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Chroniques
Écoles, prédicateurs et politiques
Par Synda Tajine
15/01/2019 | 17:29
3 min
Écoles, prédicateurs et politiques

 

C’est vrai que nos enfants manquent de culture.

De culture religieuse en premier lieu. Dès le jardin d’enfants, on leur propose des clubs pour la récitation du Coran, on leur parle de Dieu qui nous punira si nous ne sommes pas de bonnes personnes et de l’Enfer, dans lequel on brûlera pour nos pêchés. Ou alors on les met dans des Kotteb (écoles d’enseignement du coran), qui leur apprennent la discipline et la rigueur, dit-on, comme l’ont été nos pères, nos grands-pères et nos arrière grands-pères.

Ils manquent aussi de culture civique et politique. C’est pour ça qu’on importe des émissions télé chez nous pour apprendre aux enfants que tel homme politique est méchant et que certains veulent sa peau et d’en profiter pour régler ses comptes face à une classe d’enfants âgés entre 8 et 12 ans.

 

L’émission « La Classe » qui a invité lors de son premier épisode Lazhar Akremi n’a pas été suffisamment critiquée à mon avis. Qu’on implique les enfants dans les affaires politiques du pays est, en théorie, une bonne chose. On leur apprend les fondements de la démocratie, l’importance des élections, la nécessité de choisir leurs représentants, les règles qui régissent un Etat de droit.

Mais au lieu de leur parler de droits de l’homme, d’égalité, de démocratie et de grands principes moraux, on leur montre que la politique n’est faite que de bas calculs et de vils règlements de compte. Si dans la triste réalité, c’est exactement de ça qu’il s’agit, on aurait aimé que nos enfants ne reproduisent pas le même chemin. Qu’elles, ou ils - pour ceux qui le souhaitent du moins - deviennent des femmes et des hommes politiques responsables, patriotes et au-dessus de ces lâches calculs qui ne servent aucun intérêt. Pas même les leurs.

 

Il y a tellement de choses à apprendre aux enfants aujourd’hui. Comment servir leur pays en travaillant très dur et en choisissant les métiers dans lesquels on excelle pour donner le meilleur de soi-même. Comment ne pas abandonner leur pays au moment où il a le plus besoin de leurs compétences, comment chercher le meilleur moyen pour le servir et tout essayer avant de baisser les bras et partir là où l’herbe est plus verte. Comment être un bon citoyen, comment protéger les biens publics, comment faire fructifier les richesses nationales, comment donner l’exemple, rendre les autres fiers d’être Tunisiens et représenter au mieux son pays aux yeux du monde. Comment faire de l’homme ou de la femme politique un citoyen responsable, qui sert les intérêts de son pays et non seulement les siens, qui sache tirer le meilleur de chaque situation et non l’empirer.

Au-lieu de cela, on transmet ces complexes et ces défaillances à nos enfants, on les marque de la morosité ambiante, on en fait des adultes aussi vides et aussi improductifs que ceux dont on se plaint aujourd’hui. On plante en eux la haine et la rancœur ou on les élève dans la peur et la crainte. On leur parle d’enfants qui sont morts alors qu’ils ont négligé leurs prières. On leur explique que même-eux ne sont pas des êtres purs et innocents et qu’ils pourriront en enfer s’ils commettent des pêchés sans avoir eu l’occasion de s’en repentir.

 

De tels enseignements prodigués aux enfants n’ont pas choqué outre-mesure. Le directeur d’école qui joue aux prédicateurs et met en garde les enfants après le décès (tragique) d’une de leurs amies. L’homme politique qui profère des propos racistes alors que le Parlement a voté une loi criminalisant les attaques racistes en octobre dernier. Lazhar Akremi a, en effet, expliqué à une classe d’enfants du primaire que Borhène Bsaies a été libéré car il est « blanc, propre et beau » ce qui a fait que le président de la République « a eu pitié de lui ».

 

Les élites du pays – directeurs d’établissements éducatifs et hommes politiques – sont censés représenter des exemples, des mentors et des inspirateurs. Mais que faut-il penser lorsque ces derniers usent de leur fanatisme, ou de leurs gamineries, pour influencer des enfants en mal de figures ?

 

Par Synda Tajine
15/01/2019 | 17:29
3 min
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Commentaires (4)

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jilani
| 16-01-2019 11:10
Deux jeunes ont été braqués dans leur voiture par 2 voyous à minuit sur la route de Gammarth devant le district de la police, ils les ont frappés par des barres de fer, un jeune a failli perdre son '?il, la police n'a pas réagi, une fois entré au district, un des voyous est un ami du chef de police, Ils ont été intimidé pour ne pas déposer une plainte sinon ils vont traduire l'incident comme une bagarre entre jeunes, les voyous sont ainsi libérés. Comment vivre dans ce pays, même l'enfer parait meilleur.

mansour
| 16-01-2019 00:04
pour utiliser comme Lazhar Akremi(du bloc de la coalition nationale de Youssef Chahed) les élèves(des enfants) comme des pions pour leur propre avantage et atteindre des objectifs politiques pour imposer Youssef Chahed comme model de même pour les islamistes freres musulmans salafistes d'Ennahdha qui utilisent l'éducation religieuse pour endoctriner les élèves(des enfants)

Cassius Clay
| 15-01-2019 20:33
s'il y a une chose que les terroristes et les mafieux partagent le plus dans ce pays, c'est bien le manque d'éducation. on est plus exigeant avec ceux qui brandissent le Coran parce qu'ils sont censés inculquer la vertu et qu'en réalité ils s'en servent pour préserver des intérêts qui n'ont rien de céleste.quant aux autres, ils ne sont ni modernistes, ni laics, même s'ils prétendent l'être. Chacun fait tourner le beurre dans la poêle comme il peut...

Microbio
| 15-01-2019 18:24
La démocratie n'est pas un projet.

Les besoins d'apprentissage de la démocratie devraient être plus clairs, pas seulement l'enseignement comme discipline scolaire. En participant à des projets internes et externes, des espaces d'expérience pour une action démocratique et des possibilités de conception pour les étudiants devons être
proposés. Ici, les étudiants peuvent essayer sans pression, se présenter à différents acteurs et travailler ensemble. Ils apprennent que leurs actions sont efficaces et gagnent en reconnaissance.