L’attractivité régionale : On touche le fond et on creuse encore !
C’est un document qui en dit long sur les problèmes de notre économie ! Le 4ème rapport sur l’attractivité régionale publié par l’IACE au cours de cette semaine est très révélateur. Il classe le climat des affaires dans les 24 gouvernorats en se basant sur 9 piliers et les résultats sont assez parlants : le premier est moyen et le dernier est carrément médiocre ! Focus.
Pour la 4ème année consécutive, l’Institut arabe des chefs d'entreprises (IACE) a publié son rapport su l’attractivité régionale, qui permet de suivre l’évolution du climat des affaires dans les 24 gouvernorats, en attribuant à chaque gouvernorat un indice d’attractivité calculé sur la base de plusieurs critères, inspirés de rapports mondiaux comme le World Economic Forum et Doing Business.
L’indice élaboré par l’institut permet ainsi de mesurer la capacité d’un gouvernorat à offrir, aux investisseurs, les conditions qui les attirent pour s’implanter, se délocaliser ou encore lancer des projets. Ça va encore plus loin, les régions les plus cotées sont capables d’attirer non seulement les entreprises, mais aussi de créer de l’emploi et d’offrir un cadre de vie agréable qui encourage les familles à s’installer. Le contraire est bien sûr vrai.
Travailler sur l’amélioration de l’indice est tout un programme électoral, estiment ses concepteurs, ce qui est également vrai.
En effet, l’indice repose sur 9 piliers Institutions et gouvernance, infrastructure et urbanisation, santé, éducation et compétences, adoption des TIC, inclusion financière, marché du travail, dynamisme des affaires et innovation. Les scores vont de 0 à 10. Si le score est compris entre 8 et 10, le climat des affaires dans le gouvernorat en question est jugé «très satisfaisant», «assez satisfaisant» pour un score entre 6 et 8, «moyennement satisfaisant» entre 4 et 6, «peu satisfaisant» pour un score entre 2 et 4 et «pas du tout satisfaisant» pour un score entre 0 et 2.
Première révélation et pas des moindre : l’indice moyen du climat des affaires est de l’ordre de 3,2/10. Dans l’ensemble, le climat des affaires est jugé peu satisfaisant. Le gouvernorat de Kébili est en queue de peloton avec un indice de l’ordre de 1,7/10. L’unique gouvernorat offrant un climat d’affaires «pas du tout satisfaisant».
En tête du classement général, le gouvernorat de Tunis qui progresse de 0,27 point par rapport à 2017. Ceci dit, son score de 5,15/10 n’est que «moyennement satisfaisant», le comble pour la capitale du pays. Ses performances en terme de santé, de marché du travail ou l’inclusion financière sont satisfaisantes, en matière d’innovation, elle est classé 17ème avec un indice relativement faible qui est de 1,61/10.
Son bon score parait plus comme un fait de hasard qu’autre chose ! Ainsi, il apparait clair que c’est l’ensemble de la Tunisie qui est marginalisé et non pas des régions particulières et que si certaines arrivent à s’en sortir mieux c’est plutôt grâce à la chance, au travail et aux efforts du secteur privé. Autre fait important, seulement 5 gouvernorats ont un indice supérieur ou égal à 4, mais aucun ne se démarque, le premier a à peine la moyenne, ce qui est très révélateur !
Comme d’habitude certains gouvernorats sont mieux nantis que d’autres. Ainsi, à la deuxième place du classement général on retrouve Sfax avec un score de 4,5, suivi de Sousse (4,39), de Ben Arous (3,98), de l’Ariana (3,97) et de la Manouba (3,80).
Résultats par gouvernorats
Neuf gouvernorats sur les 24 ont enregistré une baisse de leur indice. Ceux de Mehdia et de Tozeur ont perdu 6 places chacun alors que Siliana et Zaghouan ont gagné chacun 7 places dans le classement général.
Point de vue pilier, a été attribué au gouvernorat de Tunis dans celui de la santé avec un score de 8,6, qui est essentiellement dû au nombre d’établissements publics et privés que rassemble la capitale et le nombre de lits dont elle dispose. La capitale reçoit aussi un 7,8 pour le marché de travail, ce qui est un peu logique, étant la région la plus dynamique du pays. Idem pour l’inclusion financière, où elle se voit attribuer un score de 6,9. Pour ce qui concerne le pilier Institutions et gouvernance ainsi que Infrastructure et urbanisation, c’est La Manouba qui se positionne en tête du peloton avec respectivement un score de 6,9 et de 3, et je dis bien 3 ! Pour l’éducation et compétences ainsi que l’innovation, c’est Sfax qui s’en sort le mieux avec respectivement un score de 4,8 et de 6,5.
Il est clair que des réformes de rupture doivent être entreprises pour améliorer le climat des affaires à travers la Tunisie. Les services fournis aux entreprises doivent être améliorés. Les chefs d’entreprises épinglent en particulier, ceux de la Steg avec un score 1,3, de l’Onas avec un score de 1,5, des transports publics avec un score de 1,09, des services d’hygiènes avec un score de 0,59, de création d’entreprises avec un score de 1,44 et la facilité de trouver des employés 2,82.
L’IACE a modifié sa méthodologie pour s’aligner sur celle adopté à l’internationale, certes le résultat est assez choquant et prouve l’ampleur des chantiers à entreprendre, mais bon avec ce rapport on sait au moins par où commencer !
Imen NOUIRA