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Tribunes
Entre mauvaise foi et incompétence, il faut bien choisir !
18/10/2013 | 1
min
Entre mauvaise foi et incompétence, il faut bien choisir !
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Par Mustapha Mezghani*


Depuis l’arrivée du gouvernement de la Troïka islamiste, la Tunisie passe par des péripéties étranges malgré les sonnettes d’alarmes tirées par plus d’une personne.
Il est vrai que le gouvernement et ses représentants voient en les situations économique et sécuritaire actuelles des situations normalisées et stables alors que les observateurs, ici et là, jugent ces situations critiques voire incontrôlables. Là où le bât blesse, c’est que les observateurs ont anticipé cela depuis bien longtemps alors que le gouvernement se terre dans son autosatisfaction.


Situation sécuritaire:


Depuis début 2012, plusieurs alarmes ont été tirées par les uns et les autres, par les observateurs tunisiens et étrangers. Des notes d’informations et des alertes établies par des services secrets étrangers ont même été transmises au gouvernement tunisien par les voies officielles.

Cependant, toutes ces informations ont été démenties par les représentants, aussi bien de la Troïka que du gouvernement. Des démentis faits avec un air hautain emprunts de moquerie et de sarcasme de la part de leurs auteurs insinuant que ceux qui ont émis ces alarmes sont des ignorants voire des imbéciles qui n’ont rien compris, prétendant que tous ceux qui avaient vu des menaces en cela ne sont autres que de vils opposants voulant nuire à la Troïka et à son gouvernement. Tout le monde se souviendra de la fameuse intervention d’un porte-parole du ministère de l’intérieur prétendant que ce n’était que de simples citoyens qui faisaient du sport au Mont Chaambi. Quelques mois plus tard, ces « simples citoyens » se faisaient bombarder par les avions de l’armée pour avoir tendu une embuscade et égorgé des militaires.
Les messages parvenus de l’étranger et tirant une sonnette d’alarme ont été étouffés dans les tiroirs du ministère des Affaires Etrangères et n’ont pas été transmis à qui de droit pour prendre les mesures nécessaires et endiguer ces menaces à la source quand tout un chacun sait qu’un feu, pris à sa naissance, peut être éteint avec un simple verre d’eau alors que si on le laisse, il risque de ne pas pouvoir être endigué.
Pire que cela, il semblerait qu’il y ait eu une volonté manifeste d’entretenir et de nourrir ce feu afin qu’il se développe et devienne difficile à endiguer.

Les informations de la CIA parvenues directement au ministère de l’Intérieur n’ont, semble-t-il pas été prises au sérieux, comme cela a été le cas pour le martyr Mohamed Brahmi. Aucune mesure de sécurité n’a été prise et cela s’est terminé par un assassinat. Le pire dans tout ça, c’est, qu’aux dires de Taïeb Laguili, sur base de preuve remises au juge d’instruction, de hauts responsables ont cherché à étouffer l’affaire et à détruire toute trace de cette information au point que plusieurs médias ont annoncé que l’Ambassade des Etats-Unis a décidé, le cas échéant, d’informer directement dans le futur les personnes concernées.

Aujourd’hui, la Tunisie passe à une nouvelle phase. Après des assassinats isolés, nous devrions bientôt passer à des actes terroristes de masse et cela se confirme de plus en plus à travers la découverte de caches d’armes et d’unités de fabrication d’explosifs. Il est vrai que ces découvertes ont commencé depuis quelques temps, mais l’accélération des choses est de plus en plus étrange.
Cela a été couronné au cours des derniers jours par des attaques faites sur les membres de la garde nationale et l’armée, par des attaques de postes frontières et de postes de la garde nationale.

Au moment où les accusations d’infiltration des forces de sécurité se font de plus en plus fortes, il est nécessaire et indispensable de s’assurer que nos forces de sécurité sont effectivement républicaines et indépendantes de toute sensibilité politique, car, sans cela, nous risquons d’enregistrer de plus en plus de pertes, aussi bien du côté des gens d’uniforme que des civiles.

Situation économique:

Quant à la situation économique, il y a à boire et à manger.
Des alarmes ont été tirées très tôt, mais il n’y a pire sourd que celui qui ne veut entendre.
La Troïka et son gouvernement ont continué à ignorer ces alarmes tirées par les uns et les autres et, comme cela été le cas pour la situation sécuritaire, ils ne cessaient de traiter leurs auteurs d’opposant, de gens qui veulent mettre les bâtons dans les roues, de gens qui ne voulaient en aucun cas voir réussir ce gouvernement.

Pendant ce temps, la Troïka et son gouvernement avançaient dans leur politique de « stop & go » et de « tirer l’économie par la consommation » en alourdissant, d’une manière chronique les charges de l’Etat et plus particulièrement la masse salariale qui rien qu’en ce qui concerne les ministères (hors entreprises publiques,…) a augmenté de 47% entre 2012 et 2013 en raison des recrutements massifs de militants d’Ennahdha alors que cela n’était pas prévu dans le budget de l’Etat au point que le ministre des Finances a dit avoir été surpris de voir la masse salariale du ministère de la l’Education nationale augmenter, d’une manière imprévue, de 170 millions de dinars au cours de cette année.

Résultat des courses, la Tunisie, ce pays qui avait une économie relativement florissante et enviée par nombre de pays à travers le monde, ce pays cité maintes fois pour sa réussite économique, cette Tunisie ne peut plus, aujourd’hui, vivre sans endettement alors que plus aucun organisme international n’est disposé à lui accorder de prêt. Cette Tunisie qui a toujours honoré ses engagements risque de ne pouvoir y faire face au cours des prochains mois et demander un rééchelonnement des dettes.

Ces décisions sont quelque part compréhensibles car les endettements de la Tunisie en 2012 et 2013 ont principalement contribué à couvrir les frais de fonctionnement du gouvernement, y compris les salaires, et quasiment pas contribué à l’investissement. Or, un pays qui n’investit pas n’a pas d’avenir et ne pourra rembourser ses dettes.
Prêteriez-vous de l’argent à quelqu’un dont le revenu ne suffit même pas à faire face à ses dépenses quotidiennes ? Je ne le pense pas. Vous lui ferez l’aumône, peut-être, mais ne lui prêterez pas car vous saurez pertinemment qu’il ne pourra pas vous rembourser. Vous lui prêterez peut-être une fois, cependant, si cette personne ne prend pas son problème à bras le corps et n’essaye pas de lui apporter une solution radicale, vous ne lui prêterez plus. Cela est le cas de la Tunisie.

Je laisserai à chacun de choisir entre incompétence ou mauvaise foi, mais dans les deux cas de figure, le résultat est le même, il est tout simplement désastreux.
Dans les deux cas de figure, une seule solution s’impose : le départ de ce gouvernement islamiste de la Troïka.

*Citoyen tunisien acteur de la société civile
18/10/2013 | 1
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