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Un Aïd au grand bonheur du marché informel !
04/06/2019 | 16:49
5 min
Un Aïd au grand bonheur du marché informel !

Outre sa dimension religieuse et spirituelle, la célébration de l’Aïd el-Fitr est une tradition ancrée dans notre société. Une fête qui s’adresse essentiellement aux enfants, elle vient les égayer pendant quelques jours avec les vêtements et jouets qui leur sont offerts à cette occasion. Cependant, la vigilance est de mise lors de l’achat de ces cadeaux vu les multiples risques de tout genre que ces petits pourraient encourir.

 

Depuis la deuxième quinzaine du mois de Ramadan jusqu’à la veille de l’Aïd El Fitr, les différentes boutiques notamment celles des vêtements et des jouets témoignaient d’une énorme affluence. Les parents, soucieux de faire plaisir à leurs enfants, se sont mobilisés pour l’achat des habits et des jouets à l’occasion de cette fête.

 

Toutefois, devant une hausse notable des prix de ces produits et devant l’obligation de célébrer la fin du mois de jeûne comme il se doit dans la société tunisienne, ces parents se trouvaient contraints à trouver refuge dans l’achat des vêtements d’occasion, l’achat en ligne ou encore le marché parallèle où les produits de contrebande sont abondants avec des prix attractifs.

Un choix adéquat pour ces parents qui ne sont pas prêts à dépenser une fortune pour garder cette tradition de l’Aïd El Fitr et apporter de la joie à leurs enfants.

 

Environ 60% des parents achètent ces habits et ces jouets des circuits de commerce informel contre 40% qui se les procurent dans les espaces formels, flambée des prix exige, dans une société de consommation comme la nôtre.

 

Ces produits, bien que leur source soit inconnue et leur conformité avec les normes de sécurité loin d'être garantie, représentent l’alternative parfaite devant des prix exorbitants, voire aberrants.

Une alternative imposée face à la crise économique qui secoue la Tunisie depuis quelques années avec la hausse du taux d’inflation, l’augmentation de la dette extérieure, la dépréciation du dinar et l’aggravation du déficit commercial.

 

Qu’ils soient vendeurs ambulants ou étals anarchiques où les commerçants des trottoirs squattent essentiellement les bords des routes ou les trottoirs en face des centres commerciaux, ils semblent offrir au Tunisien ce dont il a besoin avec des prix abordables et un large choix.

 

Un commerce illicite, conformément à l’arrêté ministériel fixant les conditions et les procédures de l’exercice de l’activité du commerce du détail ambulant, mais qui subsiste et prolifère en dépit de l’intensification des efforts du gouvernement dans sa lutte acharnée contre la contrebande et la vente irrégulière. Ces efforts, quoique nécessaires devant une situation qui dégénère et est devenue ingérable, ont parfois été contestés et des cas d’agression des agents de contrôle économique ont été enregistrés.

 

Une équipe de contrôle économique a été en effet violemment agressée à Boumhel dans la banlieue sud de Tunis. Une agent a été agressée physiquement par un épicier ayant refusé de lui fournir les factures attestant de la provenance des produits vendus alors qu’un autre agent a été violenté, au même moment par un boucher du même quartier.

 

La scène a été filmée et la vidéo est devenue virale sur la toile. Le chef de l’équipe de contrôle économique qui a filmé cette scène n’a pas pu, lui aussi, échapper aux attaques. Un individu s’est approché et a cassé la vitre de sa voiture avant de s’en prendre à lui physiquement.

 

Le ministère public a ouvert une enquête suite à cet incident en vue d’arrêter les agresseurs et les traduire en justice. Deux autres marchands exerçant dans le gouvernorat de Zaghouan ont également été condamnés à un an de prison ferme par le Tribunal de première instance de la région pour avoir agressé un agent de contrôle économique le 1er jour de Ramadan lors d’une campagne d’inspection.

 

Devant la multiplication de ces assauts, les agents de contrôle économique ont observé une marche de protestation  devant le ministère du Commerce. Une marche qui avait pour but de revendiquer une protection contre les agressions physiques et verbales perpétrées à leur encontre. Ils ont, par ailleurs, appelé le département à prendre en charge les agents blessés en assurant le paiement des frais médicaux.

Outre la contribution à la prospérité du marché parallèle et la dégradation de l’économie nationale, les vêtements mais surtout les jouets présentent un risque sanitaire redoutable. Regorgeant de substances chimiques néfastes sur la santé, ces jouets compromettent le bien-être des enfants d’autant plus que leur origine et leur composition sont inconnues.

L’Agence nationale de contrôle sanitaire et environnemental des produits (ANCESP) a mis en garde contre certains jouets commercialisés contenant des matières chimiques cancérogènes ainsi que des substances dangereuses comme le plomb et le cadmium ou encore les phtalates engendrant éventuellement l’insuffisance rénale et des maladies respiratoires et d’autres troubles de la santé.

 

Les pétards et les pistolets à balles peuvent, de surcroît, entraîner des blessures au niveau de l’œil et de l’oreille ainsi que des brûlures cutanées. Certains jouets comportent aussi un liquide toxique pouvant provoquer des étouffements, des nausées et des inflammations.

 

Les jeux composés d’angles pointus ou tranchants et ceux facilement cassables et qui s’effritent rapidement sont aussi déconseillés aux enfants d’autant plus que ces jouets sont, souvent, inadaptés à l’âge de l’enfant.

 

En tout état de cause, les fêtes, particulièrement religieuses, constituent une opportunité pour retisser les liens sociaux et consolider notamment les liens familiaux. Une célébration conviviale d’amour, d’unité, de solidarité et de charité qui ne devrait pas être gâchée par de mauvais choix. Des choix, anodins aux yeux de certains mais qui mettraient en péril la santé et la vie même de nos enfants et ce indépendamment de leur impact nuisible à l’échelle économique en alimentant davantage le marché parallèle.

 

Boutheïna Laâtar


04/06/2019 | 16:49
5 min
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Commentaires (2)

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Expert
| 05-06-2019 18:51
Tant que nos politiciens sont achetés par des centaines de milliers d'Euros sonnants et trébuchants, le marché parallèle a de merveilleux jours devant lui. D'ici peu il ne représentera plus 50% du PNB mais 80% et nous serons tous heureux d'annoncer, tambours battants, la Somalisation de la Tunisie. La question ne sera plus alors celle de savoir si on besoin de plus de gouvernement ou moins de gouvernement...pare ce que la réponse s'imposera d'elle même: il n'y aura plus de gouvernement, parce qu'il n'y aura plus d'économie à gérer, à part le secteur j publique qui aurait disparu d'ici là!!

DHEJ
| 04-06-2019 20:13
Vivement le // pour ne pas supporter le vol d'argent par un et...at voleur et injuste!