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La République, entre monarchie et anarchie
24/07/2018 | 20:59
4 min
La République, entre monarchie et anarchie

 

Demain, mercredi 25 juillet 2018, la Tunisie fêtera le 61ème anniversaire de la République. Une République arrachée au sang des martyrs tombés sous l’occupation et à la force de la détermination des militants qui n’ont reculé devant rien pour récupérer un pays vendu aux Français. Aujourd’hui, l’heure est grave et ce précieux acquis est en souffrance. A force de tiraillements, d’appauvrissement de ses institutions, la République est plus que jamais affaiblie et menacée…

 

Le 25 juillet 1957, l’assemblée nationale constituante décidait l’abolition de la monarchie et l’instauration de la République. Habib Bourguiba est alors proclamé président de la République de Tunisie et entame avec l’ardeur qu’on lui connait les réformes qui feront du pays la « Suisse de l’Afrique ». Aujourd’hui, 7 ans après la révolution et l’avènement de la deuxième République, la Tunisie touche le fond et contre la liberté d'expression, a perdu tout ce qui a fait d’elle la perle de l’Afrique.

 

Si l’an dernier, nous assistions à la célébration de la République avec trois présidents souriants et complices. Cette année, les choses ne se passeront certainement pas comme ça. En cause, les intrigues qui secouent la cour du palais de Carthage et la guerre qui oppose le dauphin du chef de l’Etat, Hafedh Caïd Essebsi et son fils spirituel devenu illégitime, Youssef Chahed. Une guerre qui vient s’ajouter à un paysage économique et social dans la tourmente et à un constat édifiant de l’impuissance manifeste des institutions de la République.

 

Nous avions, à cette même occasion, évoqué l’an dernier la dispersion des pouvoirs et l’incompétence des personnes nommées à des postes de responsabilité. Rien n’a changé depuis, si ce n’est en pire. Avec un exécutif partagé en deux pouvoirs et un parlement de moins en moins crédible, les équilibres et les enjeux politiques priment sur ce qui n’est désormais qu’un slogan : la préservation des intérêts de la nation et donc de la République.

 

Avec un roi en fin de règne, influençable et vulnérable, tous les espoirs mais aussi tous les coups sont permis. La cour qui gravite autour de Béji Caïd Essebsi est semblable à celle qui a de tout temps accompagné tous les monarques. Divisée en camps soutenant un successeur contre l’autre, elle se livre une guerre sans merci. Entre un Youssef Chahed qui représente pour certains une stabilité politique nécessaire à l’avancement des réformes dans le pays, malgré la réussite relative de son bilan, et un Hafedh Caïd Essebsi pantin exploitable à souhait selon de nombreux observateurs, les cœurs, mais surtout, les intérêts balancent.

Viennent s’ajouter à cela les nombreux blocages dus principalement à l’incapacité du pouvoir législatif à voter des lois et installer définitivement des institutions piliers de la République. Le parlement en a donné l’exemple aujourd’hui en étant incapable d’élire les trois membres restants de la cour constitutionnelle. Pourtant, ce n’est pas le temps qui leur a manqué. Ce qui manque c’est tout simplement la bonne foi. Pris dans le cercle vicieux des tiraillements partisans tous les partis se sont accordés à ne pas se mettre d’accord peu importent les conséquences que cela peut avoir sur le pays. Avidité et égos surdimensionnés obligent ! Les lois elles-mêmes se sont avérées inapplicables car inspirées d’une constitution qui a péché par idéalisme et par précipitation. Encore un motif de blocage.

L’union nationale porteuse de tous les espoirs a fait place à une anarchie qui a mené à l’immobilisme, à l’heure où la Tunisie tire sa dernière cartouche pour se rattraper et retrouver une crédibilité ébranlée surtout par son instabilité politique. De l’Accord de Carthage, à l’Accord de Carthage 2, le chemin a été semé d’embûches. Armés de bâtons, les acteurs politiques bloquent toutes les roues et les discours ne sont plus que de vaines critiques qui ne changent rien à la vie de citoyens éberlués et impuissants. Privés d’eau, privés de lait, privés d’un pouvoir d’achat capable de leur offrir une vie digne, ils sont de plus en plus nombreux à être las des choses de la politique mais la révolte populaire commence à gronder et ne tardera pas à éclater si les choses continuent ainsi.

 

Ce n’est donc pas sous les meilleurs auspices que la fête de la République sera commémorée en 2018. Car la République n’est désormais que le joli mot qui vient signer une constitution, elle-même achevée dans la douleur, et qui pour nombreux ne veut plus rien dire. Dénuée de ce qui fait sa noblesse et trainée dans la boue, elle survit dans l’amertume des anciens, qui ont connu de près les sacrifices consentis pour la mériter. Pour un pays qui a connu l’occupation et l’oppression, le fait de ne pas protéger cet acquis très chèrement payé, est d’une absurdité affligeante. Heureusement que les commémorations sont là, pour que l’on s’en rappelle au moins une fois par an !

 

 

Myriam Ben Zineb

24/07/2018 | 20:59
4 min
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Commentaires (15)

Commenter

Microbio.
| 25-07-2018 17:19
ACHTUNG: Cela devrait être connu par notre président!

est adressé par le pseudo Microbio.

Cela devrait être connu par notre président!
| 25-07-2018 16:47
Surmonter, avertir, signaler les problèmes, proposer des solutions - Les discours sont les moyens les plus importants du président de la republique pour exercer une influence politique. Il est libéré de toute fonction gouvernementale. Bien que seulement sa signature fasse un projet de loi. Mais les propositions introduisent le gouvernement ou le parlement, le président lui-même ne peut légiférer.

La politique du jour ne fait pas explicitement partie des devoirs du président. En tant qu'organe constitutionnel suprême, il occupe une place au-delà de toute opposition politique. Qu'il n'appartienne «ni au gouvernement ni à un corps législatif du pays». Néanmoins, le président participe à la formation du gouvernement, après avoir consulté les factions de l'ARP, il propose un candidat à l'élection du ministre-président. Si un gouvernement perd sa majorité au parlement, le président peut dissoudre l'ARP. La nomination et la révocation des ministres sont également ses tâches - mais seulement à la suggestion du premier ministre.

Le président occupe une place importante surtout dans la politique étrangère: il représente la République en vertu du droit international et conclut des traités avec d'autres '?tats en son nom. Il reçoit et visite des politiciens étrangers, des chefs d'?tat et de gouvernement.


Corrigez-moi si j'ai oublié quelque chose et merci!


Mohamed 1
| 25-07-2018 13:38
J'ai entendu des extraits. Magnifique cours magistral de politique.
Futur BCE peut-être...

The Mirror
| 25-07-2018 12:55
- Le Parlement bloque le pays et les institutions du pays,
- Le Parlement n'apporte rien aux tunisiens,
- Le Parlement a prouvé son efficacité, son inutilité, et même son danger en tant que troisième Pouvoir,

Alors stop, on le dissout, on renvoie tout le monde au bercail et on appelle les tunisiens à des élections législatives anticipées.
Faites-le Monsieur le Président, si vous voulez sauver le pays, assumer votre rôle de Chef d'Etat et remettre tout le monde à sa place. Ce faisant, vous aurez très probablement une nouvelle majorité parlementaire, responsable, qui vous aidera dans la gestion du pays et qui vous mettra à l'abri de la mafia d'Ennahdha.
Toutes les autres solutions ont été essayées durant les sept dernières années et elles ont toutes échoué.
Monsieur le Président, oubliez un peu Nida Tounes et ses querelles internes, oubliez aussi les magouilles de Rached Guanouchi et pensez aux tunisiens, uniquement aux tunisiens. Tant que les tunisiens sont là, vous n'avez pas à vous soucier de Nida Tounes et vous n'avez pas à craindre les complots, les coups bas et les retournements de veste de Rached Guanouchi. Cet individu sera isolé par le peuple et rejeté dans les poubelles de l'Histoire.

Confusion entre colonialisme et république
| 25-07-2018 12:25
"les réformes qui feront du pays la « Suisse de l'Afrique ». Aujourd'hui, 7 ans après la révolution et l'avènement de la deuxième République, la Tunisie touche le fond et contre la liberté d'expression, a perdu tout ce qui a fait d'elle la perle de l'Afrique."

La Tunisie "Suisse de l'Afrique", est une exagération, un mythe, l'histoire républicaine de la Tunisie est une succession de dictateurs: de l'autocratisme, au régime policier, ensuite un régime mafieux pour enfin aboutir a l'anarchie. Le système ne marchait pas mais une minorité privilégie par le système était a l'abri et profitait. Si la Tunisie était vraiment la "Suisse de l'Afrique" l'insurrection populaire de 2010 n'aurait pas eu lieu.
Bourguiba ne voulait pas de république, mais un pouvoir personnel et une présidence a vie, Ben Ali a préféré le règne permanent et a voulu que sa femme ou son gendre hérite son poste, BCE veut installer son fils. On serait beaucoup mieux sans le coup d'état de Bourguiba contre la monarchie. La monarchie Husseinite déposée par Bourguiba a beaucoup donne au pays, le régime installe par Bourguiba n'est qu'une succession de déceptions. Les Beys ont aussi lutte contre le colonialisme, indépendance n'est pas l'effort individuel de Bourguiba. Mais la majorité des jeunes doutent la valeur de cette indépendance puisque leur seul espoir et rêve est de rejoindre l'Europe et la France, un rêve qui serait plus accessible si la Tunisie est restée colonisée.

A4
| 25-07-2018 11:57
5 ans déjà depuis l'assassinat de Mohamed Brahmi. Les assassins et commanditaires courent toujours ... à Montplaisir !

Pas roublard
| 25-07-2018 09:41
'? l'entendre, Il a gardé toute sa lucidité, toute son punch. Il ne badine pas avec les vraies valeurs. Et ce qui frappe fort chez lui, c'est qu'il ne fait aucun cas des charlatans. Il est du genre à renverser la table lorsque l'intérêt suprême de la nation est menacé. La pommade, Les tergiversations, ce ne sont pas ses trucs.

LARIO
| 25-07-2018 09:37
La TUNISIE a opté une démocratie basée sur le pluralisme des partis comme beaucoup d'autres nations emergentes , mais seulement pourquoi ne pas expérimenter celle où le pouvoir politique sera adapté à la réalité de notre tunisie et à son peuple selon les points de vue tant intellectuel,
qu'économique et social . Ce qu'il nous faut, c'est un président qui sera choisi par le peuple en deux tours, et une fois connu et élu, il devra automatiquement démissionner de son parti puisqu'il sera celui de tous lesTUNISIENS ET LES TUNISIENNES, il aura la responsabilité de désigner son chef du gouvernement qui remplit des conditions bien précises : - , intégrité, compétence surtout dans les domaines économique et social, ce dernier formera son gouvernement qui sera réduit au maximum en collaboration avec le président sans tenir compte de l 'appartenance partisane de n'importe quel ministre puisque tous ces gouvernants seront au service de notre chére TUNISIE. Quant au parlement, il sera constitué d'un nombre qui ne dépasse les 120 députés et qui remplissent certaines primordiales conditions ( compétence-intégrité- et transparence) et une fois élus ils seront considérés comme des représentants de tout le peuple TUNISIEN et non des partis et leur role est de controler l'application des programmes de chaque ministre et de mettre fin à sa mission par la majorité aprés évaluation de ses réalisations du programme proposé et de ses agendas CONVENUS et sans demander l'accord du chef du gouvernement ou de président et il sera remplacé dans les 15 JOURS au plus tard

anti rats
| 25-07-2018 08:58
en fait , je pense que les années du tartour Marzouki manquent beaucoup aux journalistes de BN
le tunisien aime bien se faire fouetter

Ali Baba au Rhum
| 25-07-2018 04:58
L' automne du patriarche... le peuple tunisien fait des choix, et ne les assume pas. Etant amnésique, il est condamné à revivre les pages les moins glorieuses de son histoire. De quoi se plaint il alors?