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Tribunes
Le ministre de la Santé ne fait pas la différence entre dépistage et diagnostic des maladies
28/09/2013 | 1
min
Le ministre de la Santé ne fait pas la différence entre dépistage et diagnostic des maladies
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Par Dr Abdelmajid Mselmi*

Le jeudi 26 septembre 2013, le docteur Nabil ben Salah, directeur général de la Santé publique et le docteur Sami Souihli, secrétaire général du Syndicat national des médecins et des pharmaciens étaient sur les plateaux de Nessma Tv pour débattre de la situation épidémiologique en Tunisie, suite à la découverte de cas d’hépatite C chez des agents de l’institut de carcinologie Salah Azaïez.

Le journaliste Zied El Héni a montré une circulaire émanant du ministère de la Santé publique qui interdit aux établissements publics et privés de réaliser des campagnes de dépistage de l’hépatite. El Héni, appuyé par son collègue Sofiène Ben Hamida, a fortement critiqué cette circulaire, l’a considéré comme une mise en danger de la santé du citoyen et a demandé des explications aux représentants du ministère. Déstabilisé par le brillant journaliste, Nabil ben Salah s’est rapidement rétracté, il a déclaré qu’il n’est pas au courant et a exprimé son désaccord avec cette circulaire…

C’est à ce moment-là que le ministre de la Santé publique Mr Abdellatif Mekki est intervenu, en direct sur la chaîne, pour porter secours à son directeur général…mais c’était peine perdue.
En effet le ministre était hors sujet et a expliqué cette interdiction par la non fiabilité des tests des laboratoires privés et leur démarche lucrative. Et lorsque le journaliste lui a répliqué « pourquoi alors l’interdire au secteur public ? » il n’a pas su répondre.

En fait, ce qu’il a fallu expliquer aux spectateurs, c’est qu’il faut distinguer deux démarches différentes dans la pratique médicale : la démarche diagnostique et la démarche de dépistage. Dans la démarche diagnostique, le patient a des symptômes, il consulte de son propre gré et c’est le médecin qui utilise tous les moyens à sa disposition pour aboutir au diagnostic et entamer le traitement.

En revanche la démarche de dépistage  concerne une population de sujets sains qui n’ont pas de symptômes chez lesquels on applique un ensemble d’examens pour détecter des maladies au stade de début afin de les traiter de manière précoce et augmenter leurs chances de guérison. Ce dépistage concerne les cancers, les maladies cardiovasculaires, les maladies héréditaires….

C’est pour cela que la circulaire du ministère de la Santé publique (élaboré par des experts en épidémiologie) qui interdit le dépistage de l’hépatite de façon anarchique est pertinente et juste. Car pour ce genre de campagne de dépistage il faut établir un plan national, sélectionner les populations cibles (pourquoi Kasserine et non pas Gafsa, par exemple) les hommes ou les femmes, les tranches d’âges les patients à risque etc.

Il faut aussi veiller au respect de l’éthique médicale (car certains citoyens peuvent refuser de subir les tests), établir des critères standardisés pour le diagnostic (et non pas laisser à chacun le choix de faire à sa guise).
En somme c’est un programme national qui doit être établi après réflexion, et légiféré par décret ou loi et qui nécessite beaucoup de moyens humains et financiers dans le cadre de sa réalisation.

Moralité de l’histoire : le ministre n’a pas compris la circulaire élaborée par les experts de son propre ministère. Pas étonnant donc qu’il ait échoué à le faire comprendre aux citoyens !

*Docteur Abdelmajid Mselmi, chirurgien, maître de conférences agrégé.
Membre du bureau exécutif du parti Al Joumhouri
28/09/2013 | 1
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