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Effet domino dans la Santé : les réserves de médicaments s’évaporent
28/03/2018 | 19:59
4 min
Effet domino dans la Santé : les réserves de médicaments s’évaporent

 

L’énorme trou causé par les caisses sociales dans le budget de l’Etat n’est pas la seule conséquence d’une réforme qui tarde à prendre place. Hier 27 mars 2018, à la suite d’une réunion extraordinaire du syndicat de la pharmacie centrale de Tunisie, les cadres de l’entreprise ont annoncé que la réserve de médicaments du pays a été estimée à un peu plus d’un mois. Une situation des plus précaires, qui oblige le personnel de l’unique fournisseur de médicaments du pays à aller vers la grève « si rien n’est fait ! ». Comment en sommes-nous arrivés là ?

 

Lors de la réunion d’hier, le secrétaire général de la Fédération de la santé, Sofiane Dalleji a alerté sur « l’effet domino » qui est en train de prendre forme. « Les impayés de la CNSS et des hôpitaux publics envers la PCT, s’élèvent à 800 MD ! Une situation qui fait que la Pharmacie Centrale (PCT) n’arrive plus à payer ses fournisseurs externes qui refusent maintenant de la renflouer » a-t-il en effet déclaré, en demandant l’intervention du gouvernement afin qu’une sortie de crise puisse être trouvée.

Interrogé sur la question par des radios locales, le ministre de la Santé, Imed Hammami, a affirmé que « des laboratoires étrangers se sont réunis la semaine dernière et ont failli mettre la PCT dans une liste noire. Ainsi, il a fallu réagir rapidement avec le ministère des Finances et les banques de la place pour que l’établissement puisse contracter un prêt et payer ses dus. Ce black-listage pourrait avoir des conséquences catastrophiques sur l’approvisionnement de médicaments vitaux tels que l’insuline ou encore les anticoagulants ».

 

Quelques jours plutôt, le 24 mars, Imed Hammami révélait sur Mosaïque FM que les dossiers de corruption dans son ministère se comptent par dizaines. Une corruption généralisée qui toucherait, en premier lieu, les stocks de médicaments aussi bien dans les structures publiques que dans le privé.

« Ces affaires de corruption concerneraient la vente, dans des pays voisins, de médicaments subventionnés par l’Etat et destinés aux patients tunisiens mais aussi l’utilisation de produits périmés et des vols importants dans les entrepôts et les hôpitaux » a-t-il dit.

 

Le Mouvement citoyen « Fourmiz », initié par des professionnels de la santé pour dénoncer la corruption dans le domaine, a pendant la journée d’hier, 27 mars, publié un communiqué où ces membres expliquent que l’alerte a été donnée il y a des mois. « Nous avons, depuis des mois, alerté sur le problème du manque de médicaments, manque qui touche parfois des produits vitaux pour lesquels les alternatives thérapeutiques sont limitées, voire inexistantes » peut-on lire.

Dans ce communiqué qui prend plus l’allure d’un rapport, « Fourmiz » parle de « mauvaise gouvernance » au sein de la CNAM et des hôpitaux publics, de vols de médicaments vitaux, souvent subventionnés et suggère « une priorisation du paiement de la PCT dans le budget des hôpitaux qui aujourd’hui privilégient les fournisseurs privés de dispositifs médicaux au dépend de la PCT, en attendant des solutions de fond aussi bien pour les hôpitaux que pour la CNAM ». Le collectif évoque, en outre, « l’importance de sécuriser le circuit des médicaments, de revoir la traçabilité des remboursements et de mettre à jour le système de facturation entre CNAM, Etat et sociétés d’assurances ».

A l’issue de la réunion d’hier, le secrétaire général de la Fédération de la santé, Sofiane Dalleji, a également déploré le non-respect de l’accord issu du conseil ministériel, tenu le 6 novembre 2017 et où la CNAM s’est engagée à verser une somme mensuelle de 33,8 MD à la PCT. L’accord, non respecté, prévoit en outre un versement supplémentaire de 10 MD mensuels de la part des hôpitaux publics. En pratique, la PCT n’aurait perçu, jusque-là, que 38 MD, alors que ses dettes auprès des laboratoires pharmaceutiques étrangers s’élèvent à 249 MD. Dans son discours, M. Dallegi a finalement accusé des « lobbies » de chercher à s’emparer de la PCT, ce qui ferait exploser le prix des médicaments dans le pays.

 

Depuis 2011, tous les responsables du secteur de la santé, sans exception, n’ont cessé de parler de « corruption » et de « lobbies » qui cherchent à détruire le secteur afin que sa privatisation puisse avoir lieu. Au jour d’aujourd’hui aucune action concrète n’a été mise en place pour mettre à mal l’effritement du secteur. La dégringolade rapide du dinar amorcée avec la ministre des Finances, Lamia Zribi, n’a pas arrangé les choses.

Imed Hammami assure cependant, en cette fin mars 2018, qu’une « collaboration accrue entre son ministère et la Justice est en place ». Ce qui devrait logiquement induire à l’arrestation de nombreuses personnes pendant les mois à venir.

 

Sofiène Ahres

 

 

 

 

 

 

 

 

 

28/03/2018 | 19:59
4 min
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Commentaires (4)

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DHEJ
| 30-03-2018 09:07
Eliminer les anciens fournisseurs avec leurs intermédiaires pour implanter de nouveaux intermédiaires de nouveaux fournisseurs?


La Turquie?

La Chine?


C'est une bataille commerciale pour conquérir le marché je présume!

C Prévisible
| 30-03-2018 01:49
Faites revenir Said Aidi, il avait tout vu et revu , dénoncer les voleurs et corrompus
Maintenant trinquez et avalez la sekkina bi dammiha

YALLATTIF
| 29-03-2018 07:42
Tout s'évapore. Médicaments, Pétrole, Dinars Tunisien, Eau, Argent, Sel, Or, Phosphate, Education, Tourisme, Compétence, Administration, Agricultures, Transports'?'?'?'?'?'?'?'?'?'?'?'?'et enfin l'être Humain.

DHEJ
| 28-03-2018 20:11
La santé est un droit pour tous.


Et ton GAMIN a réussi nen déplaise à TABBOUBI!