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Elections US : The Game is over !
06/11/2016 | 15:58
11 min
Elections US : The Game is over !

*De Synda Tajine, envoyée spéciale aux États-Unis



 A seulement deux jours de la date des élections américaines, les jeux semblent être faits. Les partisans de Hillary Clinton le clament haut et fort « the Game is over » [le jeu est fini], confiants quant aux chances de la candidate démocrate d’accéder à la Maison Blanche. Dans l’autre camp, celui du républicain Donald Trump, on ne déchante pas. Les deux camps continuent de s’agiter et d’employer les gros moyens, offrant au monde un véritable show à l’américaine que seul le pays de l’Oncle Sam est capable d’offrir.  A J-2, malgré les pronostics, les bulletins n’ont pas encore prononcé leur dernier mot et ils peuvent bien réserver des surprises.  

 

« The game is over ! Il n’y a plus personne à convaincre », affirme obstinément Joseph E. Uscinki, professeur de sciences politiques de l'université de Miami. Lors d’une conférence donnée sur les complotistes : « la théorie du complot est pour les perdants », il accuse, à demi-mots, Donald Trump de fabriquer des théories farfelues et rocambolesques pour discréditer son adversaire.

Impossible pour le Pr Uscinki de garder son sérieux lorsqu’il s’agit d’évoquer le candidat républicain. Chacune de ses remarques au sujet de Trump sont ponctuées de moqueries. Avec des références au match de baseball d’hier, il explique comment, selon lui, Hillary Clinton, ne peut que remporter l’élection présidentielle.  «  A moins que Hillary ne soit arrêtée menottes aux mains, elle va gagner !», tient-il en plaisantant sur l’électorat de Trump, composé selon lui : de simple Américains moyens.

 

 

La campagne électorale passionne toutes les tranches de la société américaine. Les Américains actifs et d’un certain âge ne sont pas les seuls impliqués. Dans les campus, les étudiants s’agitent. Cette élection est aussi décisive pour les « millennials », ceux qui sont nés entre la fin des années 90 et le début des années 2000 et qui votent pour la première fois.

 

 

Dans le gigantesque campus de l’université de Miami, étudiants républicains et démocrates se réunissent autour de tables de dialogue. « Aucun débat tendu n’a lieu entre les deux camps », nous explique Brianna Hernandez, étudiante de 20 ans. Les deux se réunissent afin de parler de leurs réelles préoccupations, de leurs attentes, de leurs problèmes. Brianna Hernandez, étudiante en histoire et sciences politiques, est membre active dans la campagne Get-out-the-vote (GOTV) (sortir pour chercher les voix). Une campagne qui a pour vocation d’encourager les citoyens à sortir voter. Littéralement, dans les campus, par exemple, des actions sont organisées pour inciter les jeunes étudiants à bouger pour exercer leur devoir électoral. En plus de campagnes de sensibilisation, des bus se déplacent dans les universités pour conduire les jeunes votants jusqu’à leurs bureaux de vote.

« Pour parler aux étudiants, nous évoquons les problématiques qui les intéressent : cannabis, environnement, etc. Ces sujets les concernent plus que les relations des Etats-Unis avec la Russie ! », explique Brianna. « S’ils ne sortent pas voter, ils ne pourront plus se plaindre plus tard. Il est important pour les millennials de donner leurs voix, ce sera dans ce monde qu’ils vont vivre ! ».

 

 

Aaron Gluck, 20 ans, étudiant en sciences politiques, et démocrate, affirme que ses choix politiques sont influencés par ceux de ses parents. Comme beaucoup de jeunes de son âge d’ailleurs qui suivent les orientations des anciennes générations. Tout en refusant de regarder la réalité politique comme un épisode de la série « House of Cards », qu’il cite comme référence, il affirme avoir voté pour Hillary Clinton tout en regrettant son « manque d’aisance communicationnelle et ses discours peu inspirants ». En revanche, il décrit Donald Trump comme « une star de télévision bruyante ».

Raf Paz, étudiant républicain, dit avoir voté Trump mais avec peu de conviction, tout en affirmant avoir été particulièrement impressionné par les idées et la personnalité de Mark Rubio. « Les Républicains ont choisi leur candidat dans un moment de colère [...] S'il perd, les Républicains auront la chance de prendre un nouveau départ et de se restructurer ». Sans être vraiment fidèle à la ligne de son parti, Raf, âgé de 19 ans, explique qu'il est plus « républicain d'un point de vue économique que social », c'est à dire qu'il est pour des libertés telles que le mariage pour tous par exemple mais qu'il rejoint les Républicains dans leurs opinions économiques. «Nous les jeunes, apporterons une nouvelle vision au parti républicain », soutient-il.

Tous ces étudiants ont déjà voté.

 

La Floride est un Etat au rôle déterminant dans la présidentielle du 8 novembre. Autant dans les quartiers hyper touristiques et aseptisés de South Beach que dans ceux plus branchés et bohèmes de Wynwood. Tout est là pour pousser les Américains à sortir voter le jour J.

 

 

La Floride sera l’un de ses Etats qui déterminera qui devra perdre ou gagner. Faisant partie des « swing States », comme le Colorado, l’Ohio, l’Iowa, le Michigan ou la Caroline du Nord, la Floride offre encore un challenge aux deux candidats et réserve bien des surprises. Les deux y multiplient les meetings à seulement quelques jours du scrutin décisif. Le 2 novembre courant, Hillary Clinton avait seulement 1 point d’avance sur Donald Trump selon les chiffres du Real Clear Politics. Et l’écart ne cesse de se creuser. Les scores sont très serrés et tout peut basculer à la dernière minute. La Floride garde, aujourd’hui encore, le souvenir des 500 votes qui ont offert sa victoire au candidat Bush face à Al Gore en 2000.

 

 

Lors d’un meeting organisé aujourd’hui à Pembroke Pines en Floride, Hillary Clinton s’est adressée à la foule venue l’acclamer : « J’ai l’endurance nécessaire pour tenir la présidence ». Une pique lancée en réponse à une critique que lui avait faite son adversaire lors du premier débat télévisé entre eux où il l’a accusée de ne pas avoir assez d’endurance. Accompagnée des hurlements de la foule, elle a laissé de côté, pendant quelques minutes, son texte, minutiseuement préparé à l'occasion, pour improviser un speech dans lequel elle a appelé les gens à voter pour elle.

 

 

Des centaines de personnes sont venues acclamer la candidate démocrate. Un événement organisé comme une véritable fête foraine, où des stands de nourriture avoisinaient les étalages de produits à l’effigie de la candidate, exposés à la vente.

 

 

Sous une pluie battante, Hillary a prononcé des slogans appelant les gens qui ont déjà voté en « early vote » [vote anticipé] à inciter les autres à en faire autant. La foule, chauffée à bloc, a scandé « Hillary Hillary » coupant la parole à la candidate qui a dû écourter son discours, surprise par les fortes averses qui contrastent avec le climat estival de la ville. C’est avec une voix écorchée que Hillary Clinton est venue discourir aujourd’hui. La veille, elle était l’invitée surprise de Jay-z et de Beyonce. Elle est montée sur la scène du concert des deux artistes dans un autre Etat clé, celui de l’Ohio, où elle est devancée par Donald Trump.

 

 

Exactement en même temps, à Tampa, encore en Floride, Donald Trump, tenait un meeting pour tenter de convaincre ceux qui n’ont pas encore voté de sortir aux urnes lui donner leurs voix.

 

L’élection est organisée en véritable show à l’américaine. Des campagnes de rue où les volontaires usent d’affiches et de hauts parleurs aux slogans racoleurs pour se faire entendre. Des affiches à l’effigie des candidats, des produits incitant au vote ou dénigrant l’un ou l’autre dans les vitrines des magasins. Impossible de passer à côté. Il suffit d’allumer sa télévision pendant 10 minutes pour être submergé de spots publicitaires expliquant par des formules, souvent très peu orthodoxes, pourquoi un tel candidat est « menteur et malhonnête et doit être évincé d’urgence ». Ici, il est plus question de dénigrer son adversaire que de vanter ses propres mérites. Mais le politiquement correct n’a pas sa place en Amérique.

 

Contrairement aux journées électorales tunisiennes, les Américains appartenant à plusieurs Etats, dont la Floride, votent depuis fin septembre. Si la journée officielle du vote est le 8 novembre, les électeurs peuvent choisir de voter par la poste ou de recourir au vote anticipé en évitant les files d’attente. Plusieurs Américains, dans 37 Etats sur 50, dont la Floride, profitent de leur pause-déjeuner pour voter dans les nombreuses bibliothèques et autres stations prévues à l’occasion.

 

 

En 2012, seulement 40% des votants ont voté le jour de l’élection. 27% ont voté par la poste et 23% ont recouru au vote anticipé. Une facilité de taille qui permet aux votants, munis d’un simple permis de conduire, de profiter de leur pause-déjeuner pour se déplacer dans l’un des nombreux centres prévus pour ça dans leur compté et glisser un bulletin dans la machine. Le Département des Elections du Miami Dade County, en fait partie.

 

 

Les électeurs sont alignés en files bien rangées, l’accueil est chaleureux, les files sont fluides et l’attente très courte. Pour les journalistes, en revanche, impossible d’approcher les électeurs à moins de 10 mètres. Pour savoir pour qui ils ont donné leur vote et connaitre leurs opinions, il faudra attendre qu’ils aient quitté la file et soient sortis des bureaux. Tout est paramétré et chronométré pour que le vote soit « le plus simple possible ».

 

 

« En 45 minutes, file d’attente comprise, les votants peuvent accomplir leur devoir électoral », nous explique Caroline D. Lopez, superviseur adjoint des élections au Département des Elections du Miami Dade County. Elle ajoute : « Le Département des élections prépare le scrutin depuis des années déjà ». De gros moyens sont en effet mis à disposition des votants pour que personne n’aie une excuse pour ne pas voter. « Voter est facile » ne cesse de clamer la première dame américaine Michelle Obama dans les spots télévisés pro-Hillary. Cela n’a jamais été aussi vrai !

Il ne s’agit pas, en effet, de glisser de bulletin dans l’urne, mis dans une machine qui vérifie que l’électeur a réellement rempli son bulletin de vote exactement comme il se doit, compte tenu du nombre de choix qui s’offre à lui. Dans le cas contraire, le bulletin est soit rejeté, soit accepté tel quel et donc, pas pris en compte lors du décompte des voix.

 

 

Mais au-delà du mode de scrutin et des votes, la campagne électorale pour la présidentielle américaine de 2016 est une chose unique en son genre. L’Amérique n’a jamais rien vu de tel. L’outsider politique, loufoque et imprévisible Trump faisant face à la candidate féminine au parcours controversé Hillary Clinton. De quoi placer cette campagne sur de multiples axes. La question du genre agite, elle aussi, les débats.

 

 

 

« Ce n’est pas un parfum de crème glacée ! » répond Susan Windmiller, présidente de la Ligue of Women Voters (la ligue des femmes votantes), à l’adresse de celles qui lui disent qu’elles n’aiment pas Hillary Clinton. « Vous n’avez pas à aimer les candidats. Il faut voter pour celui, ou celle, qui présente les arguments de campagne qui vous ressemblent le plus », soutient-elle. Cette organisation, apolitique et non partisane, se veut être un moyen mis à disposition des femmes pour les aider à exercer leur droit de vote. Les femmes représentant 54% des votants enregistrés dans l’Etat de Floride. Des actions, en petits comités, sont organisées pour informer et expliquer les choses. Et il en existe des choses à expliquer !

Mais même si elle se veut complètement à distance égale des deux candidats, la LWV ne peut s’empêcher de se dire « fière de voir qu’une femme participe, pour la première fois, à la course à la Maison Blanche […] c’est un message adressé à toutes les femmes, leur disant qu’elles peuvent le faire ! ». Voilà qui est dit.

 

 

 

Mais au-delà du genre, c’est toute la carte démographique des US qui est en train de changer. Il est impossible aujourd’hui de compter uniquement sur le vote d’une communauté au détriment d’une autre. Ou plus précisément sur « le vote blanc », uniquement. Tous les groupes comptent et il faut convaincre tout le monde.

 

 

Dans un Etat comme la Floride, la langue espagnole est la deuxième utilisée après l’anglais. Les latinos, originaires de pays comme le Mexique, le Salvador, le Paraguay, le Venezuela et autres, font partie intégrante de la population locale, autant que les afro-américains ou les autres communautés.

Mais chaque Etat est différent. Demain nous nous envolerons pour New York, et là, ce sera une autre paire de manches….

 

Synda TAJINE

06/11/2016 | 15:58
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Commentaires (14)

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Lectrice
| 09-11-2016 10:37
La gueule de bois?

amal
| 07-11-2016 19:42
je fais des fautes quand je suis rouge de rage et il y a de quoi avec ces DEUX ENERGUMENES !

Donc :
" il a ri "
et non " il a rit " comme vous l'avez certainement compris.

amal
| 07-11-2016 15:19
pour moi : ce sont tous des criminels !
Hillary ou Trump = mêmes origines !!!

Ils ont un cahier des charges très précis à respecter depuis qu'ils ont quitter l'Europe armes à la main pour massacrer les Indiens et devenir les maîtres du monde à qui tout le monde DOIT OBEIR au doigt et à l'oeil.

Voilà donc l'objectif : les maîtres du monde ( Cf AIPAC = vous comprendrez ).

Le sale boulot n'est pas fini et Hillary devra achever le programme..elle est la future présidente des USA, je vous le donne en mille..elle ne louche plus ( a corrigé ses problèmes de strabisme ); elle regarde vers une seule direction derrière toutes ses mascarades : N.O.M

Il a rit, peut-être ( Hillary ).
Mais nous, il a rit pas..on pleure le monde et toutes les personnes sacrifiées par et pour une poignée de malades !!!

Tromp
| 07-11-2016 10:34
Ils sont à plaindre. Ce n'est pas facile de choisir entre la peste et le choléra. Ni l'un ni l'autre n'ont de projet crédible pour un monde moins chaotique, respectueux des droits humains.

anti-islamiste
| 07-11-2016 02:29
Pour les USA Donald Trump
Pour la Russie Vladimir Poutine
Pour la France et l'Europe (modèle) Marine le Pen
Dans l'ordre ou le désordre ils savent comment nous débarrassés une fois pour toute de l'idéologie cancéreuse qui métastase la planète, jusque dans les wc si nécessaires. Erdogan vacille ça me réjouis !

kameleon78
| 06-11-2016 23:58
Suivez bien les Swing States, ce sont les états qui peuvent basculer d'un camp à un autre, les plus importants sont au nombre de quatre : l'OHIO, la Pennsylvanie, la Floride, la Caroline du Nord, mais le plus important c'est le premier l'OHIO. Celui qui perd cet état l'OHIO, il est sûr de perdre les élections et c'est là où se joue l'élection, même cas de figure pour la Pennsylvanie et la Floride (perdu par Al Gore en 2000 au profit de Bush qui a triché). Les élections américaines sont complexes, ce n'est pas comme en France ou en Tunisie où on élit directement le président, aux Etats-Unis on élit dans chaque état de Grands Electeurs qui eux élisent le futur président. Dans l'Ohio, la Pennsylvanie et la Floride les grands électeurs sont nombreux mais peuvent basculer d'un camp ou un autre d'où l'importance des Swing States, les autres qui sont importants comme la Californie (Démocrate), New-York (Démocrate) et Texas (Républicains) ne bougent pas c'est pour cela qu'ils ne sont pas décisifs à cause de leur vote traditionnel donc acquis. Donc surveillez en premier l'OHIO.

Mounir
| 06-11-2016 22:42
C'est que contrairement à Trump elle a un soutien financier incroyable (trump n'en a pas besoin, il a tout un empire a lui tout seul).
Le problème de hillary clinton ce n'est pas l'ex avocate avec son sourire très probablement trompeur (ce n'est que du management de la personnalité), mais ceux qui la soutienne et qui vont tout faire pour qu'elle gagne, puisque pendant son mandat en tant que secrétaire d'Etat elle été rapproché par des GRANDS, et une fois présidente elle devra prouver son allégeance par des décisions pas souvent infondés mais qui protègent secrètement les intérêts d'un de ses alliés.
Et malheureusement pour la planète, parmi ces alliés on retrouve les vendeurs d'armes! Ceux qui au dire de Julien Assange (fondateur de wikileaks) et sur la base de la fuite des mails de Hillary, ne sont autres que ceux qui finances également Daesh.
Trump n'a aucune chance! tout ce qui se passe aujourd'hui, c'est juste pour faire croire que les jeux sont très serré, qu'il y a une égalité des chances! ce n'est que du cinéma (rappelons nous de Al gore un homme de génie, protecteur de la planète qui était gagnant et comme par magie c'est Bush "le QI 0 manipulable" qui l'emporte haut la main, comme par magie, suite a un recompte des voix de Floride).
Personnellement je préfère Trump qui a pour seul défaut les femmes! Clinton présidente... ne présage rien de bon!

Je conseil a tous de voir le magnifique documentaire (qui d'ailleurs parle de la Tunisie) "What to invade next" de Michael Moore afin de comprendre ou vont réellement les intérêts américains et c'est loin d'être pour leur compatriotes ou autres formes de vie humaine. "Sauver une vie" c'est bien pour eux, si cela permet de vider une bonne dizaines de chargeurs ou d'utiliser carrément des armes lourdes c'est mieux (profitant également d'un petit test en cas réel des nouvelles tendances)!

salahtataouine
| 06-11-2016 20:26
Toujours lucide et une analyse profonde et censeé !!
Comme je le disais il y a quelques jours Trump à la maison blanche c est des guerres en moins...et une "entente" avec sa majesté Poutine
Mon pari est toujours ouvert ...TRUMP WILL BE THE NEXT PRESIDENT !!!!!

Mohamed Ben Achour
| 06-11-2016 19:37
Un regal pour les yeux! Merci Synda et bon courage

Forza
| 06-11-2016 17:59
Quels ignorants, ils applaudissent ceux qui les haïssent. Et je ne suis pas si sure que ça concernant l'alliance avec la Russie, il suffit d'écouter ce que son candidat au poste du vice président disait. Essissi lui yigaphik, la prochaine révolution l'emportera comme Ceausescu.