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Deux journées noires pour les banques en 2018 !
02/01/2019 | 21:03
5 min
Deux journées noires pour les banques en 2018 !

 

L’univers boursier est très sensible, toute décision ou même simple rumeur peut avoir des conséquences néfastes. Le secteur bancaire en a été victime à deux reprises au cours de l’année 2018 ce qui s’est soldé par le repli de presque la moitié de sa performance (-22,16%) pour les quatre derniers mois de l’année écoulée. Focus.

 

Le secteur bancaire avait bien commencé l’année. Les 12 banques cotées en bourse ont réalisé un produit net bancaire (PNB) cumulé, en progression de 18,2% avec 2,96 milliards de dinars, contre 2,501 milliards de dinars durant les neufs premiers mois de 2018. En contrepartie, l’indice sectoriel a enregistré une performance plus importante à la clôture du troisième trimestre 2018, avec une hausse de +28,62%.

Mais deux journées ont tout changé et l’indice sectoriel a enregistré une hausse de seulement 10,59% fin 2018.

 

 

La première journée est celle du 5 septembre 2018 où près de 305 MD de dinars de valorisation d’établissements bancaires se sont évaporés. En effet, des baisses importantes ont été constatées pour la majorité des actions des banques tunisiennes, avec -4,06% pour l’UIB, -3,63% pour la BH, -3,58% pour la Biat, -3,16% pour la BNA, -3% pour la STB , -2,03% pour Attijari bank, -1,46% pour l’Amen Bank, -1,17% pour la BT et -0,72% pour Wifak bank. En cause, une information qui a circulé dans le milieu boursier et bancaire qui affirme que l’Etat va réduire les marges des banques dans certaines opérations que le seuil autorisé pour le financement des BTA (bons de trésors assimilables) va être désormais de 40% au lieu de 60% actuellement. Les fameux bons qui ont garanti, en 2017, d’excellents résultats pour les banques tunisiennes.

 

 

Deux jours plus tard, la Banque centrale a dû expliquer sa décision de mettre en place une nouvelle répartition des contreparties du refinancement qui exige une quotité fixe de 40% sous forme de titres publics négociables et 60 % en créances bancaires, et ceci à partir de la fameuse date du 5 septembre où le marché s’est emballé. L’objectif étant d’orienter davantage les banques vers le financement des secteurs productifs, de soutenir la croissance et de rationaliser le recours excessif au refinancement auprès de la Banque Centrale de Tunisie (BCT).

 

La deuxième journée boursière noire pour les banques est indéniablement celle du 10 décembre : c’est près de 452 millions de dinars de valorisation qui sont partis en fumée le Tunindex s’est rétrogradé de 2,73% à 7 197,02 points.

 

 

Pratiquement toutes les banques ayant enregistré une chute brutale de leur cours. La Biat et l’UIB ont ainsi enregistré une baisse de 6,08%, la BT (-6,00%), Attijari Bank (-4,92%), la BH (-4,74%), la STB (-4,28%), la BNA (-1,97%) et l’Amen Bank (-1,09%). La seule miraculée qui a enregistré une hausse est l’ATB (+0,27%).

 

 

La raison de cette réaction négative du marché, une loi votée un jour auparavant et qui a affolé le marché, est celle de l’adoption d’une contribution exceptionnelle de 1% du chiffre d’affaires pour les banques, les assurances, les opérateurs télécoms et les sociétés actives dans le domaine du pétrole et des hydrocarbures, destinée aux caisses sociales et applicable à partir du 1er janvier 2019.

Derrière cet article populiste de la Loi de finances 2019, le courant démocratique (Attayar) qui a proposé cette loi sans aucune étude d’impact. En effet, plusieurs experts ont affirmé que ce 1% de CA serait de l’ordre de 20% sur le bénéfice ajouté aux 35% d’IS que doivent déjà payer les banques à l’Etat. L’addition est simple : plus de la moitié du bénéfice irai à l’Etat et aux caisses sociales.

Ainsi, la réaction du marché ne s’est pas fait attendre, la sanction a été immédiate et si l’Assemblée des représentants des peuples n’a pas reporté cette disposition d’un an un jour après, les conséquences auraient été très graves. Le tout sachant qu’Attayar a visé par cette loi tous les secteurs encore productifs et qui sont entrain de drainer les caisses de l’Etat, d’investir et de créer de l’emploi.

Le report de cette disposition a été immédiatement récompensé. La majorité des actions des banques ayant renoué avec le vert le lendemain.

 

D’ailleurs, le porte-parole du gouvernement Iyed Dahmani ne s’est pas privé de critiquer les mesures populistes de la LF 2019 et qui ont de graves conséquences sur l’économie, citant en particulier celle de la contribution exceptionnelle et dont ses répercussions ont été immédiates, avec des pertes en bourse de 500 millions de dinars en un seul jour.

«Le chiffres d’affaires ne signifie pas des bénéfices. Une société peut faire 10 MD de chiffres d’affaires tout en étant déficitaire : ce n’est pas de l’équité fiscale d’imposer un impôt sur le chiffre d’affaires. En plus, lorsqu’on augmente les impôts, c’est le consommateur final qui va les payer. Or le chef du gouvernement avait promis de préserver le pourvoir d’achat et une amnistie fiscale en 2019», a-t-il martelé.

 

Bien que la situation économique de la Tunisie soit en train de reprendre des couleurs, elle reste assez délicate. C’est pour cette raison que prendre la décision adéquate au moment opportun devient capital. Les politiques devraient garder en tête l’intérêt suprême du pays, en s’écartant des actions populistes qui ne servent que leur propre intérêt. A bon entendeur.

 

Imen NOUIRA

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Commentaires (1)

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| 03-01-2019 09:25
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B.N : Merci d'avoir attiré notre attention