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Ghariani à Nidaa Tounes : la rupture avec l'ancien régime est-elle remise en cause ?
09/10/2013 | 1
min
Ghariani à Nidaa Tounes : la rupture avec l'ancien régime est-elle remise en cause ?
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Par Abdelmajid Mselmi*

Ce n’est plus une rumeur, la nouvelle est confirmée : Mohamed Ghariani secrétaire général du RCD dissout, qui vient de quitter la prison, a officiellement adhéré à Nidaa Tounes.
C’était symbolique que l’adhésion de cette grande figure de l’ancien régime soit concomitante à celle de plusieurs cadres démissionnaires du parti Al Joumhouri, le parti qui a le plus combattu l’ancien régime et son parti le RCD. La cérémonie solennelle organisée à l’honneur de ces nouveaux adhérents peut être perçue comme une ressuscitation de l’ancien régime et un affaiblissement de l’un des partis qui l’ont le plus combattu. A Al Joumhouri, on n’est point surpris, on devient de plus en plus habitués à ces tirs amis.

M. Ghariani est une grande figure du régime dictatorial et corrompu de Ben Ali. Désigné secrétaire général du RCD depuis le congrès de 2003, il a occupé ce poste jusqu’à la révolution et a constitué une pièce maîtresse de l’ancien régime pendant les 10 dernières années qui ont précédé la révolution. Ces années étaient de véritables années de plomb pendant lesquelles la répression et la corruption ont atteint le maximum.
Le RCD n’était pas un parti politique au vrai sens du mot, il était en réalité une machine de mobilisation et de propagande en faveur de la dictature. Par ailleurs, on l’accusait de verser dans des pratiques policières contre les activistes politiques et syndicaux et contre les citoyens en général. Le RCD constituait avec l’appareil policier du ministère de l’Intérieur les principaux boucliers de l’ancien régime.

C’est pour cela que l’adhésion de cette figure notoire de la dictature au parti de Nidaa Tounes peut être interprétée comme une réconciliation avec l’ancien régime. Certains ironisent « les prochains adhérents seraient les 3 abadilas de Ben Ali « Ben Dhia, Kallel et Abdelwaheb Abdallah ».

La révolution tunisienne a constitué une rupture historique avec l’ancien régime dictatorial. Le mouvement démocratique tunisien avec ses deux principales composantes l’UPT et le Front populaire rassemblés dans le Front du Salut ne peut être réduit à un rassemblement anti-Ennahdha.
Ce mouvement est uni autour d’un projet de société basé sur les valeurs de la liberté, la démocratie, l’égalité entre l’homme et la femme, la justice sociale….un projet qui renoue avec le mouvement réformiste tunisien entamé par nos ancêtres depuis plus d’un siècle et demi. La rupture avec l’ancien régime constitue, elle aussi, un des fondements essentiels du mouvement démocratique dans l’ère de l’après révolution du 14 janvier.
Toutes les composantes du Front du Salut, qui regroupe l’essentiel des courants démocratiques, ont participé d’une manière ou d’une autre à la lutte contre la dictature de l’ancien régime et de son parti, le RCD.

L’adhésion de M. Ghariani à Nidaa Tounes peut être perçue comme une remise en cause de ce fondement essentiel qui soude la famille démocratique face à ses adversaires. Elle peut semer le doute dans ses rangs, miner cette alliance et diviser la famille démocratique.
En outre, elle pourrait réconforter ceux qui accusent le parti de Nidaa Tounes de recyclage du RCD et qui s’opposent, même dans les rangs de la famille démocratique, à toute alliance avec lui.
A l’approche des échéances électorales, la rupture avec l’ancien régime va constituer encore un critère de choix des électeurs (et non pas l’unique critère) comme c’était le cas lors des élections du 23 octobre. Les blessures de la dictature sont toujours fraîches et les Tunisiens n’oublieront pas rapidement. Une réconciliation avec les symboles de l’ancien régime pourrait être lourdement sanctionnée par les électeurs.

*Membre du bureau exécutif du parti Al Joumhouri
09/10/2013 | 1
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