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Le peuple ne veut pas de vos élections !
01/08/2011 | 1
min
Le peuple ne veut pas de vos élections !
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Par Nizar BAHLOUL

Ils étaient quelques centaines, peut-être quelques milliers. Mais loin d’être des dizaines de milliers. Mais oh combien ils étaient bruyants ces dizaines de milliers qui se disaient représentants du peuple et protecteurs de la révolution. Tellement bruyants qu’ils ont réussi à faire croire au peuple, et à la planète, qu’ils étaient une majorité. Et en tant que tels, ils ont imposé l’idée de la Constituante.
Une idée qui a fait son bonhomme de chemin sans que personne ne trouve à redire puisqu’on a dit aux Tunisiens « c’est le peuple qui veut la Constituante ». Par inculture politique manifeste, les Tunisiens ont estimé que le peuple ce n’est pas eux, mais les autres. Ces autres représentés par les quelques dizaines de milliers bruyants de la Kasbah 2.

Quatre mois plus tard, il s’avère que le « peuple » n’est pas le peuple. Le peuple, le vrai, le silencieux, le travailleur, s’est encore une fois manifesté … par son silence.
Le peuple, le vrai, le silencieux, le travailleur s’est abstenu d’aller s’inscrire aux listes pour élire les membres de la constituante. Un million à peine s’est donné la peine d’aller s’inscrire à la mairie du coin, malgré l’excellente et fort coûteuse campagne publicitaire et médiatique opérée par l’Instance supérieure indépendante pour les élections (ISIE).
Malgré la mobilisation du « plus grand parti » de Tunisie, qu’est Ennahdha, dont les militants distribuaient les flyers devant les mosquées pour inciter les citoyens à aller s’inscrire.
Malgré la mobilisation de tous les autres partis, aussi populaires et impopulaires soient-ils.
Cela donne une idée concrète sur le poids réel des partis, à commencer par le plus grand, dans le paysage politique tunisien. Ils ont beau être une centaine, ils n’ont pas réussi à convaincre 10% de la population. Y compris les disciplinés militants et sympathisants d’Ennahdha que les sondages donnaient pour représenter 30% de la population.

Entre le million qui s’est inscrit et les 7 millions qui devaient s’inscrire, on sait désormais de quel côté est le peuple.
Par son silence et son abstention, le peuple a crié haut et fort : « on ne veut pas de vos élections ». L’échec est cuisant et les interrogations sont multiples. Car il est inimaginable qu’un peuple qui a fait une révolution ne veuille pas d’élections démocratiques.
Et si la revendication réelle de ce peuple consiste à dire « on ne veut pas de Constituante, on veut une présidentielle et des législatives ». Après tout, et avec du recul, on ne lui a pas demandé son avis à ce peuple avant de planifier cette constituante.
Et la désastreuse image reflétée par les membres de l’Instance Ben Achour donne une idée sur ce que va être, demain, la Constituante. Et ça, le peuple n’en veut pas.

Cette claque des inscriptions, donnée par le vrai peuple, incite à la réaction de ceux qui se sont positionnés en « autorités compétentes ». Les Mbazâa, Caïed Essebsi, Ben Achour et Jendoubi ont le devoir historique de méditer sur les réelles attentes de la majorité silencieuse véritable. Cette majorité qui s’est abstenue d’aller s’inscrire.
Ils ont toujours écouté les Rached Ghannouchi, Nejib Chebbi, Ahmed Ibrahim, Mustapha Ben Jaâfar, Hamma Hammami et Abdessalem Jerad. Mais ils ne pèsent rien finalement, preuve à l’appui. Ce n’est pas eux qu’il fallait écouter.
C’est la majorité qui pèse, cette majorité a dit son mot et cette majorité doit être maintenant écoutée. Par son silence criard, la majorité demande à être écoutée.
Et pour qu’elle soit écoutée, il n’y a pas 36.000 manières, mais une seule et unique : le référendum.

Que la date du 24 octobre soit celle de la tenue d’un référendum durant lequel on demande au peuple, au vrai, ce qu’il veut réellement. Une constituante ou des élections présidentielles et législatives après toilettage de la constitution de 1959.
Si le peuple veut une Constituante, on pourra organiser l’élection une semaine après (soit le 31 octobre). Cette même constituante n’en aura que davantage de légitimité.
Si le peuple veut des élections présidentielle et législatives, qu’on se donne six semaines supplémentaires (le 14 janvier par exemple) pour les organiser et laisser le temps aux partis de s’y préparer.
Aucun d’eux ne pourra dire non face à la volonté du vrai peuple, une volonté manifestée par un bulletin de vote dans un isoloir et non par le bruit à la Kasbah.
Et qu’on ne dise pas qu’il est trop tard maintenant ou que la machine est déjà lancée, car il n’est jamais trop tard pour bien faire. Et écouter le vrai peuple, c'est-à-dire les 10 millions de citoyens, c’est la meilleure chose à faire. En tout cas, c’est mieux que d’écouter ceux qui défilent dans les médias et manifestent à la Kasbah.

Un dernier point, tout le monde a remarqué que les partis parlent de programmes économiques, sociaux, politiques, etc. Mais rares, pour ne pas dire personne, sont ceux qui nous ont parlé de leur programme pour la constituante et ce qu’ils prévoient comme modèle de constitution pour la 2ème République. En clair, eux-mêmes sont intéressés davantage par la présidentielle que par la constituante.
01/08/2011 | 1
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