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Tribunes
Diversifier l'offre de titres, gage de confiance aux investisseurs
04/09/2013 | 1
min
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Par Mourad Ben Chaabane*

La situation critique par laquelle passe le marché boursier est le résultat des perturbations que connait le pays. Sur la Bourse, la moyenne des capitaux traités par jour, jusqu’en août 2013, a baissé à 5.73 MD (un volume ramené à ce niveau suite à un faible niveau d’échange moyen réalisé en juillet de 3.2 MD et en août de2.2 MD) contre un volume moyen de 8.29 MDT en 2012 et de 10.7 MD En 2010.

L’indice boursier Tunindex a affiché une baisse de 12.2% depuis août 2012 et ce, malgré l’enrichissement de la cote, en 2013, de sept nouvelles introductions : quatre opérations sur le marché alternatif (Land’Or, AeTech, New Body Line et Syphax Airlines) et trois sur le marché principal (Euro-Cycle, One tech Holding et Hannibal Lease). Il y a eu aussi cinq opérations d’augmentation de capital au profit de deux sociétés sur le marché alternatif : AMS et Carthage Cement, et trois sociétés sur le marché principal Electrostar, Amen Bank et Tunisie Leasing. La capitalisation boursière a augmenté, par conséquent, de 800 millions de dinars.

Parallèlement aux nouvelles opérations, nous pouvons constater que, selon le rapport de la bourse relatif au premier semestre 2013, les sociétés cotées ont affiché des chiffres très satisfaisants comparés à ceux de la même période de 2012. En effet, le Produit Net Bancaire des 11 banques cotées a progressé de 12.4% sur le premier semestre 2013, le Revenu Net de Leasing des 7 sociétés cotées a augmenté de 8.39%, le revenu global des sociétés d’investissement a augmenté de 46%, le secteur de la santé a réalisé la meilleure performance avec une croissance de ses revenus de 19.2% et le revenu du secteur des biens et services industriels s’est renforcé de 15.2%.

Ce dynamisme et ces progressions sous-entendent que ce que nous vivons sur la bourse n’est que conjoncturel en lien direct avec la situation difficile par laquelle nous passons puisque les données fondamentales sont prometteuses et en croissance dépassant même ce qui a été réalisé en 2010.

Toutefois, sachant que le secteur financier (banques et leasing) représente, à lui seul, 45% de la capitalisation totale du marché, une contre-performance boursière de ce secteur se répercute directement sur tous les indicateurs de la bourse de Tunis. De ce fait, avec cette prépondérance et ce poids, la chute du secteur financier représente l’une des causes principales de la baisse du marché, puisque, à lui seul, l’indice bancaire a dévissé de près de 11% sur la période août 2012 et août 2013 : une baisse due essentiellement au manque de confiance des petits porteurs en ce secteur suite à la dégradation de la note souveraine causée par la situation politique et économique délicate du pays et qui a entrainé une révision à la baisse de celles des banques publiques affectées, en même temps, par des résultats financiers, sur les trois derniers exercices, pas très satisfaisants, comparés au secteur bancaire privé :

 

PNB (en MDT)

Résultat Net (en MDT)après mod. Com

Banques Publiques

2010

2011

2012

2010

2011

2012

STB

242,84

221,36

ND

14,8

-105,9

ND

BNA

261,6

259,1

293,6

43,8

35,97

43,2

BH

194,6

188,2

199,6

30,22

18,8

18,6

Banques privées

 

 

 

 

 

 

BIAT

303,9

339,1

381,7

47,5

48,2

94,7

Amen Bank

170,3

171,0

201,5

61,4

64,51

58,5



Le même fait a touché le secteur du leasing dont l’indice a chuté de 8.3% entre août 2012 et août 2013. Malgré une quasi-stabilité de ses revenus, ce secteur est frappé par le manque de visibilité à court terme :

 

PNL (en MDT)

Résultat Net (en MDT)

 

2010

2011

2012

2010

2011

2012

TL

23,3

24,14

28,3

10,2

7,3

11,5

CIL

16,3

17,1

18,2

10,4

8,2

9,1

ATL

17,6

16,2

17,9

7,5

3,5

4,6


De là, on revient à l’idée de rééquilibrer la représentation et le poids des autres secteurs au niveau de la cote.
Au cours de l’année 2013, la place a bougé dans ce sens avec les opérations qui ont été déjà faites et d’autres prévues d’ici la fin de l’année. Ce record d’IPO programmé pour 2013 vient couronner les efforts déployés par les professionnels de la bourse, depuis des années, afin de ramener du nouveau papier. Ainsi, on ne peut que saluer et encourager un engouement et un challenge venant contrecarrer une situation délicate et compromettante.

L’enjeu actuel est de préparer les mécanismes nécessaires permettant de renouer avec les investisseurs étrangers et d’attirer de nouveaux investisseurs locaux. Le meilleur moyen, à mon sens, serait de réussir les grandes opérations d’IPO relatives aux fleurons de l’économie tunisienne sur le Marché Principal de la Bourse de Tunis pour cette année. Avec des capitalisations importantes, ces IPO répondront aux besoins des pourvoyeurs de fonds qui, à la recherche d'une meilleure diversification, découvriront des sociétés performantes financièrement et avec des tailles correspondant à leurs attentes. Toutefois, afin d’assurer le bon déroulement de ces IPO, surtout auprès des investisseurs étrangers, nous devons bien préparer le cadre propice qui leur redonnera confiance en notre marché. A cet effet, je me permets de proposer la revue, entre autre, de la période de lock-up qui fait fuir les gros investisseurs étrangers et locaux qui se sentent « piégés » à travers une mesure instaurée initialement pour faire face aux tendances spéculatives. Or, c’est à l’intermédiaire introducteur de porter son propre jugement sur la qualité de ses investisseurs surtout que, dans un environnement caractérisé par le manque total de visibilité, les fonds étrangers repoussent tout blocage jugeant que le cadre juridique déjà mis en place pénalise toute opération de spéculation avec une taxation de 30% des plus-values réalisées sur une période de placement inférieure à une année.

Pour sortir de ce climat, et marquer l’histoire de la bourse, le seul enjeu réside dans les grandes opérations qui triompheront de la conjoncture délicate, ce qui nous permettra de distinguer réellement «l’Avant et l’Après». Cette consécration, dans l’environnement actuel, encouragera et facilitera l’ouverture d’autres sociétés, acteurs majeurs de l’économie, encore réticents à venir sur la Bourse. Il ne faut pas oublier que, comme expliqué plus haut, la Bourse de Tunis n'est toujours pas représentative des secteurs d'activité les plus significatifs de l'économie tunisienne. Aussi, l'accroissement de l'offre de titres améliore l'efficience du marché et attire plus d'investisseurs à la recherche de diversification. Et si la conjoncture actuelle a été à l'origine de la morosité du marché malgré les performances enregistrées, elle a le mérite de placer les chefs d'entreprises dans un contexte qui les pousse vers le marché, d'où le nombre important d'IPO cette année.

Par ailleurs, et afin de nous assurer de la réussite des introductions sur les deux marchés, je joins les avis qui recommandent de faire la distinction formelle entre le marché principal de la bourse de Tunis et le marché alternatif qui, par définition, présente un risque plus élevé visant, ainsi, des investisseurs institutionnels initiés. Cette distinction servira à dynamiser ce dernier à travers la création de véhicules spécifiques qui lui seront dédiés et qui en assumeront le risque en contre partie d’autres avantages (à l’instar des SICARs auxquelles on peut donner un avantage fiscal à hauteur de 50%). Sans cela, et afin de préserver les intérêts des petits porteurs, une vigilance par rapport à ce marché est fortement conseillée.

La recommandation de la séparation entre ces deux marchés permettra aussi de mettre en valeur les sociétés phares de notre économie, qui ont affiché des performances notables malgré une situation des plus moroses. Le revenu global des sociétés cotées s’est hissé de 8.3% au cours du premier semestre 2013 par rapport à la même période de 2012, grâce notamment à la persévérance de nos hommes d’affaires.
Encore une fois, la bourse de Tunis a besoin, en ces temps difficiles, de la confiance de ces opérateurs qui doivent rassurer les différents intervenants quant à une reprise imminente et déterminante. Une confiance à travers des défis à la hauteur de nos ambitions ce qui nous permettra de prouver que le marché boursier est le meilleur miroir à travers lequel nous pouvons refléter au monde entier la relance de notre économie.

*Mourad Ben Chaabane, intermédiaire en bourse, directeur de MAC SA

04/09/2013 | 1
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