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Egalité salariale homme-femme : bonne année mesdames !
23/02/2017 | 19:59
6 min
Egalité salariale homme-femme : bonne année mesdames !

 

Pour avoir le même salaire, une femme doit en moyenne travailler, annuellement, 2 mois de plus qu’un homme. Cette approximation citée dans une étude faite par l’IACE et qui doit être publiée dans les prochains jours, est pour le moins singulière. Ce document révèle, en effet, que ce 22 février est pour les femmes l’équivalent du 31 décembre pour les hommes (en termes de salaire). Les femmes tunisiennes ont donc à peine bouclé l’exercice 2016 !

Cette journée a donc été décrétée par l’IACE, « la journée de l’égalité salariale en Tunisie » ou “Equal Pay Day”. Ce concept né aux  Etats-Unis dans les années 90, est aujourd’hui célébré dans beaucoup de pays occidentaux. Ainsi chaque pays a une date qui équivaut à la fin de l’exercice de l’année pour le genre féminin.

 

 

Selon l’Enquête, on apprend, que l’écart de salaire entre hommes et femmes en Tunisie est de 14.6%, le plus bas du monde arabe.

Cet écart désormais visible, n’a rien à envier à celui relevé chez certains de nos voisins, de l’autre côté de la Méditerrané. Car le gap au niveau des salaires, varie de manière très brutale d’un pays européen à un autre. En effet, l’Italie, la Slovénie ou encore Malte enregistrent des écarts de salaires inférieurs à 10%, en revanche la Slovaquie, l’Allemagne et l’Autriche accusent un pourcentage élevé, en deçà des 20%, La France elle, souffre d’un écart de 15%.

 

l’IACE en collaboration avec le programme régional “Intégration Economique des Femmes dans la région MENA”, commandé par le Ministre Fédéral de la Coopération Economique et du Développement Allemand et mis en œuvre par la Deutsche Gesellschaft für Internationale Zusammenarbeit (GIZ Tunisie), décrète donc, le 22 février comme journée de l’égalité salariale en Tunisie. Une première dans le monde Arabe.

 

L’Etude menée par l’IACE, a pour but premier, la sensibilisation des entreprises tunisiennes à l’intégration de la femme dans des postes de direction, notamment. Elle relève que cette intégration peut très bien constituer un facteur de compétitivité. Une force de travail considérable en plus.

L’analyse met en évidence qu’une partie de cet écart de salaire peut s’expliquer, notamment, par un univers de travail compartimenté et marqué par des professions réglées par genre. Il y aurait donc des professions masculines et d’autres typiquement féminines. Ces règles ancestrales de travail compartimenté par genre ne trouvent cependant aucun argument social ou économique qui puisse justifier la part discriminatoire de l’inégalité dans les salaires. Bien au contraire, les écarts de salaires et la discrimination salariale contreviennent à la Constitution et aux conventions internationales signées par la Tunisie.

 

Le président de l’IACE, Ahmed Bouzguenda, a lors de l’évènement qui a eu lieu au siège de l’institut, remarqué qu’en Tunisie, les femmes actives sur le marché de l’emploi ne constituent que 28% de la masse totale des employés et cadres. Sous-représentées dans la sphère décisionnelle et occupant des postes de support, elles perçoivent aujourd’hui clairement, moins que les hommes.

Le Président de l’Assemblée des Représentants du Peuple (ARP), Mohamed Ennaceur, présent également lors de la célébration au côté de Wided Bouchamaoui, présidente de l’UTICA, a déclaré son soutien à l’initiative soulignant le fait que la Tunisie est signataire de la « Convention 100 » de l’Organisation  Internationale du Travail (OIT), qui a été ratifié en 1951 et qui affirme le principe d’égalité de rémunération « pour un travail de valeur égale ». 

 

L’intégration de la femme dans l’entreprise passe par la reconnaissance de sa charge quotidienne, hors espace du travail. Cette réflexion faite, nous remarquons qu’aux Etats-Unis et dans les pays du nord de l’Europe, très avancés socialement, les entreprises ont adopté un comportement altruiste envers cette problématique. Des crèches, des services de livraisons de dîner à domicile après le travail ont été installés au sein des entreprises. Car c’est à travers ces facilités que la femme peut avoir un rendement égal, voir supérieur à celui de l’homme lors d’une journée normale de travail.

En Suède, un congé maternité dure 2 ans, en Tunisie, 3 mois. Des actions sont actuellement en cours pour doubler la période. « Devant ce constat, il nous faut sensibiliser la population et mettre le cadre légal adéquat » a fait remarquer M. Bouzguenda lors de la conférence.

 

L’équipementier automobile Valeo, aujourd’hui présent en Tunisie, emploie 1900 personnes dont 43% sont des femmes. Un de ces représentants, également présent dans la salle, a expliqué que l’entreprise s’inscrit pleinement dans cette volonté de parité. « A part les postes de direction, nous avons également féminisé les postes à col bleu. L’entreprise compte en effet parmi ces techniciens en maintenance, des femmes. Au début cela paressait étrange, mais avec le temps, les opérateurs se sont habitués. Ils demandent même, parfois, des femmes techniciens, pour remettre en état leurs machines ».

Bien entendu, il s’agit ici d’entreprises structurées. Qui ne sont pas très représentatives des PME tunisiennes, mais ce partage d’expérience associé à un vrai travail de sensibilisation pourrait donner ces fruits. Car les entreprises auraient tout à y gagner.

 

Plusieurs études ont démontré, en effet, une corrélation entre le taux d'encadrement féminin des sociétés et leurs performances économiques. Ce constat est né aux Etats-Unis dans les années 1970, grâce aux travaux de nombreux chercheurs et sociologues. Pour la France, il a fallu attendre l'étude du cabinet McKinsey & Company de 2007 (Women Matter), pour relier les bonnes performances d’une entreprise à la présence de femmes dans des positions de décisions.

 

Les femmes tunisiennes ont depuis l’Indépendance, acquis des droits en avance sur les pays arabes, ce qui permet à la Tunisie d’aujourd’hui, d’avoir un score honorable dans le « ranking » mondial de l’égalité entre genres.

La présidente de l’UTICA, Wided Bouchamaoui, a parlé en tant que femme, que chef de d’entreprise et présidente d’une organisation que nul n’oserait mettre en doute son poids, pour rappeler qu’il reste encore du chemin à faire pour la femme tunisienne, tout en saluant la femme rurale.

 

Deux mois séparent donc, l’année salariale des femmes de celle des hommes, en attendant que cet écart soit réduit à zéros jours, nous souhaitons une bonne année à la femme tunisienne, car pour elles nous sommes aujourd'hui le 1er janvier !

 

23/02/2017 | 19:59
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Commentaires (3)

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G&G
| 24-02-2017 14:58
Il n'y a pas de barème sélectif des salaires ni dans la fonction publique ni dans le secteur privé.
La femme bosse beaucoup plus. Ca c'est vrai mais il n'ya jamais eu de barème par sexe. C'est interdit par le code du travail tunisien. en France on parle de l'exemple tunisien dans l'égalité entre les sexes. Chez eux, l' enseignante est payée moins que l'enseignant.

Kelmet Hak
| 24-02-2017 12:55
La femme tunisienne a sûrement acquis la ferveur de réussir ses études; d'où le fort taux de réussite des filles aux universités. Mais dans le domaine professionnel, étatique ou privé, une femme doit s'investir et travailler beaucoup plus que les hommes pour accéder aux postes de décision et d'obtenir un salaire et des avantages similaires.
La situation de la femme tunisienne est pire dans le domaine politique où les nominations se font sur la base des affinités personnelles et sur l'appartenance aux partis politiques au pouvoir, et non pas sur les compétences. Comment, dans ce cas, garantir l'égalité des chances entre hommes et femmes dans la transparence? En fait, la parité ne s'offre pas, elle se gagne par la compétence entre hommes et femmes à égales chances!
Les finances et les caisses sociales considèrent la mère tunisienne comme étant célibataire car c'est le père tuteur qui prend les enfants en charge. Il est évident que les femmes investissent dans la famille et participent à son budget. Les caisses sociales ne permettent pas à la femme tunisienne prendre en charge ses parents. Or, celle-ci est fortement impliquée dans l'entretien de sa large famille et la loi doit l'aider dans sa noble action.
Il est important de donner une attention spéciale aux mères de familles qui ne travaillent pas. Ces mères passent leurs vies à s'occuper des foyers, à élever les enfants et les petits-enfants. Il est désolant d'indiquer sur les cartes d'identité de ces mères «sans emploi» et de les laisser en marge de la société. Il est impératif d'instaurer un système qui valorise le rôle des mères au foyer et qui reconnaît leurs efforts. Un appel à créer une caisse pour servir des «primes» et des retraites à ces mères, surtout dans le cas où elles sont dans le besoin.