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Chroniques
Elections présidentielles : Les mastodontes s’annoncent
03/08/2014 | 18:57
3 min
Par Sofiene Ben Hamida

Trois gros calibres de la scène politique tunisienne ont annoncé, ce dimanche 3 août 2014, leurs candidatures aux prochaines élections présidentielles. Il s’agit de Ahmed Néjib Chebbi, Mustapha Kamel Ennabli et Ahmed Mestiri. Pour une journée de dimanche, la cueillette est prolifique et dénote de l’intérêt important que portent les politiques aux prochaines élections. Concorde t-il avec l’intérêt que leur portent les citoyens tunisiens ? Rien n’est moins sûr.

Le chef historique du parti Joumhouri, Ahmed Néjib Chebbi a choisi la ville de Kasserine pour annoncer officiellement sa candidature. Une annonce attendue depuis longtemps, depuis un certain 14 janvier 2011 précisément. Le choix du lieu et du moment pour faire une telle annonce est judicieux et montre la subtilité du jeu politique de Néjib Chebbi, un homme toujours à la recherche de l’instant historique pour s’y coller. Il en a raté beaucoup au cours de sa longue carrière politique. Réussira-t-il cette fois ? Au vu de l’effritement de sa propre formation politique au cours des derniers mois, il a besoin d’importantes alliances. Tout dépendra donc de la dextérité du chef du Joumhouri à trouver de nouvelles alliances en si peu de temps avec des partis qu’il connait, pour la majorité d’entre eux, du bout des doigts puisqu’ils ont vu le jour suite à des scissions au sein du parti joumhouri, mais qui le connaissent eux aussi trop bien pour que leur alliance ne soit pas âprement négociée.

Pour sa part, l’ancien gouverneur de la banque centrale Mustapha Kamel Ennabli a choisi d’annoncer sa candidature dans une interview accordée au quotidien Essabah. Au cours de cet entretien, il est revenu sur sa longue carrière en tant que ministre de Ben Ali et expert auprès des instances financières internationales. Ses déboires avec le président provisoire Moncef Marzouki militent en faveur du candidat Ennabli qui se présente en tant qu’indépendant des partis politiques tous responsables à ses yeux des difficultés que connait le pays à cause de leur sectarisme et leurs petites querelles de chefs. Seulement, ce que le candidat Ennabli ne dit pas, c’est qu’il peut compter sur le soutien du Nidaa et des autres formations de l’UPT, voire même sur le soutien des formations destouriennes. En ce sens, Mustapha Kamel Ennabli est de facto le candidat du Nidaa. Béji Caid Essebsi qui a entretenu le suspens jusqu’au bout aurait décidé de ne pas se présenter mais surtout aurait réussi à contourner les divergences et les querelles de positionnement qui secouent de l’intérieur son propre parti politique.

Quant à Ahmed Mestiri, il a été porté candidat par son parti, le MDS, un parti fondé dans les années 70, qui a joué un rôle important en faveur de la démocratisation de la vie politique mais qui est tombé depuis la fin des années 80 en décrépitude à cause des crises et des scissions multiples qui l’ont secoué. Ahmed Mestiri n’est pas donc le candidat du MDS. Il est réellement celui d’Ennahdha qui aurait trouvé en lui son candidat pour le premier tour des présidentielles, en connivence avec Ettakatol de Mustapha Ben Jâafar. Les voix du premier tour seront ensuite reportées sur le candidat qui restera au second tour parmi Ben Jaâfar ou Mestiri.

Cette alliance tripartite qui ne dit pas son nom rappelle étrangement la candidature de Ahmed Mestiri au sein du dialogue national pour le poste de chef de gouvernement présentée par Ettakatol et défendue farouchement par Ennahdha. L’histoire se répète donc. Aura-t-elle le même dénouement ?

Avec ces trois nouvelles candidatures, il semblerait que la liste est désormais presque connue. Il ne resterait que l’annonce sans surprise de la candidature de Moncef Marzouki. Au contraire, la surprise sera qu’il annonce qu’il ne briguera pas un nouveau mandat à Carthage. Le rêve est encore permis et nous serions contraints alors d’avouer que notre président provisoire est redevenu raisonnable.
03/08/2014 | 18:57
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