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Tribunes
Mourad Sakli répond aux questions et aux accusations qui lui ont été adressées
13/09/2013 | 1
min
Mourad Sakli répond aux questions et aux accusations qui lui ont été adressées
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Par Mourad SAKLI

Cette tribune est une réponse à Nabil Ben Abdallah, acteur de la scène culturelle, qui, dans une tribune datée du 10 septembre, a interrogé Mourad Sakli, directeur du festival de Carthage, au sujet de différents points relatifs à la 49 ème édition qu’il a dirigée.

Monsieur Nabil Ben Abdallah,

Je vous remercie infiniment pour cette réflexion publiée sur Business News et pour ces interrogations suscitées par la 49ème édition du Festival International de Carthage que j’ai eu l’honneur de diriger. J’ai souligné à plusieurs reprises que ce festival devait constituer l’affaire de tous. Vous me confortez ici dans cette opinion. Je vous en remercie vivement.
Votre texte comprend un grand nombre de fausses «affirmations» me concernant et de questions qui me sont directement posées. Je vais tenter d’y apporter quelques éclaircissements ou réponses.

1. Je ne tente point de «poursuivre une carrière de directeur de Festival et de négociateur de contrats d’artistes ». Beaucoup de personnes savent que j’ai même refusé la direction de ce même festival l’année dernière. Mais je ne suis pas contre cela non plus. Ma carrière professionnelle m’a permis jusque-là de vivre certaines expériences de ce type, je sens que je peux le faire, ce sont des expériences intéressantes et exaltantes même pour un compositeur et surtout pour un musicologue, mais je ne me vois pas poursuivre toute une carrière dans cette voie. D’ailleurs, beaucoup de musicologues s’occupent de la programmation de festivals ou de centres culturels importants dans le monde. Une question cependant. En quoi cela peut-il être si intéressant pour vos lecteurs ou pour le public ? Mon plan de carrière est-il important que cela à vos yeux ?

2. Je respecte votre opinion concernant la programmation artistique de cette édition. Nous ne pouvons tous être du même avis sur ce point.

3. Vous affirmez que cette édition a bénéficié de moyens exceptionnels. Peut-être, mais essentiellement grâce aux recettes propres du festival en rapport avec la billetterie, le sponsoring et le partenariat. La subvention du ministère de la culture est restée dans les mêmes proportions qu’en 2012. Donc nous n’avons point dilapidé l’argent public.

4. Contrairement à ce que vous dites, j’ai établi aussi un bilan financier dans les médias (Jawhara Fm et Mosaique Fm par exemple). Pour ce qui est de la TAP, j’ai répondu aux questions qui m’ont été posées. Je saisis quand-même cette occasion pour rappeler que le bilan financier de cette édition est équilibré. Plus de recettes, oui, mais aussi plus de dépenses dans la programmation et l’infrastructure. Comme vous l’avez souligné, ce festival est étatique. Il travaille à but non lucratif.

5. Le festival a fonctionné dans le strict respect des lois en vigueur en Tunisie. Toutes les formalités administratives ont été scrupuleusement respectées.

6. Le montant que vous avez avancé pour les deux artistes internationales n’engage que vous. Apparemment, nous n’avons pas le même carnet d’adresses en ce qui concerne les intermédiaires !

7. Vous évoquez la banque centrale et les moments difficiles que traverse la Tunisie. Je suis tout à fait d’accord. Mais pour votre gouverne, plus de mille touristes ont pris des billets pour le festival de Carthage cette année (billets achetés en ligne et réservés avec des noms non tunisiens, essentiellement pour les concerts de Paco de Lucia et de Jean Michel Jarre). Donc plus de mille voyages vers notre pays suscités par le festival.

8. Pour répondre à votre question directe, je suis le directeur de la 49ème édition uniquement. Mais mon contrat stipule noir sur blanc que j’ai le droit de contracter cinq artistes majeurs en vue de la 50ème édition prévue pour 2014. En tant qu’acteur de la scène culturelle, vous devriez savoir que pour programmer des artistes aussi prestigieux et négocier au mieux leurs contrats, il est indispensable de s’y prendre très tôt. Sinon, vous restez à la merci du facteur chance. Tous les grands festivals programment longtemps à l’avance, même avec des changements au niveau des directions artistiques.

9. Vous avez raison de dire que cela ne me ressemble pas de vouloir mettre tout le monde devant le fait accompli. D’ailleurs, le ministère de la Culture n’a pas encore pris de décision concernant la direction de la prochaine direction du festival en 2014. D’autre part, même si on me le proposait, je n’accepterais la direction que si ma vision de la 50 ème édition serait partagée par le ministère de tutelle. Il n’est donc pas du tout sûr que je sois de nouveau à la direction du festival l’année prochaine.

10. Dans tous les pays du monde, il y a des festivals –ou des institutions culturelles- qui constituent historiquement des sortes de porte-drapeaux de ces pays, et d’autres qui le deviennent. Vous ne pouvez point reprocher à l’État de soutenir le Festival International de Carthage plus que les autres. L’histoire a fait ce festival et ce festival a fait l’histoire. En France, plus de 50 % du budget de l’Opéra Garnier est toujours supporté par l’État. Mais regardez ce que cela rapporte à Paris et à la France ! Le Festival de Tabarka aussi, j’en conviens, mais soyons tout de même objectifs dans nos jugements. Cependant, il n’y a pas de fleurons de la culture. Toutes les manifestations devraient avoir leurs particularités et leur importance. D’autre part, je pense sincèrement que la réussite d’un festival tunisien et son rayonnement dans le monde pourrait faciliter la tâche à toutes les autres manifestations publiques ou privées. Avec un reportage de 12 mn sur Fox News concernant le Festival International de Carthage suite à la venue de One Republic cette année, je crois que faire venir des artistes sera un peu plus facile pour tout le monde.

11. Comme vous, je ne suis pas non plus d’accord pour que l’État ait une mainmise sur les festivals. Et d’ailleurs, rien ne prouve que le projet de création de l’Agence dont vous parlez ait été pensé dans ce sens (pour cela, adressez-vous au Ministère de la Culture que je ne représente pas). Mais seriez-vous d’accord avec moi pour blâmer le comportement de quelques intermédiaires qui facturent certains artistes à l’État 3 à 4 fois le prix ? C’est la seule question que je vous pose moi, car cela, c’est aussi de l’argent public !

12. Vous dites que le Festival International de Carthage a fait cette année de la simple « animation », sans aucune portée culturelle. Je ne partage pas votre opinion, mais je la respecte.

13. Enfin, je tiens sincèrement à vous renouveler mes remerciements d’avoir pris de votre temps pour rédiger vos réflexions concernant cette édition du Festival International de Carthage que j’ai eu l’honneur de diriger. J’ose espérer que ce festival continuera à constituer l’affaire de tous, et que chacun puisse y trouver sa place, à condition que certains puissent se détacher de leur vision exagérément égoïste des choses.

Encore Merci Mr Nabil Ben Abdallah,


13/09/2013 | 1
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