, ce sont bien les questions d’ordre économique et social qui dominent ce voyage. Emmanuel Macron  a participé aujourd’hui jeudi 1er février 2018 à la première édition du forum économique franco-tunisien sous le thème «Réussir ensemble, aujourd’hui et demain», au palais des Congrès à Tunis. Ce forum, organisé par la Chambre tuniso-française de Commerce (CTFCI) et les conseillers du commerce extérieur de la France, a réuni plusieurs dirigeants d’entreprises tunisiennes et françaises opérant dans les secteurs de l’Industrie, de l’énergie, des infrastructures, de l’environnement, des services, de la santé et de l’agriculture, souhaitant investir et promouvoir leur activité en Tunisie.

 

Avec plus de 1.400 entreprises exportatrices, employant plus de 138 mille personnes, la France est le premier investisseur étranger en Tunisie. Elle est également le premier client de la Tunisie accueillant plus de 70% de ses exportations.

En 2017, la France a investi 200 millions d’euros, soit 45% des investissements directs étrangers hors énergie, et les entreprises françaises implantées en Tunisie opèrent principalement dans les secteurs textile-habillement, composantes automobiles et aéronautiques et nouvelles technologies de l’information.

 

 

Le chef de l’Etat français s’est adressé, par la suite, aux membres du Parlement tunisien et français, dans une allocution qu’il a donnée à l’ARP, en présence du président du Parlement, Mohamed Ennaceur, de l’ambassadeur de France en Tunisie Olivier Poivre d’Arvor et de l’ambassadeur de l’Union européenne en Tunisie Patrice Bergamini. Lors de ce discours, Macron a réitéré l’engagement de la France auprès de la Tunisie, soulignant la réussite d’une expérience tunisienne inédite.

En outre, le président français a indiqué que des partenariats seront également mis en place dans le domaine de l’éducation à travers des investissements dans les établissements scolaires et universitaires français et tunisiens. Il a annoncé, de ce fait, l’ouverture de l’université franco-tunisienne en 2019 ainsi que de 6 alliances françaises dans de nombreuses régions du pays, en 2018. Ces alliances, créées dans 134 pays, dont bientôt la Tunisie, consistent à offrir des cours de français au grand public. Elles visent également à mieux faire connaitre la culture française et à favoriser la diversité culturelle ce qui facilitera la mobilité des jeunes entre les deux pays.

Par ailleurs, Macron a exprimé son appui à la décision de Béji Caïd Essebsi d’organiser le sommet de la Francophonie en Tunisie en 2020, soulignant que la francophonie était une culture à part entière qui faisait partie intégrante de la Tunisie.

 

La visite d’Emmanuel Macron en Tunisie a focalisé essentiellement sur les questions d’ordre économique. Une visite qui représente différents enjeux au niveau des divers types de partenariats et qui visent notamment à promouvoir l’investissement français en Tunisie.

La France est venue à l’aide de la Tunisie, ce qui est salutaire. Plusieurs voix se sont élevées, néanmoins, contestant cette visite et la considérant comme « un moyen d’ancrer une dépendance de la Tunisie pour la France », ainsi qu’une « nouvelle forme d’occupation moderne ».

 

Boutheïna Laâtar

01/02/2018 | 20:27
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