Donald Trump : une victoire hilarante !
Expliquer une blague lui enlève tout humour. C’est la même chose quand on tente d’expliquer la victoire de Donald Trump aux élections américaines. Il n’y a pas à philosopher, le 45ème président des Etats-Unis est un odieux personnage, raciste, homophobe et imbu de lui-même.
Pourtant, c’est lui qui a gagné. C’est plutôt Hilary Clinton qui a perdu. Ce serait une erreur de considérer les électeurs de Trump comme des débiles ou des idiots qui ne savent pas ce qu’ils font. Ils ont choisi l’aventure, le risque, un pseudo-renouvellement en votant pour le milliardaire à mèche et ils ont décidé de tourner le dos à la représentante de l’establishment, de la « tradition ». Ils ont voté « contre » plutôt que « pour ». Il s’agit là d’un vote contestataire, un vote de rejet de formules qui ne marchent pas, de discours stériles et de politiques inefficaces. Trump fera-t-il mieux ? Rien n’est moins sûr, mais il est « nouveau », et c’est tout ce qui compte.
Les élites mondiales ont exprimé leur rejet de Trump, il a même été insulté à certaines occasions non sans raisons. Mais il aura résisté, non pas parce qu’il est un politicien aguerri, mais parce qu’il a porté la voix du dégoût, du ras-le-bol. Et c’est sur une monumentale gueule de bois que les élites se réveillent aujourd’hui. Elles ont peur de ce que pourrait faire ce fantasque président à la tête de la première puissance mondiale.
S’il fait ce qu’il a promis de faire, l’Amérique sera barricadée, encerclée par des murs, physiques parfois. La présence américaine en dehors des frontières sera fortifiée et l’impérialisme américain retrouvera ses années de gloire. De plus, les Républicains ont raflé la mise au Congrès, ce qui donnera au président une liberté de manœuvre non négligeable.
La victoire de Donald Trump est celle de tous les réactionnaires. Elle s’inscrit dans la droite lignée du Brexit, de la montée un peu partout en Europe de l’extrême droite, de l’expansion de l’extrémisme religieux. C’est la victoire de l’anti-establishment, la défaite d’élites coupées des réalités quotidiennes des gens. Donald Trump incarne aujourd’hui cette Amérique souverainiste qu’il s’attellera à rendre « great », comme le dit son slogan de campagne. Donald Trump est devenu, en une nuit, l’incarnation de la colère.
Comme Hitler ou Mussolini, Donald Trump est le résultat du rejet, du ras-le-bol et surtout, de la crise. La crise financière qui rend la vie quotidienne difficile, la crise de valeurs où l’on se rend compte que l’intérêt commun et les principes fondateurs n’ont plus aucune importance, la crise de confiance envers une élite et des gouvernants qui trahissent leurs peuples un peu partout dans le monde, et la Tunisie n’en est pas exclue.
Quand Donald Trump avait annoncé sa candidature à la présidence américaine, beaucoup ont ri. C’était plus proche du gag que de la candidature sérieuse. Puis, à grands coups de milliards et de populisme à deux balles, Trump a fini par faire son chemin et aujourd’hui, il est à la Maison Blanche.
C’était une blague, cette candidature, mais puisqu’elle nous est expliquée aujourd’hui, elle ne fait plus rire personne. Le danger est que cette victoire de Donald Trump donne le départ des victoires des fascismes de tous bords. Des élections sont prévues dans d’autres pays, dont la France en 2017, et l’on se dira à ce moment-là : « Trump l’a fait, alors pourquoi pas ? ».