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Adnène M'nasser critique sévèrement le gouvernement sur fond de : « ce n'est pas moi, c'est l'autre »
22/05/2012 | 1
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Adnène M'nasser critique sévèrement le gouvernement sur fond de : « ce n'est pas moi, c'est l'autre »
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La libération de Kaïs Ben Ali, neveu de l’ancien président, a suscité la colère de plusieurs personnes dans les rangs des militants et proches du CPR.
Selon eux, Kaïs Ben Ali n’est qu’un criminel qu’il faut garder en prison et si son dossier juridique est vide, c’est que l’on n’a pas réuni les pièces et les preuves nécessaires pour l’impliquer.
La colère des militants et sympathisants du CPR s’est transformée carrément en insultes à l’encontre des dirigeants du parti au pouvoir qui auraient, selon eux, tourné le dos à leurs promesses et engagements.

Adnène M’nasser, porte-parole du président de la République, n’est pas resté insensible aux critiques des siens et a publié un article en langue arabe sur le site Nawaat, intitulé « Pour que le gouvernement ne creuse pas sa tombe et la tombe de la Révolution ».
Dans cet article, M. M’nasser constate que les « criminels » de l’ancien régime ont été libérés, sans surprise, et ont pu échapper même aux accusations de droit commun.
« La catastrophe, dit-il, c’est que quelques uns parmi ceux au pouvoir estiment que de tels verdicts prouvent que la justice est indépendante et montrent qu’il n’y a aucune ingérence dans le système judiciaire ».
Le porte-parole estime qu’il n’y a pas plus « idiot » que cette vision parce qu’elle résume une situation complexe dans une opération technique qui ne sert ni la justice, ni les justiciables. « Cette vision technique de l’indépendance de la Justice, déclare M. M’nasser, ne prend pas en considération la révolution et ses objectifs et que le succès de cette révolution est intimement lié à l’exclusion totale des criminels de l’ancien régime de la vie publique, même si cela mène à une certaine injustice ! »
D’après M. M’nasser, les objectifs de la révolution sont prioritaires par rapport à la justice.
« Le problème est que certains estiment avoir atteint les objectifs de la révolution en passant de l’opposition au pouvoir, mais ils oublient que ceux qui sont allés voter voulaient couper totalement avec l’ancien système. Sous le sceau de la transition démocratique, l’ancien système est en train de s’infiltrer petit à petit dans la vie active, content que le gouvernement préfère la justice de l’appareil judiciaire cassé à la véritable justice voulue par tout le monde. »
Pour M. M’nasser, dans les révolutions qui se respectent et dans les gouvernements qui respectent les révolutions de leur peuple, ce n’est pas ainsi que l’on classe les priorités.
Plus loin, il indiquera que tout le monde semble avoir compris cela, sauf le gouvernement.

L’article de M. M’nasser suscite plusieurs interrogations et la première d’entre elles, sur les relations de la présidence de la République avec son partenaire. Y a-t-il une grave crise entre les deux parties au point que le porte-parole de la présidence oublie son devoir de réserve et s’exprime aussi violemment sur une tribune publique, d’autant plus qu’il n’indique nullement si c’est son point de vue personnel, de militant CPR ou de porte-parole ? Et l’on s’interroge si le président de la République est au courant ou non d’une telle publication.
On s’interroge également si c’est normal qu’un représentant de la plus haute instance de l’Etat puisse qualifier de « criminels » des personnes contre qui il n’a pas de preuves ? Qu’il juge sur la base de rumeurs et de mauvaise réputation ? Est-ce normal qu’il accepte qu’il y ait une injustice, après une révolution ?

Le hic, dans tout cela, est que Adnène M’nasser perd toute sa crédibilité quand on sait qu’il est lui-même entouré, au palais de Carthage, par certaines figures de l’ancien régime.
Il perd également toute sa crédibilité quand on sait que le timing de sa publication coïncide avec la colère des siens et donne l’apparence de quelqu’un qui ne veut pas assumer ses responsabilités en disant : « ce n’est pas moi, c’est l’autre ».
Enfin, il perd sa crédibilité quand on sait que la réponse pour un homme d’Etat, dans de telles circonstances, est dans la démission. Ceci aura signifié que l’on refuse de cautionner une politique et que l’on n’a rien pu changer de l’intérieur.
Or M. M’nasser tient à garder son confortable poste à la présidence sans assumer les dénigrements et les critiques sincères de ses sympathisants. Le beurre et l’argent du beurre, en somme.

Invité hier sur Hannibal TV, Noureddine Bhiri, ministre de la Justice, a répondu à toutes les accusations relatives à la libération de Kaïs Ben Ali en rappelant les conventions internationales signées par la Tunisie, relatives à l’indépendance de la justice. Il attire l’attention que la non-ingérence du gouvernement a permis une victoire inédite au Canada dans l’affaire de Belhassen Trabelsi où la juge a estimé qu’il ne craint rien s’il rentre en Tunisie puisque la justice y est indépendante. Sans parler du signal positif que l’on donnera à tous les partenaires internationaux (politiques et économiques) en offrant à la justice toute l’indépendance qu’elle se doit d’avoir.
Sans aucun doute, Adnène M’nasser ne cherche pas à faciliter le refuge des fuyards à l’étranger, mais sans aucun doute aussi, M. M’nasser a une vision à très court terme de la justice et des obligations d’un Etat à l’encontre de ses citoyens, y compris les plus corrompus d’entre eux.

N.B.
22/05/2012 | 1
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