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AGO-UBCI : Le désengagement de BNP Paribas au cœur des débats
24/04/2019 | 20:46
7 min
AGO-UBCI : Le désengagement de BNP Paribas au cœur des débats

Malgré une conjoncture économique difficile, l'Union Bancaire du Commerce et de l'Industrie (UBCI), filiale du groupe français BNP Paribas, finit l’exercice 2018 des résultats au vert et un bénéfice en hausse. De quoi ravir les actionnaires qui auront droit à un dividende en hausse. Ceci dit, le désengagement du groupe français BNP Paribas de l’UBCI faisait partie du débat et suscitait l’inquiétude des petits porteurs, notamment en ce qui concerne l’identité de l’acquéreur.

 

C’est globalement ce qui ressort de l’assemblée générale ordinaire de la banque qui s’est tenue, ce mercredi 24 avril 2019, présidée par Fathi Mestiri, président du Conseil d’administration, et Pierre Bergovoy, directeur général de la banque.

 

 

 

L’UBCI a clôturé l’année 2018 avec un résultat net en hausse de 20,8%, passant de 40,52 millions de dinars (MD) fin 2017 à 47,75 MD fin 2018, malgré une contribution au fonds de garantie des dépôts bancaires de 6,18 MD, une contribution conjoncturelle exceptionnelle de 3,5 MD et 31,44 MD d’impôt. Les actionnaires auront droit cette année à un dividende de 1,200 dinar par action, en hausse de 20% et représentant près de 50% du résultat net après impôt, mis en paiement à partir du 3 mai 2019. Le Produit net bancaire (PNB) a atteint 228,40 MD (+14%).

 

L’encours des dépôts de la clientèle a augmenté de 7,21%, situé à 2.625,69 MD et des créances sur la clientèle sont restées stables atteignant les 2.754,15 MD. Hors contribution au fonds de garantie, le coefficient d’exploitation se serait situé à 60,5% en baisse par rapport à l’année dernière. Mais avec la nouvelle loi, il a atteint 63,2%

Côté ratios de gestion et de rentabilité, la banque termine son exercice 2018 avec un ROE (rentabilité des fonds propres) de 13,49%, un taux de créances accrochées de 6,1% et un taux de couverture des actifs classés de 80%.

 

 

Dans sa présentation, Pierre Bergovoy a évoqué la conjoncture économique difficile accompagnée d’un durcissement de la politique de la Banque centrale de Tunisie. Ainsi et selon lui, le pays présente toutes les caractéristiques de la stagflation (croissance faible, inflation record et chômage élevé) avec en plus des déséquilibres persistants (déficit budgétaire important, dette publique croissante, déficit commercial lourd et une dévalorisation du dinar). D’où l’adoption d’une politique restrictive de la BCT avec hausse de taux directeur, hausse de la décote sur créances éligibles de 25 à 30%, obligation d’avoir un collatéral composé de 60% de créances et 40% de BTA, mis en place de limite crédit sur impôt de 120%.

Avec sa gestion rigoureuse, l’UBCI n’a pas été obligée d’opérer des changements radicaux de sa stratégie. Pierre Bergovoy reconnait la banque comme toutes les autres par un taux de marché favorable et qui a été, selon ses propres termes «très profitable».

Les frais généraux ont augmenté de 18,1 MD, précise-t-il. Deux faits importants sont en cause : la contribution au fonds de garantie des dépôts de plus de 6 MD et une hausse des frais du personnel de plus de 10 MD expliquée par la politique de la banque en matière sociale ainsi que le départ anticipé de certains collaborateurs.

S’agissant du cours boursier, il a estimé qu’il ne reflète pas les performances réalisées ces dernières années.

 

 

Comme attendu, la première question posée –et bien d’autres– était celle qui trottait dans l’esprit de pratiquement toute l’assistance : quelles sont les avancées dans le dossier du désengagement du groupe français BNP Paribas de l’UBCI ? A-t-il trouvé repreneur ? Les rumeurs sont-elles fondées ?

A ceci Philippe Aguignier, représentant du groupe au sein de conseil, a répondu qu’il mesure les émotions provoquées par cette annonce, et qui étaient empreintes de surprise et/ou de colère. Et d’expliquer que «cette réflexion stratégique est un process naturel dans un groupe international diversifié comme la BNP Paribas, présent dans plus de 70 pays», en précisant que «très régulièrement le management se doit de revoir l’ensemble de son portefeuille d’activité de la banque et les géographies dans lesquelles elle opère», selon les caractéristiques des marchés, les perspectives, la profitabilité des opérations et l’adéquation de ces marchés avec les forces du groupe. Il a indiqué, dans ce cadre, qu’«il arrive régulièrement que BNP Paribas fasse le choix de se retirer ou de modifier les conditions de sa présence dans certains pays (sortie d’Egypte, réduction sensible de son activité à Hawaï (Etats Unis))».

 

 

 

M. Aguignier a noté que ce process par nature prend du temps. «C’est impossible à ce stade de dire quoi que ce soit sur l’issue du process ou sur le calendrier : c’est normal, c’est des choses compliquées», a-t-il soutenu. Et d’ajouter : «Il y a des discussions en cours aujourd’hui, certaines mentionnées. Mais toutes ces discussions en cours, il y a à chaque fois des accords de confidentialité qui empêchent de communiquer sur l’état d’avancement de ces discussions. Le jour où ces discussions aboutiront à une proposition ferme, cela sera communiqué au marché et à l’ensemble des actionnaires au moment approprié, dans le respect complet des réglementations sur les sociétés cotées. Aujourd’hui je ne peux pas vous en dire plus mais c’est un process et on ne peut prédire, si la chose doit évoluer, la forme exacte que ça prendra et à quel moment».

Philippe Aguignier est aussi revenu sur leur départ de la Tunisie : «Une des raisons, et il y a beaucoup de facteurs et je ne veux pas que mes propos soient interprétés comme désobligeants vis-à-vis la Tunisie, est que le marché bancaire tunisien est de taille relativement modeste, très concurrentiel et très fractionné. Il y a beaucoup de banques dans le pays pour un marché de cette taille. Le résultat est que nous UBCI, avons une part de marché relativement faible comparée à ce que nous avons dans d’autres marchés dans lesquels nous opérons. Ça a aussi des conséquences économiques, les réglementations qui s’appliquent à de grands groupes bancaires sont de plus en plus nombreuses, de plus en plus complexes et le besoin en capital est très fort. Ce développement réglementaire demande le déploiement d’outils qui peuvent être parfois sophistiqués et coûteux. Et évidemment dans un marché de cette taille, c’est plus compliqué. C’est aussi un facteur pris en compte».

Pour finir, le représentant de la BNP Paribas a souligné que jusqu’à ce que la cession soit effective, le groupe continuera sur sa lancée. « Nous sommes là et nous sommes très attachés à contribuer comme nous l’avons fait dans le passé au développement de l’UBCI», a-t-il martelé.

 

 

 

S’agissant des perspectives, le plan stratégique vise une croissance annuelle moyenne de 8,2% du PNB et de 6,8% des frais de gestion pour atteindre à l’horizon de 2021 respectivement 297 MD et 174 MD. En visant ces performances, le coefficient d’exploitation devrait atteindre 58,6%. L’objectif est d’atteindre un résultat net de 66 MD, avec une croissance annuelle moyenne de 10%.

Dans ce cadre, Pierre Bergovoy a indiqué que les perspectives sont conservatrices. «Nous pensons que les taux vont se stabiliser. Nous pensons aussi que le taux devrait être augmenté de quelques points supplémentaires pour régler l’ensemble des problématiques liées». Fathi Mestiri souligne, quant à lui, que les résultats du 1er trimestre 2019 dépassent le budget.

Imen NOUIRA

24/04/2019 | 20:46
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